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Métropole de Rouen. L'éclairage public n'illumine plus toutes les nuits

Politique. Depuis cet été, plusieurs communes de la Métropole de Rouen ont décidé d'éteindre l'éclairage public la nuit, notamment pour préserver la biodiversité. La décision ne plaît pas à tous les habitants.

Métropole de Rouen. L'éclairage public n'illumine plus toutes les nuits
Les lampadaires s'éteignent désormais en pleine nuit, entre 1 heure et 5 heures du matin dans de nombreuses communes de la Métropole de Rouen.

Passé une heure du matin, c'est une grande partie de la Métropole de Rouen qui se plonge dans le noir. Les lampadaires s'éteignent au cœur de la nuit pour préserver l'environnement. À Rouen, l'expérimentation a d'ailleurs débuté en 2019, dans le quartier du Jardin des plantes. "Elle a été un succès", indique la municipalité décidant de son extension sur une grande partie de la rive droite, en dehors des boulevards, depuis le mois d'août. "Son extension la nuit permet tout à la fois de préserver l'environnement, en réduisant les nuisances lumineuses pour les riverains, la faune, la flore et de diminuer la facture énergétique", défend la Ville.

"Il faut protéger toutes les petites bêtes qui vivent en ville"

Même motivation dans la commune voisine de la rive gauche, Petit-Quevilly, qui souhaite "protéger toutes les petites bêtes qui vivent en ville et qui sont perturbées par l'éclairage public", explique la maire, Charlotte Goujon. En expérimentation depuis deux ans, l'extinction de l'éclairage public touche de nouveaux secteurs depuis la mi-octobre et sera étendue à une grande partie de la commune d'ici le 10 novembre. Là aussi, c'est le créneau 1h-5h du matin qui a été retenu pour l'extinction. "Nous verrons dans le temps si nous n'élargissons pas cette extinction, peut-être dès minuit", poursuit Charlotte Goujon.

Des économies pour les municipalités

Pour les communes, il s'agit aussi de réaliser des économies. 100 000 euros estimés par la Ville de Rouen. "Ces économies peuvent être réalisées ailleurs, sur des opérations de communication comme Rouen capitale du monde d'après", dénonce Marine Caron, conseillère municipale d'opposition du groupe Au cœur de Rouen. Lors du dernier conseil municipal, elle a porté une motion pour revenir sur cette extension de l'extinction de l'éclairage public, proposant notamment "des alternatives pour aller vers un meilleur respect de l'environnement tout en assurant la sécurité des habitants". Car c'est là où les inquiétudes se font entendre. Si les municipalités mettent en avant "une activité humaine [...] très réduite" dans ces heures nocturnes, les citoyens concernés ne se sentent plus rassurés dans les rues non éclairées (lire ci-dessous).

Mais il est difficile de savoir si ce sentiment se retranscrit dans les chiffres de la délinquance. L'expérimentation menée dans le quartier du Jardin des plantes "a démontré n'avoir aucun effet négatif sur la sécurité des biens et des personnes", affirme de son côté la Ville de Rouen. Interrogé à l'Assemblée nationale en octobre 2018 sur ces expérimentations multiples en France, le ministre de l'Intérieur affirme : "Aucun bilan sécuritaire n'existe en matière d'essais d'extinction de l'éclairage nocturne. Comme la vidéoprotection notamment, il est délicat d'établir une corrélation précise entre des décisions locales d'extinction de l'éclairage public et une évolution du nombre d'actes de délinquance."

"La nuit noire, sans repères visibles, cela crée un sentiment d'insécurité plus fort"

Rouen. "La nuit noire, sans repères visibles, cela crée un sentiment d'insécurité plus fort"
Anne-Claire Auzou est psychologue clinicienne à Rouen, dans le quartier du jardin de l'hôtel de ville.

Alors que l'extinction de l'éclairage public dans de nombreuses communes de l'agglomération rouennaise suscite des inquiétudes, entretien avec une psychologue rouennaise, Anne-Claire Auzou.

Anne-Claire Auzou est psychologue clinicienne à Rouen, dans le quartier du jardin de l'hôtel de ville.

Pourquoi la nuit noire inquiète-t-elle
parfois des habitants ?

"Cela génère un sentiment d'insécurité, du fait de ne pas voir les alentours, car il n'est pas possible d'anticiper d'éventuels dangers. Cette peur est légitime car la question des violences est très présente dans la société. Mais, s'il est naturel d'anticiper les dangers qui peuvent survenir, il faut aussi relativiser et se rassurer sur le peu de faits qui surviennent."

Comment gérer cette peur que ressentent certains ?

"Nos émotions disent quelque chose de nous. Il faut les prendre en considération et se dire que l'on a le droit d'avoir peur. D'autant que la nuit génère déjà plus d'angoisse chez certains du fait de se retrouver seul, isolé. Pour certains, cette peur peut aller jusqu'à devenir invalidante, et ce sont dans des cas comme cela qu'il faut venir nous voir."

Quels sont les conseils que vous pouvez donner pour affronter ces craintes ?

"Je dis souvent à mes patients que chacun d'entre nous a, en soi, les solutions dont il a besoin. Moi, les conseils de bon sens que je peux donner, c'est par exemple d'avoir quelqu'un au téléphone si cela rassure, d'avoir ses clés en mains ou une lampe de poche. Pour se rassurer, il est aussi possible de se concentrer sur une lumière allumée au loin ou un arrêt de bus éclairé."

Détecteurs de présence, puissance réduite... Des alternatives existent

Rouen. Détecteurs de présence, puissance réduite... Des alternatives existent
Des nouvelles technologies permettent d'allumer, par exemple, les lampadaires à la demande des habitants d'un quartier.

