Au milieu des 1 600 arbres de son exploitation à Saint-Aignan-de-Cramesnil, Antonin Gourdeau raconte son nouveau métier avec autant de passion que lorsqu'il jouait des centaines de partitions à l'âge de sept ans. Et pourtant, personne ne l'aurait envoyé dans les champs, outils à la main. "Dès petit, j'écoutais des cassettes et des CD de musique classique. J'ai commencé par la trompette", se remémore le fils d'une cheffe de chœur. Le citadin, qui a passé de longues années à Mondeville, était prédestiné à devenir musicien professionnel.
"Le monde de la musique, c'est un peu comme le foot"
C'est au tuba qu'il s'est entraîné comme un fou. "Je pouvais jouer pendant six heures d'affilée sans problème, tout seul dans une pièce. J'aimais être dans l'ombre." Que ce soit sur scène ou à l'école, être au fond de la classe était le quotidien d'Antonin Gourdeau. Il n'aimait pas l'école. Il a vite abandonné le brevet et le baccalauréat (qu'il n'a pas obtenus) pour la musique. Son échappatoire. Classe de jazz, conservatoire de Caen, musicien aux pompiers de Paris… tout était fait pour qu'il atteigne son rêve. Jusqu'au jour où il a décidé de tout stopper. "Le monde de la musique, c'est un peu comme le foot, raconte-t-il. Après 18 ans, tu es trop vieux pour faire carrière. J'ai été dégoûté par cette mise en compétition permanente. Je n'étais pas fait pour ça. C'était le début de la fin de ma vie musicale."
Un nouveau départ
Antonin Gourdeau s'est alors pris en main. Lors de son retour au domicile familial, il a dévoré des livres sur le jardinage biologique pendant trois mois. "Je partais de zéro, je n'y connaissais rien du tout". Se sont enchaînés des stages, des découvertes et, surtout, des heures passées dans les jardins. "Le contact avec la terre, le travail en plein air et la diversité des activités m'intéressaient." Dans un premier temps, le néo-maraîcher s'est lancé dans la culture de légumes. Grâce à Terres de liens (association qui accompagne les porteurs de projets agricoles), il a acheté des terres à une quinzaine de kilomètres de Caen. Il a lancé sa production de fleurs, de plantes aromatiques et médicinales et, dernièrement, un jardin-forêt agroforestier sur plus de deux hectares. "C'est surtout des arbres fruitiers : noisetiers, châtaigniers, noyers, pruniers, saule marsault, bourdaine…" Sécateur à la main, Antonin Gourdeau a tout de même le stress que son activité fonctionne. "L'idée est de tenir jusqu'à ce que les arbres produisent." En attendant, il vit sur sa trésorerie. Une nouvelle vie qui demande beaucoup de sacrifices. Comme la musique.
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