Il y a la batterie de Longues-sur-Mer, celle de Merville-Franceville, le radar de Douvres, les bunkers de la pointe du Hoc… Dans le Calvados, les vestiges du mur de l'Atlantique sont encore nombreux. Dans le reste de l'Europe aussi. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le régime nazi en a fait bâtir "sur 8 000 kilomètres de côtes, du cercle arctique norvégien à la frontière franco-espagnole", confirme Aurélien Marie, historien et membre de la Fabrique de Patrimoines en Normandie. Cette structure implantée à Caen coordonne l'organisation en France des Journées européennes du mur de l'Atlantique, qui se tiendront les 30 et 31 mai. Le mardi 21 janvier, environ 80 structures - musées, collectivités, associations, propriétaires de sites, chercheurs, historiens - étaient réunies pour une journée d'échanges en préambule à ce rendez-vous, avec pour objectif d'imaginer comment travailler sur ce patrimoine sensible avec tous les publics, notamment les plus jeunes. "Quelle place donner à l'art contemporain, à la reconstitution ? Quel lien avec le discours d'aujourd'hui sur les murs, les frontières ?, éclaire Aurélien Marie, les vétérans et les civils de l'époque disparaissent. Ces bâtiments seront les derniers témoins tangibles de la Seconde Guerre mondiale dans quelques années."
"À l'ombre de chaque bunker,
il y a Auschwitz"
Pour évoquer ce sujet avec les plus jeunes notamment, des historiens stagiaires de La Fabrique de Patrimoines ont mis au point un jeu de cartes, un jeu de piste et une visite appuyée par des objets. Ils seront testés à grande échelle au printemps prochain. "Une vingtaine de sites se sont montrés intéressés", estime l'un d'eux, Valentin Quiédeville. Pour élaborer ces outils, "c'est d'abord et avant tout énormément de recherches", rappelle-t-il. Un préalable pour établir un premier contact avec l'histoire sans omettre le fond. "Par exemple, dans le jeu de piste, on présente quatre documents, dont un ordre de réquisition de civils à Saint-Nazaire en 1942. Cela permet d'aborder la problématique de la collaboration." Collaboration économique et politique, saisie de matière première, travail forcé, combats… Autant de thèmes que regroupe le mur de l'Atlantique, à ne surtout pas négliger, pour Jean-Luc Leleu. "À l'ombre de chaque bunker, il y a Auschwitz", a lancé l'historien de l'université de Caen lors de la journée d'échanges. "Rappelons que le mur de l'Atlantique est issu d'un régime qui portait des valeurs aux antipodes de celles de l'Union européenne." D'un pays à l'autre, l'approche est d'ailleurs différente, souligne Aurélien Marie. "En France, on a beaucoup patrimonialisé les sites, transformés en musée. Au Danemark, un festival artistique se tient autour des bunkers. En Norvège, ces sites ont été transformés en bases militaires pendant la Guerre froide. Le patrimoine a été oublié."
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