Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a minimisé mercredi les chances de parvenir cette semaine à un accord politique sur le nucléaire, malgré des tractations marathon à Lausanne avec son homologue américain John Kerry.
Les deux ministres enchaînent les réunions depuis lundi dans un palace de la ville suisse, une course contre la montre pour trouver un compromis sur le nucléaire d'ici la fin du mois, voire avant le Nouvel an iranien du 21 mars.
Après 12 ans de tensions internationales et 18 mois de pourparlers particulièrement soutenus, l'Iran et les grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France, et Allemagne) se sont donné jusqu'au 31 mars pour conclure un règlement dit "politique": le texte garantirait que la République islamique n'aura jamais la bombe atomique en échange d'une levée des sanctions.
Mais, mercredi, M. Zarif a voulu doucher les espoirs d'une percée cette semaine.
Outre M. Kerry qui est à Lausanne, la présence des chefs de diplomatie des autres pays du 5+1 "ne devrait pas être nécessaire pour ce cycle" de discussions, a jugé le ministre iranien. "Quand on aura trouvé des solutions et qu'on approchera d'un accord, alors tous les ministres des Affaires étrangères pourront venir", a-t-il argumenté,
Pour l'heure, "nous avons davantage besoin des experts que des ministres", a lancé M. Zarif, cité par la télévision d'Etat.
L'arrivée en Suisse des ministres du 5+1 indiquerait qu'un accord est imminent.
Mercredi, MM. Kerry et Zarif se sont encore vus des heures. Des entretiens interrompus par un tour de vélo pour l'Américain et par une promenade au bord du lac pour la délégation iranienne.
Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, s'est félicité de "progrès" dans ses discussions avec le ministre américain de l'Energie Ernest Moniz. Il s'est dit "optimiste".
Les gouvernements iranien et américain, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 35 ans mais qui se reparlent depuis des années, se livrent à une bataille de communication avec la presse quant aux chances de conclure.
"Au mieux, 50/50" de probabilité, a martelé, mardi, la Maison Blanche, en réponse à l'Iranien Salehi pour qui "90% des questions techniques" sont réglées.
- Négociations la semaine prochaine -
Américains et Européens expriment au contraire leur scepticisme quant à une entente politique cette semaine. On suggère même que d'ultimes négociations seraient nécessaire la semaine prochaine.
"Nous avons à coup sûr fait des progrès" mais "il nous reste des sujets difficiles", avait ainsi mis en garde un négociateur américain.
A la suite d'une réunion lundi à Bruxelles entre M. Zarif et ses homologues européens, le Français Laurent Fabius, considéré comme le plus dur du 5+1 à l'égard de Téhéran, avait parlé d'"avancées" mais aussi de "points importants qui ne sont pas réglés".
Tous les directeurs politiques des pays du 5+1 sont dorénavant réunis à Lausanne, sous l'égide de l'Union européenne et d'autres réunions sont prévues jeudi.
Après un accord provisoire de novembre 2013, les grandes puissances et l'Iran ont repoussé par deux fois la date butoir pour un accord définitif. Washington a prévenu qu'il n'y aurait pas d'autre prolongation. En cas d'accord politique d'ici 12 jours, les parties sont convenues de finaliser au 30 juin/1er juillet tous les détails techniques.
Le premier document fixerait les grands chapitres pour garantir le caractère pacifique des activités nucléaires iraniennes. Il établirait aussi le principe du contrôle des infrastructures de l'Iran, la durée de l'accord et le calendrier d'une levée progressive des sanctions.
Sur ce dernier point, Téhéran et le 5+1 s'affrontent.
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