"J'étais dans la seule école maternelle de Clermont-Ferrand qui amenait les enfants à la piscine", se souvient Benoît Masclaux, 39 ans. Ce natif du Puy-de-Dôme découvre dès l'âge de 5 ans la passion de sa vie. Il arrive deux ans plus tard à convaincre ses parents de l'inscrire aux cours proposés dans la ville voisine de Chamalières. Et il progresse vite : "En cinq leçons, je savais déjà nager !" D'un entraînement par semaine à l'époque, il passe à plus de dix sessions hebdomadaires, six jours sur sept, au moment du lycée, puis à la fac, en STAPS.
Son objectif : être entraîneur
La compétition n'est pas franchement son truc. "Je n'ai jamais été le meilleur, tranche-t-il. Toujours second." Ce Poulidor des bassins va tout de même jusqu'à se hisser en finale des championnats de France. "Ça me plaçait parmi les huit meilleurs nageurs du pays. Ce qui est déjà bien. Mais je n'ai jamais eu de titre." Qu'importe, Benoît est un passionné. Et son objectif est d'être entraîneur. Il passe les diplômes à 18 ans et prend en charge les équipes de jeunes de son club de Chamalières.
Aux côtés d'Hugues Duboscq à Budapest
En 2009, il prend la direction de la cité Océane. Benoît Masclaux accepte de quitter son Auvergne adorée pour devenir, au sein du CNH (Club nautique havrais), l'entraîneur adjoint de la star Hugues Duboscq. Quelques mois avant les championnats d'Europe de 2010, le coach titulaire se casse la jambe. Son jeune assistant est propulsé en première ligne. Résultat : "Hugues rapporte trois médailles de Budapest. Le bronze au 200 m brasse, l'argent au 100 m brasse et l'or au relais 4x100m 4 nages." Après cette énumération, le fier technicien souffle dans un sourire malicieux : "Ça s'est très bien passé !"
"Le sauvetage : le dépassement de soi, chacun à son niveau"
Benoît Masclaux rejoint en 2012 les piscines municipales havraises. Il est maître-nageur, puis chef de bassin au Cours de la République jusqu'en 2018. En 2021, pour l'Escale australienne, il pilote en tant qu'agent de la Ville les séances de sauvetage sportif. La discipline, véritable religion au pays des kangourous, est née au XIXe siècle au Havre (lire ci-après). Face au succès, le CNH lui confie la direction de son Académie de sauvetage lancée à la rentrée 2021. Notre entraîneur dans l'âme reprend du service sans se faire prier. Avec une nuance importante : "L'objectif est différent. Ce n'est plus la performance, mais le dépassement de soi, chacun à son niveau."
Contrairement à une idée reçue, la discipline du sauvetage sportif n'est pas née en Australie, mais bien au Havre.
Quand on pense sauvetage sportif, viennent forcément les images de l'Australie. Selon Wikipédia, le "surf-life saving" a été créé en septembre 1902 à Manly Beach, au nord de Sydney. Eh bien c'est faux. C'est au nord… de la cité Océane que la discipline a vu le jour ! Selon la Fédération française de sauvetage et de secourisme, le Normand Raymond Pitet, âgé de 11 ans en 1883, porte assistance à quatre enfants sur la plage dionysienne. Il fondera en 1897 l'Union fraternelle française de sauvetage, ancêtre de l'actuelle FFSS.
Plusieurs disciplines en une
Pour en revenir à l'activité proposée de nos jours au Havre, c'est un mélange de natation et différents exercices. À la piscine du Cours de la République, on apprend le remorquage (nager avec un mannequin ou un camarade jouant le rôle de victime). On travaille l'endurance et l'apnée. Le tout sous l'œil bienveillant et encourageant des coachs. L'Académie de sauvetage compte 40 adhérents, de tous âges (dès 9 ans) et de profils différents. Et les plus expérimentés n'hésitent jamais à aider ceux qui montrent plus de difficulté. Avec la possibilité pour les plus appliqués et motivés de passer cette année leur BNSSA (Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique).
Infos et inscriptions : www.cnhavrais.com
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