Alors que de nombreuses municipalités décident d'éteindre l'éclairage public au cœur de la nuit, certaines voix prônent des mesures permettant de continuer à assurer un sentiment de sécurité tout en diminuant la lumière.

"Nous avons été dans une opposition constructive, avec plusieurs propositions, toutes rejetées." Conseillère municipale d'opposition, à la tête du groupe Au cœur de Rouen, Marine Caron a proposé, lors du conseil municipal du 7 octobre, de "baisser l'intensité des lampadaires, d'allumer un lampadaire sur trois ou d'installer des détecteurs de présence". Les solutions alternatives existent, mais "nécessitent des investissements", poursuit-elle.

Des lampadaires connectés

L'élue indique par ailleurs qu'une baisse de l'intensité des lampadaires (mesure appliquée à Lyon par exemple) pourrait se pratiquer dans l'ensemble de la ville, "y compris dans l'hypercentre, où certains habitants apprécieraient un éclairage moins fort la nuit". Marine Caron a également lancé une pétition, "Rallumez la lumière", qui recueille 650 signatures (chiffre à la fin octobre).

Voyant le débat suscité à Rouen, certains entrepreneurs normands ont proposé leurs solutions. Comme l'application J'allume ma rue, développée à Pont-de-l'Arche par un Eurois, permettant d'allumer les lampadaires d'un quartier selon les besoins de chaque habitant. "Ce sont des solutions qui existent. Nous avons commencé à regarder ce qui est proposé avec les applications, mais ce n'est pas encore suffisamment abouti pour que l'on se lance là-dedans", pointe Charlotte Goujon, la maire de Petit-Quevilly.

Un sentiment d'insécurité exacerbé

Extinction de l'éclairage public. Un sentiment d'insécurité exacerbé
Seuls les phares des voitures et quelques lampadaires, dans les secteurs encore éclairés, transpercent la nuit noire à Rouen.

L'extinction de l'éclairage public la nuit dans de nombreuses communes de la Métropole de Rouen suscite des inquiétudes pour certains habitants. Ils se sentent en insécurité lorsqu'ils doivent se déplacer.

Employée dans un restaurant situé dans le quartier Saint-Paul, Eugénie, Rouennaise de 28 ans, a découvert par hasard l'extinction de l'éclairage public entre 1 heure et 5 heures du matin. "Au début, je pensais à une panne de l'éclairage, raconte celle qui habite dans le quartier de la préfecture. C'est au fil des jours puis en me renseignant que j'ai compris que les lampadaires étaient désormais éteints." Une mesure mal perçue, alors qu'elle est amenée à rentrer chez elle après 1 heure du matin, en raison de son travail : "Je fais la route à pied car c'est plutôt agréable, mais là, je prends de plus en plus ma voiture. Je ne me sens pas en sécurité." D'autres Rouennais, amenés eux aussi à se déplacer pendant ces heures, apportent un témoignage similaire. "Dans le noir, il est impossible d'anticiper un danger qui peut survenir", analyse Anne-Claire Auzou, psychologue clinicienne à Rouen (lire ci-contre), qui indique comprendre la crainte ressentie dans ces situations, en particulier en tant que femme. Pour autant, les municipalités qui expérimentent depuis plusieurs années cette extinction de l'éclairage public, indiquent ne pas noter de délinquance supplémentaire.

Les quartiers difficiles restent éclairés

C'est ce que souligne aussi Karim Bennacer, secrétaire départemental du syndical Alliance police nationale en Seine-Maritime : "L'éclairage public rassure les concitoyens, son absence crée ce sentiment d'insécurité, même si, pour nous, il n'y a pas d'incidence sur notre travail." Les forces de l'ordre soulignent, tout de même, l'absence d'extinction de l'éclairage dans des quartiers plus difficiles, comme les Hauts-de-Rouen et Saint-Sever. "Il est utile de laisser aussi les abords de la maison d'arrêt éclairés. Cela dissuade les personnes voulant jeter des colis à l'intérieur de la cour", poursuit Karim Bennacer.

À Petit-Quevilly, la municipalité a été plus loin dans le travail, avec du cas par cas : "Dans les quartiers d'habitats denses comme à Saint-Julien ou à la Piscine, nous ne prenons pas ce chemin de l'extinction de l'éclairage public, explique Charlotte Goujon, la maire. Nous savons que nous avons des problématiques de sécurité dans ces quartiers, liées au trafic de drogues par exemple. Nous avons besoin de lumière, notamment pour les interventions des forces de police." Au-delà de la délinquance dans certains quartiers, c'est aussi la sécurité sur les routes qui pose question. À Rouen, les boulevards sont exclus des zones d'extinction et la municipalité souligne que l'absence d'éclairage permet, dans les petites rues, de faire ralentir les voitures.

Si des inquiétudes se font ressentir à Rouen et dans des communes proches, il faut souligner que, dans d'autres villes, les habitants ont moins de craintes. À Sotteville-lès-Rouen, qui s'est lancé dans l'expérimentation aussi cet été, "nous avons reçu deux courriers de plainte", indique la municipalité. À Barentin, le maire, Christophe Bouillon, a pris le parti de lancer un sondage pour connaître l'opinion de la population sur la poursuite de cette expérimentation. 77 % des habitants qui ont pris part à la consultation se sont ainsi dits favorables.

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1 commentaire

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Avatar des commentaires sur La Manche libre
Inconnu Il y a 2 ans

Par ailleurs, de multiples commerces (j'en ai relevé un grand nombre dans l'hypercentre rive droite à Rouen) se permettent d'éclairer leurs façades de jour.

Le public éteint l'éclairage de la voie publique la nuit
Le privé éclaire ses façades en plein jour...
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