"Il faut 200 lits pour absorber la crise du Covid-19 et on veut nous en supprimer 200 !" L'équation est incompréhensible pour Arnaud de la Blanchardière, infectiologue depuis 14 ans au CHU de Caen. Il fait partie du Collectif inter-hôpitaux qui revendique au moins 200 membres, médecins, infirmiers, paramédicaux… Des soignants qui ont écrit à Emmanuel Macron lui-même, pour lui faire part des limites du futur hôpital régional qui doit entrer en fonction en 2026.
"L'assurance de ne pas pouvoir faire face à une prochaine épidémie"
"Depuis 2015, nous savions que le projet comportait des défauts. La crise est venue les mettre en exergue", poursuit le médecin, membre du bureau du collectif.
Pour accueillir les patients du coronavirus, 200 lits dédiés habituellement aux activités programmées ont dû être réservés au Covid, entraînant le report de soins pour d'autres patients. "Repartir avec non pas 50 lits de plus - ce qu'il nous faudrait - mais 200 lits de moins, c'est l'assurance de ne pas pouvoir faire face à une prochaine épidémie." Les soignants pointent aussi du doigt un dimensionnement insuffisant des blocs opératoires et des plateaux techniques, dans le CHU 2026. "Aujourd'hui déjà, pour pouvoir prendre un patient urgent, il faut décaler un patient non-urgent. Avec la contraction des moyens, on se demande comment on va devoir trier les patients", interroge Marie-Astrid Piquet, gastro-entérologue.
Enfin, les bureaux en openspace leur paraissent inadaptés pour les téléconsultations ou les rapports. "Confinés à plusieurs, on va moins vite, ce n'est pas mesurer la tâche intellectuelle nécessaire pour assurer la qualité de soins", déplore Thérèse Simonet, anesthésiste-réanimateur.
Une demande d'adaptation du projet
Mardi 19 mai, la députée Laurence Dumont interrogera le ministre de la Santé Olivier Véran sur la reconstruction du CHU. Dans un courrier signé avec d'autres parlementaires caennais, issus de différents groupes, elle demande l'adaptation du projet et l'annulation de la suppression des 200 lits.
Une demande formulée également par le président de la Région Hervé Morin et par Joël Bruneau, président du conseil de surveillance de l'hôpital et maire de Caen.
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