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[Enquête] Caen. Antenne GIGN : plongée dans un monde à part

Gendarmerie, sécurité routière. L'antenne GIGN de Caen a vu le jour en avril 2021, il y a un an. C'est le temps qu'il a fallu à la rédaction de Tendance Ouest pour ouvrir les portes de ce monde si particulier. Qui sont les militaires qui composent cette unité ? D'où viennent-ils ? Enquête.

[Enquête] Caen. Antenne GIGN : plongée dans un monde à part
L'antenne GIGN de Caen a vu le jour en avril 2021, il y a un an. Qui sont les militaires qui composent cette unité ? D'où viennent-ils ? Enquête.

Imaginez-vous vivre avec 30 kg de plus sur le dos, un écran de contrôle sur le buste, un gilet pare-balles et a minima deux armes collées au corps. Ils ne vous le diront pas, mais les membres de l'antenne GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) de Caen ne sont pas des gendarmes comme les autres. C'est en avril 2021, il y a un an, que l'unité de Caen a vu le jour dans le quartier Guynemer, à proximité de la Polyclinique du Parc. Une trentaine de militaires d'élite la composent. "Une dizaine d'entre eux sont venus au départ pour préparer le terrain, connaître les besoins techniques, repérer les stands de tir, etc.", explique Sébastien, officier de cette nouvelle unité. Il existe sept unités de ce type en France, auxquelles s'ajoutent les sept d'Outre-Mer. Ces quatorze antennes sont sous l'unique contrôle du GIGN central de Satory, à Versailles. "C'est lui qui nous commande", précise le commandant d'unité. C'est d'ailleurs par là que chaque gendarme doit passer pour tenter d'intégrer une antenne GIGN. L'âge requis minimum pour être recruté est de 24 ans.

Etre gendarme avant d'intégrer le GIGN

En revanche, il existe une limite d'âge, fixée à 46 ans. "C'est notre date limite de consommation", plaisante Sébastien, qui n'est d'ailleurs pas concerné en tant qu'officier. Les membres du GIGN sont divisés en deux spécialités : les gendarmes en Intervention spécialisée (IS) – ils sont une vingtaine à Caen – et ceux spécialisés en Protection de personnalités (PHP), qui représentent un tiers des effectifs caennais. Ils doivent assurer la protection des ambassadeurs et des diplomates à l'étranger notamment. "Le mode de sélection et de recrutement est différent entre les deux spécialités, souligne Sébastien. La condition pour être recruté est d'être gendarme (gendarmerie mobile, gendarmerie départementale et la garde républicaine)." Le sexe n'est pas un critère, bien qu'il n'y ait qu'une poignée de femmes dans ces équipes. Un appel à candidature a lieu une fois par an par le GIGN central. Les candidats sont présélectionnés sur dossier. Puis s'enclenche une sélection sur entretien et tests physiques nationaux. Les candidats reçus accèdent à un stage de formation de huit semaines à Satory. Seulement en cas de réussite, ils seront affectés dans les différentes antennes. Les besoins se sont accentués depuis les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

Sur les 450 candidats par an au niveau national, trente à cinquante personnes sont recrutées. "On recherche de la stabilité émotionnelle et de la maturité avant tout", indique Maxime, officier et commandant second. Il est en revanche difficile de définir un profil type de militaire GIGN : "Il faut être une éponge, être capable d'emmagasiner les informations et les restituer rapidement." Certains critères sont déterminants. Pour espérer intégrer le GIGN, il faut "avoir une certaine condition physique", ajoute Sébastien, mais surtout aimer le terrain, l'action et l'adrénaline d'une situation dangereuse comme lors d'une prise d'otage ou d'un forcené retranché. En résumé, avoir une certaine force tranquille.

"Au quotidien, on simule des cas concrets comme des prises d'otage pour être prêts"

Caen. "Au quotidien, on simule des cas concrets comme des prises d'otage pour être prêts"
À quoi ressemble le quotidien d'un militaire du GIGN ?

Si leurs interventions se font rares en Normandie, les membres de l'antenne GIGN de Caen sont prêts à intervenir à n'importe quel moment. À quoi ressemble leur quotidien ? Entretien avec Sébastien, officier.

À quoi ressemble le quotidien d'un
militaire de l'antenne GIGN de Caen ?

"Contrairement aux autres gendarmes, on ne nous voit pas en patrouille dans la rue. Nous sommes à la caserne. Chaque lundi, l'un d'entre nous établit un planning et une thématique pour la semaine. Il y a du tir avec plusieurs types d'armes, du sport de combat (boxe et judo), des répétitions de gestuelle et des entraînements de situations de crise. Tous les jours, on simule des cas concrets, comme une prise d'otage, une interpellation au domicile, un détournement d'avion, dans différents environnements, pour être prêts."

Où réalisez-vous vos entraînements ?

"On est toujours à la recherche de nouveaux sites, mais on en a sélectionné une dizaine dans les environs de Caen et dans le Calvados. On privilégie des lieux désaffectés ou abandonnés, où on peut s'entraîner à casser des portes. Sinon, les centres commerciaux, les stades ou les gares sont de bons outils pour travailler. Pour le tir, il y avait déjà un stand de tir avant notre arrivée au sein de la caserne. On en découvre toutes les semaines."

Finalement, les entraînements sont plus nombreux que les interventions…

"On intervient en dernier recours. On a fait une quinzaine d'interventions depuis octobre 2021. Il y en a eu une seule dans le Calvados, sinon c'est sur tout le Grand Ouest, notamment en Bretagne. En trente minutes maximum, l'équipe d'intervention (environ 15 personnes) doit avoir quitté la caserne sur décision du GIGN central."

