L'Arabie saoudite et l'Egypte, les deux piliers de la coalition contre les rebelles chiites au Yémen, ont annoncé mercredi leur intention d'organiser de grandes man?uvres militaires sur le sol saoudien, trois semaines après le début des frappes au Yémen.
Sur le territoire yéménite, où les affrontements ont fait des centaines de morts depuis le 19 mars, les avions de la coalition de neuf pays arabes menée par le royaume saoudien sunnite ont mené de nouveaux raids contre les rebelles liés à l'Iran chiite.
La coalition a été confortée par l'adoption mardi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution sommant les rebelles Houthis de se retirer des régions qu'ils ont conquises depuis septembre 2014, y compris la capitale Sanaa.
Curieusement, les Houthis n'avaient pas formellement réagi mercredi à cette décision, leur chaîne de télévision se contentant d'afficher à l'écran qu'il s'agissait d'un "crime contre le Yémen". Cette chaîne a appelé à des défilés à Sanaa pour dénoncer la résolution, mais peu de manifestants se sont rassemblés devant les bureaux de l'ONU, selon un correspondant de l'AFP.
A Washington, l'ambassadeur d'Arabie saoudite a prévenu que son pays et ses alliés arabes ne cesseraient pas leurs frappes aériennes contre les rebelles Houthis tant qu'ils n'auraient pas atteint leurs objectifs. "Cette opération continuera jusqu'à ce que les objectifs soient atteints. Il ne peut y avoir de demi-mesures", a déclaré l'ambassadeur, Adel al-Joubeir, lors d'une conférence de presse à l'ambassade.
A Lisbonne, le ministre iranien des Affaires étrangères a assuré que le "carnage" devait cesser au Yémen afin d'empêcher "Al-Qaïda de profiter de cette situation épouvantable".
Le ministre, Mohammad Javad Zarif, a indiqué que son pays "était prêt à utiliser (son) influence", et "pas uniquement auprès des Houthis et des chiites", pour "amener tout le monde à la table des négociations".
Dans ce contexte, le médiateur de l'ONU au Yémen, Jamal Benomar, a donné sa démission, selon un responsable de l'ONU. M. Benomar "a indiqué sa volonté de quitter son poste" de conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon pour le Yémen, a déclaré à l'AFP ce responsable sous couvert de l'anonymat.
- 'Ligne rouge' -
En plein conflit au Yémen, frontalier de l'Arabie saoudite, Ryad et Le Caire vont former une commission pour tenir de "grandes" man?uvres militaires conjointes dans le royaume saoudien. Y participera "une force arabe comprenant des troupes égyptiennes, saoudiennes et des Etats du Golfe", a annoncé la présidence égyptienne.
Aucune indication n'a été donnée sur le calendrier, l'ampleur ou les modalités de ces exercices.
Selon le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, "la sécurité dans le Golfe arabe constitue une ligne rouge pour l'Egypte et est partie intégrante de sa propre sécurité nationale, en particulier en mer Rouge et dans le détroit de Bab al-Mandeb", qui sépare l'Afrique de la péninsule arabique.
L'Egypte a été à l'avant-garde de l'annonce, le 29 mars par la Ligue arabe, de la création d'une future force arabe permanente, dont l'objectif principal sera de combattre les groupes jihadistes, notamment en Libye. La question d'une éventuelle intervention au sol est souvent posée au porte-parole saoudien de la coalition pour le Yémen, Ahmed Assiri, selon lequel "toutes les options sont ouvertes".
Mercredi, M. Assiri a affirmé que l'objectif de stopper l'avance des rebelles chiites au sud "était en train d'être rempli".
Au 21e jour des raids, les avions de la coalition ont frappé des positions rebelles à Aden, la grande ville du sud où se poursuivent les combats entre rebelles et partisans du président yéménite en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, et un ensemble de bâtiments de l'administration provinciale de Saada, fief des Houthis dans le nord, selon des habitants.
A l'ouest d'Aden, les rebelles chiites tentaient de prendre une raffinerie de pétrole importante à Ras Imran, malgré des raids de la coalition arabe, selon une source militaire.
- Pas d'électricité -
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