Candidat déclaré à la présidentielle, Xavier Bertrand est en lice et veut y rester jusqu'au soir du second tour de 2022. Position confortée par sa réélection à la présidence des Hauts-de-France, et surtout cette semaine par le sondage Ifop 2022, qui le donne vainqueur possible d'Emmanuel Macron par 52 % contre 42 %.
Ce genre de préfigurations a souvent de l'effet sur les calculs de vote au premier tour : sachant qu'une majorité des Français sondés souhaitent éviter en 2022 une réédition du duel Macron - Le Pen de 2017, certains pourraient miser sur un Bertrand présenté par les enquêtes comme éventuellement capable – plus que Marine Le Pen – de battre le président sortant.
Pour parvenir au second tour à la place de la présidente du RN, Xavier Bertrand devra remplir deux conditions : lui ôter le monopole du discours sécuritaire, ce qui n'est pas difficile ; mais d'abord s'imposer comme candidat unique de la droite et du centre, ce qui sera moins évident.
Départager les rivaux à droite
Xavier Bertrand a en effet deux rivaux tout aussi résolus : Laurent Wauquiez qui fut encore mieux élu que lui aux régionales, en Auvergne Rhône-Alpes ; et Valérie Pécresse qui préside l'Ile-de-France. L'un aussi bien que l'autre se voient entrer à l'Elysée. Et entre ces trois poids lourds les dirigeants de la droite et du centre ne voient pas comment arbitrer : d'autant moins que deux des rivaux, le nordiste et la francilienne, ne sont plus membres de LR et ne sont donc pas astreints à une quelconque discipline de parti. Si Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez concrétisent leur ambition de candidature élyséenne – et s'il n'y a pas de primaire de droite et du centre –, Xavier Bertrand et eux devront trouver un moyen de faire prévaloir leurs avantages respectifs.
Les trois rivaux de droite ont une image de bon gestionnaire régional, vérifiée dans les urnes. Mais Xavier Bertrand a de l'avance en tant que candidat national : il s'est déclaré le premier, ce qui donne à sa candidature le temps de s'installer dans les esprits ; et les sondages, confirmés par les régionales, lui attribuent une “aptitude à rassembler” supérieure à celle de ses deux concurrents. Le président des Hauts-de-France mord en effet de façon inattendue sur l'électorat de gauche. Il mord aussi sur celui de Macron, notamment en devenant maintenant – selon l'Ifop – numéro 1 chez les électeurs seniors.
Marine Le Pen en perte de vitesse
En tout cas la victoire en 2022 paraît, actuellement, hors de la portée de la cheffe du RN… Réélue avec 98 % lors du congrès de ce parti à Perpignan, le week-end dernier, Marine Le Pen imite Macron en voulant elle aussi enjamber le mauvais résultat des régionales et se projeter dans la présidentielle, élection censée obéir à d'autres lois que les scrutins locaux.
Cependant elle ne peut ignorer les sondages qui montrent les progrès du scepticisme chez nombre de ses propres électeurs, qui doutent de son aptitude à vaincre, à s'entourer et à gouverner.
Ce malaise, aggravé par l'échec des régionales, se traduit ces jours-ci par le tour de piste d'Eric Zemmour : soutenu par un réseau de déçus du lepénisme, le polémiste médiatique se pose en alternative à une Le Pen qui manquerait d'idées et d'envergure. Se présentera-t-il vraiment ? “Ce serait une connerie”, dit laconiquement le maire de Béziers, Robert Ménard. Pourtant peu convaincu, lui non plus, de l'avenir élyséen de Marine Le Pen.
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.