Les Syriens de Caen sont unis face à la tragédie

Pas une minute ne passe sans que leur cœur ne se serre. A la maison ou au travail, devant la télévision, sur internet ou par SMS, ils redoutent la mauvaise nouvelle. Une de plus. "Cette guerre a déjà pris la vie de 51 de mes proches depuis qu’elle a débuté le 15 mars 2011", souligne Jamal Alterkaoui, un pédiatre installé à Caen depuis 1993. 

"Personne en France ne peut se rendre compte du drame qui se joue en Syrie", s’attriste pour sa part Mohamed Bakri, étudiant en sciences de l’éducation à Caen depuis 2006. Il a perdu un frère dans le conflit cet été. Les derniers chiffres officiels sont dramatiques : 40.000 morts dont 8.000 enfants, plus de 77.000 disparus, ou encore 22.900 prisonniers, soit 1% de la population syrienne.

Collecte nationale

De son côté, Abed al Rahim évite de trop y penser.  Originaire de Palestine bien qu’il ait passé toute sa vie dans le camp de Yermouk en Syrie, il est arrivé à Caen au printemps dernier pour retrouver sa femme. "Là-bas, tout est aujourd’hui détruit. Ici, la vie est parfaite", assure-t-il, lui qui se dit ravi  d’avoir choisi Caen plutôt que Paris pour s’installer, persuadé que son intégration sera plus facile dans la capitale bas-normande.

Face à la folie meurtrière qui fait chaque jour de nouvelles victimes, la centaine de familles syriennes installées dans le Calvados, largement opposées au régime de Bassar al Assad, se mobilise. Fin août, près de 47.000 euros ont été réunis à l’occasion d’une soirée organisée à Hérouville Saint-Clair. "Cet argent a permis l’achat de matériel pour des secours d’urgence sur place, sachant qu’actuellement plus de 60% des hôpitaux sont hors-service dans ce pays", explique Jamal Alterkaoui.

Il rêve d’aller plus loin, en mettant en place une collecte nationale de matériel de chirurgie et d’orthopédie, "même périmé. Trop de vies de civils sont en jeu. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés!"

Renseignements : terkaoui@free.fr