En attendant le “bout du tunnel” promis, la troisième vague de la pandémie – dit le ministre de la Santé Olivier Véran – va atteindre son “pic” : l'incidence des cas de Covid a augmenté de 12 % dans toutes les classes d'âge et de 31 % chez les adolescents, le taux d'hospitalisation bondit de 16 %, plus de cinq mille personnes sont en réanimation, la pression s'aggrave sur beaucoup d'hôpitaux au point d'angoisser les médecins. Exemple : à l'hôpital privé d'Antony près de Paris, les 22 lits de réanimation ne désemplissent pas : “Les salles n'ont pas le temps de refroidir, on fait des sorties et tout de suite après les entrées”, témoignent les soignants.
Ce n'est pas plus facile sur le front des vaccins. Dans l'espoir de tenir leur promesse aléatoire d'une “sortie de crise à la mi-mai”, les pouvoirs publics tentent de compenser le manque de vaccinateurs en battant le rappel ; les hôpitaux des armées vont vacciner jusqu'à 50 000 personnes par semaine. Pompiers soignants et vétérinaires viennent eux aussi à la rescousse…
Malgré ces réalités, nombre de Français tournent le dos à la logique médicale par besoin de mouvement et de rencontres. Des médecins eux-mêmes estiment qu'à la mi-mai les populations rejetteront les précautions sanitaires – et cela, que le gouvernement ait ou non atteint ses objectifs d'immunisation, qui dépendent des livraisons de doses à l'UE plus que de l'organisation franco-française de la vaccination.
Bruno Le Maire et les vaches maigres
En économie, le gouvernement n'annonce rien de confortable pour 2021. "Fermer les établissements scolaires et 150 000 commerces aura un impact sur l'économie française", même si c'est “indispensable pour freiner le virus”, dit Le Maire. “Nous évaluons le déficit public pour 2021 à 9 %, au lieu des 8,5 % du projet de loi de finance initial, et nous estimons que la dette publique passera de 115 % à 118 % en 2021", précise le ministre.
Et où en est l'UE, dont la raison d'être – souvenons-nous du référendum de 1992 – était d'assurer la cohérence collective du continent ? Paris s'irrite de l'impuissance des Vingt-Sept à valider le plan de relance de 750 milliards d'euros proposé par la Commission : division politique et blocage financier qui vont priver la France des 5 milliards d'euros qu'elle comptait toucher au début de l'été.
Fuite en avant dans la dette publique
Faute d'un soutien européen conforme à l'idéal communautaire, Paris, laissé pour l'instant à lui-même, garde la ressource de “lever de la dette sur les marchés” comme on dit à Bercy. Cette dette atteindra cette année 118 %.
Comment la remboursera-t-on plus tard ?
Réponse officielle : la dette se remboursera grâce à notre croissance, à la réduction des dépenses publiques et aux grandes réformes macroniennes. Celles-ci ont pour fer de lance la réforme des retraites, à laquelle Bruno Le Maire tient fermement mais qui constitue un point névralgique pour une partie des Français : obstacle social, donc politique à l'approche de la campagne présidentielle de 2022.
Ce qui fait planer un doute sur la solidité du plan de remboursement… D'autant que s'y ajoute la question des aides publiques – 11 milliards d'euros – qui amortissaient les difficultés des entreprises et des salariés, et qui doivent cesser un jour. Mais elles subsisteront “tant que durera la crise”, promet Matignon : et elles ne cesseront que ”progressivement”.
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