Feu! Chatterton, jeune quintette révélé l'an dernier avec des morceaux emplis de sève rock et de textes poétiques en français ravivant le souvenir d'un Alain Bashung, a publié mi-octobre son premier album "Ici le jour (a tout enseveli)", salué par la critique.
Le Français Rover, attraction de l'année 2012 avec un premier album sombre et romantique en anglais, creuse le sillon blues dans un deuxième disque, "Let It Glow", attendu vendredi.
Si la langue diffère, ces deux disques se rejoignent par un son lorgnant vers les productions des années 1970, sans crainte des "imperfections" ou "fragilités" qui viennent donner de la vie aux chansons.
Sous la houlette du musicien Samy Osta, qui avait déjà œuvré aux côtés de Rover auparavant, Feu! Chatterton a trouvé son bonheur en Suède, dans un studio de Göteborg, où les cinq Parisiens ont posé leurs valises et leurs instruments pendant trois semaines en mars.
Ils y ont trouvé un "grain" et un son personnel sur la vieille console de mixage présente dans ce studio, provenant d'un autre studio, celui de Queen à Montreux (Suisse).
Une pièce de musée qui a notamment participé à l'enregistrement de quelques monuments de l'histoire du rock, comme "Heroes" de David Bowie, relève le groupe.
"C'est une console complexe, avec un son particulier, qui donne une certaine patine. Même si on a grandi dans les années 1990, on a beaucoup écouté de groupes des années 1970 et on est attaché à ce son", assurent ces fans revendiqués de Pink Floyd et des Talking Heads, repartis pour une tournée qui passera plusieurs fois au Trianon de Paris (en décembre, janvier, février).
- Un peu de Gainsbourg -
"A un moment où l'industrie vit un déclin financier, tous les musiciens regrettent cette époque où on pouvait se permettre d'expérimenter. La production d'un disque, c'est autant voire plus important que les chansons elles-mêmes parce que sinon ça vieillit très vite", ajoute Arthur Teboul, charismatique auteur et chanteur d'un groupe remarqué l'an dernier aux Francofolies de la Rochelle.
Timothée Régnier, le colosse de 36 ans aux cheveux mi-longs à la voix douce qui se cache sous le nom de scène de Rover, partage ce goût des "sonorités chaleureuses" qui passent, pour lui, en enregistrant à l'ancienne sur des bandes.
"Il y a encore deux ou trois cinglés qui entretiennent des studios comme ça", s'amuse le chanteur, qui a travaillé au studio Kerwax, à Loguivy-Plougras (Côtes d'Armor) avec une "console qui a servi pour l'enregistrement de Melody Nelson" de Serge Gainsbourg.
Ce qu'apportent les bandes à son blues-rock baigné d'influences américaines? "De la vie, de l'air. Dans le numérique il y a du vide", répond-il, ravi d'avoir eu accès à des "machines fantastiques, qui tombent en panne, dont la vitesse d'enregistrement peut changer et nous faire perdre quelques points de tempo".
"Du coup, c'est toujours surprenant, il y a swing naturel", estime le chanteur qui avait la volonté, dans ce nouvel album, de "laisser les choses briller par elles-mêmes".
Il n'a donc rien contrôlé et laissé de la place à l'inattendu en laissant par exemple "fenêtres et micros ouverts" sans craindre de saisir "le plancher qui craque, les cloches au loin ou même un bourdon qui passe en faisait un gros bruit d'autocar, un bruit qu'on a gardé".
"L'intérêt, c'est d'offrir quelque chose qui ne peut pas se reproduire. Ce bourdon est mort depuis longtemps mais on a capturé un moment, comme une vieille photo", résume Rover, qui repartira en tournée en janvier, avec un passage à l'Olympia à Paris le 24 mars.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.