La situation a été critique au Centre hospitalier (CH) de Dieppe. Le mercredi 20 janvier, il tirait la sonnette d'alarme dans un communiqué de presse évoquant plus de 130 professionnels absents pour raison de Covid-19 et 137 patients Covid présents sur le Centre hospitalier. L'établissement active alors le niveau 4 de son plan de mobilisation territorial et fait appel à des renforts. Une semaine plus tard, mercredi 27 janvier, la situation est maîtrisée et les courbes se sont inversées. "On peut dire que l'amélioration est nette", estime Franck Estève, directeur général adjoint du CH de Dieppe. Seulement quelque 50 agents sont encore arrêtés à cause de la Covid-19 et "ils sont de plus en plus nombreux à revenir chaque jour". 140 patients Covid sont toujours présents dans les différents services, mais seulement 97 se trouvent dans la phase "aiguë" de la maladie, c'est-à-dire avant le 11e jour de maladie.
Franck Estève, directeur-général adjoint du CH de Dieppe, et Stéphanie Robaday-Voisin, infectiologue, ont géré la crise.
Déculpabiliser les équipes
Le Centre hospitalier a aussi pu être rassuré par les premières conclusions du Centre de prévention des infections associées aux soins (CPIAS).
L'organisme de contrôle a estimé qu'il n'y a pas eu de dérives dans les pratiques des soignants sur les règles d'hygiène, que les décisions prises pour gérer les clusters ont été pertinentes et qu'il n'y avait pas de causes évidentes pour expliquer le pic à Dieppe et à l'hôpital des cas de Covid-19. "On est rassurés sur les actions que nous avons mises en place depuis 15 jours, souffle le responsable. On fait tout un travail de déculpabilisation vis-à-vis de nos personnels qui font un travail remarquable."
Des taux d'incidence records sur le territoire
Il est vrai que le CH de Dieppe et le territoire avaient été relativement épargnés jusqu'à maintenant par les premières vagues de Covid-19. Comment expliquer dès lors un tel pic dans l'établissement ? "On a atteint un taux d'incidence que l'on n'a jamais connu à Dieppe et sur les villes sœurs (416 pour 100 000 à Dieppe et 529 sur 100 000 pour Eu Le Tréport, NDLR), ce qui fait que les agents se contaminent aussi à l'extérieur de l'hôpital, explique Stéphanie Robaday-Voisin, infectiologue. Ensuite, les fêtes et un peu moins de vigilance ont aussi développé le nombre de cas. Une fois que la Covid est rentrée et n'est pas tout de suite identifiée, elle diffuse de plus en plus."
Dans les services concernés, le CH a mis en place la méthode de cohorting qui a porté ses fruits. Comprenez que les patients Covid ont été séparés des patients non-Covid et traités par des équipes dédiées. Un système qui est toujours en place en gériatrie et dans le service des soins de suite et de rééducation.
Quant au variant anglais, rien ne permet de penser qu'il est à l'origine du pic dieppois. "Rien ne l'infirme non plus, explique l'infectiologue. En tout cas, on a envoyé des souches au CHU de Rouen qui n'ont pas confirmé la présence du variant. On sait qu'il circule à moins de 2 % dans la région, donc l'explication de la situation ne se résume ni par le variant, ni par le relâchement du personnel", affirme la professionnelle dans un clin d'œil à peine dissimulé à ceux qui ont affirmé l'inverse ces derniers jours.
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