De Nouméa à Caen : itinéraires variés

Caen. De Nouméa à Caen : itinéraires variés
L'antenne du GIGN de Caen est composée d'une trentaine de militaires.

L'antenne GIGN de Caen est composée d'une trentaine de militaires. La rédaction de Tendance Ouest les a rencontrés un an après leur installation au sein de la gendarmerie du Calvados. Elle vous raconte le parcours de ces militaires si particuliers.

Un an, c'est le temps qu'il a fallu à la rédaction de Tendance Ouest pour entrer dans les coulisses de l'antenne caennaise. Preuve d'une discrétion absolue mais aussi d'un rythme effréné, à raison de plusieurs missions d'urgence à l'étranger. Trente militaires composent cette unité qui a soufflé sa première bougie au début du mois. L'objectif est d'agrandir l'effectif à cinquante. Comment cette équipe s'est-elle formée ? "Grâce au jeu des mutations internes au GIGN, explique Sébastien, officier. Il connaît l'organisation sur le bout des doigts. Ceux qui partent vers l'Outre-mer y vont généralement pour trois à cinq ans. À l'été 2021, le GIGN central savait qu'il y avait X personnes qui revenaient." C'est le cas de Jérôme, qui s'est porté volontaire pour intégrer l'antenne caennaise après plus de six ans à Nouméa. Lui qui avait débuté sa carrière en 2003 dans un escadron de gendarmerie mobile à Bouliac, près de Bordeaux, est retourné à ses premières amours en banlieue parisienne, pour quatre mois de transition. En avril 2021, il a fait partie de l'équipe de dix personnes, dite "harpon", venue en repérage avant l'arrivée de l'équipe complète. "Je voulais rester en intervention spécialisée. Quand on a touché le graal (il évoque le GIGN, ndlr), c'est difficile de faire marche arrière", raconte avec fierté ce gendarme de 44 ans. Jérôme n'a aucune attache avec la Normandie, à l'inverse d'Antoine. Il fait partie des quatre Normands qui composent l'antenne caennaise.

Une infime partie
de militaires normands

Il a vu cette création comme une opportunité pour se rapprocher de ses racines seinomarines. "C'est un confort d'être proche de ma famille. Elle s'engage autant que nous dans notre vie professionnelle. Ma femme est originaire de Mont-Saint-Aignan, elle m'a toujours suivi", explique celui qui avait intégré l'antenne GIGN de Reims en 2016. Lui aussi avait débuté sa carrière en gendarmerie mobile, comme 95 % de ses collègues d'intervention. "C'est une bonne école de la vie", souligne Sébastien, commandant d'unité. Ce dernier a un parcours en gendarmerie long comme le bras. Originaire du sud-ouest de la France, il a intégré une école de gendarmerie pendant un an, pour décrocher son premier poste à l'âge de 23 ans en gendarmerie mobile, à Mont-de-Marsan. Il y est resté trois ans avant de passer les tests pour le GIGN central. Tests auxquels il a été reçu. Il gravit les échelons pendant quinze ans avant de demander une mutation en tant qu'officier vers l'antenne de Tours, créée en 2016, puis vers Caen, en avril 2021. Son binôme, Maxime, fait partie des cas exceptionnels. Avant d'entrer en gendarmerie, il a suivi des études en droit, jusqu'à l'obtention d'un master. Un diplôme qui lui a ouvert les portes du concours d'officier. Il est alors devenu commandant de peloton pendant quatre ans, à Antibes, avant de voyager vers la Corse, la Nouvelle-Calédonie ou encore la Guyane. Un parcours loin d'être linéaire pour ce trentenaire. "J'aime l'esprit d'équipe au GIGN. Se rendre utile et aider les citoyens, c'est ce qui nous attire", confie ce militaire passionné.

Souvent, la vie de famille arrive au second plan

Caen. Souvent, la vie de famille arrive au second plan
Lorsqu'ils sont d'astreinte, les gendarmes du GIGN doivent pouvoir se regrouper en trente minutes pour être prêts à partir en intervention.

Mobilité géographique, astreintes, interventions d'urgence... les gendarmes du GIGN sont sur le qui-vive au quotidien au point que la famille passe souvent en second plan. Une contrainte qui, selon eux, fait partie du jeu en tant que gendarmes.

"Je ne me suis pas réveillé un matin à six ans en me disant que j'allais intégrer le GIGN", témoigne Antoine, vêtu de bleu marine juste devant le gymnase. Au sein de la caserne, il est identifié. Non pas l'homme, - les membres du GIGN tiennent à leur anonymat - mais le militaire GIGN. Plutôt timide au premier abord, la langue se délie au cours de l'entraînement matinal. Antoine vit avec sa compagne dans un logement de fonction. "J'ai la chance d'avoir une femme qui vit bien les choses" raconte-t-il, soulagé d'être de retour dans sa Normandie natale. Il est bien conscient que son métier est plus qu'une simple activité professionnelle. C'est une vocation qui grappille du temps sur la vie privée. "C'est vrai qu'on est éveillé en permanence" glisse, à juste titre, Sébastien, qui vit loin de ses proches. Les militaires rencontrés sont unanimes sur le sujet : il est difficile de couper le cordon une fois avoir poussé la porte du domicile familial. À Antoine d'abonder : "On vit avec cette casquette même dans la rue. C'est une contrainte, certes, mais cet engagement est le même pour tous les gendarmes". Sauf, pour certains, les PHP (lire plus haut), le métier exige trois mois de mission à l'étranger par an. Une mobilité géographique "qui fait partie du contrat, selon le chef. Il faut comparer le GIGN à une équipe de football ou de rugby". Ces gendarmes appartiennent désormais à une deuxième famille, qui souvent, passe avant la vraie famille, celle unie par les liens du cœur.

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