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A Bagdad, 15 ans après l'invasion, les grands rêves anéantis

Il y a 15 ans, Abou Ali s'est réjoui en voyant entrer les soldats américains dans Bagdad. "Le tyran est fini, l'Amérique va s'occuper de nous", avait-il pensé, imaginant un avenir radieux sans Saddam Hussein.

A Bagdad, 15 ans après l'invasion, les grands rêves anéantis
Les Irakiens regardent le déboulonnement à Bagdad de la statue du président Saddam Hussein, après son renversement consécutif à l'invasion américaine de l'Irak, le 9 avril 2003 - Patrick BAZ [AFP/Archives]

Mais les années qui ont suivi n'ont apporté que malheurs et désolation, se lamente aujourd'hui cet Irakien de 61 ans devant les photos de trois de ses fils, emportés par des attentats.

Car depuis l'invasion emmenée par les Etats-Unis en mars 2003, l'Irak, tout juste sorti de près d'un quart de siècle de dictature, s'est enfoncé dans la violence.

Les affrontements communautaires, principalement entre chiites et sunnites, puis les attaques jihadistes ont fait des dizaines de milliers de morts.

Les plaies qu'ils ont ouvertes sont toujours béantes, faute d'une politique de réconciliation ou d'une relance économique qui aurait pu permettre de tourner la page.

Abou Ali se rémémore, les larmes aux yeux, la mort de ses fils.

En juillet 2007, son aîné Ali, 18 ans, vendait des pastèques dans une rue commerçante du quartier de Karrada quand il a été tué par l'explosion d'une voiture piégée.

Six ans plus tard, ses deux cadets Alaa, 23 ans, et Abbas, 17 ans, qui avaient repris la vente de pastèque, mouraient également dans un attentat.

Ses enfants, pour lesquels il imaginait une jeunesse plus heureuse que la sienne, Abou Ali ne les retrouve plus désormais qu'au cimetière.

Rêves de lendemains heureux

"Je vais sur leurs tombes chaque semaine", raconte l'homme, calot blanc et robe traditionnelle beige.

De toutes les façons, dit-il, "personne ne pense au peuple, les partis ne cherchent qu'à gagner des sièges" au Parlement.

Avant, se rappelle Qaïss al-Charea, "Saddam Hussein était l'homme fort, celui qui contrôlait tout et effrayait le monde entier avec ses armes chimiques".

Tous les matins, quand il ouvrait son salon de coiffure sur la place al-Ferdaous au coeur de Bagdad, l'immense statue du dictateur était là pour le lui rappeler.

Le 9 avril 2003, il a préféré se terrer chez lui et c'est devant sa télévision qu'il a vu les soldats américains mettre à bas l'édifice de bronze sous le regard de badauds tétanisés, rassemblés devant son échoppe.

"Bagdad est tombée quand la statue est tombée", dit-il au pied de l'immense terre-plein désormais recouvert de gravats mal cachés par des morceaux de tôle froissés, témoins d'un chantier en plan depuis des années.

A ce moment-là, lui qui avait 27 ans à l'époque, a cru "comme tous les jeunes qu'on allait bientôt avoir des boîtes de nuit, des restaurants, qu'on allait voyager partout dans le monde".

Mahmoud Othmane, un Kurde alors âgé de 65 ans, rêvait lui aussi de lendemains heureux après la fin du "cauchemar" Saddam Hussein.

Mais, confie-t-il aujourd'hui, si "les Américains avaient un plan pour renverser Saddam Hussein, ils n'en avaient aucun pour l'après-Saddam".

"Catastrophe sur catastrophe"

Certes, les institutions de l'Etat ont été démantelées, la "débaassification" --du nom du parti Baas de Saddam Hussein-- lancée et l'opposition en exil est revenue.

Mais très rapidement, l'ancienne opposition à Saddam désormais sur le devant de la scène s'est divisée, la corruption est devenue endémique et les tensions communautaires ont émergé, avivées par les milices nées du vide sécuritaire créé par le démantèlement des forces de sécurité orchestré par les Etats-Unis.

"Nous pensions avoir un système fédéral et démocratique et nous avons eu le confessionnalisme et le chauvinisme", accuse Raouf Maarouf, dirigeant du parti d'opposition kurde Goran.

Toutes les institutions ont été touchées, assure Abdel Salam al-Samer, enseignant à l'université depuis 28 ans. "Nous espérions que l'Enseignement supérieur allait changer" après la fin du Baas et de sa mainmise sur toutes les générations, affirme-t-il.

Mais la situation de l'Irak "s'est dégradée et celle des universités aussi", affirme ce professeur de 58 ans qui a vu les factions politiques s'immiscer dans les affaires universitaires et un de ses collègues être tué par des miliciens en 2006.

Ceux qui ont payé le plus lourd tribut, assurent leurs représentants, sont les membres des nombreuses minorités ethniques et religieuses d'Irak.

"Notre pays a connu catastrophe sur catastrophe depuis 15 ans", déplore ainsi le patriarche catholique chaldéen, Louis Raphaël Sako, qui a vu sa communauté se réduire comme peau de chagrin.

En fait, résume M. Charea, depuis 15 ans, l'Irak fait "un pas en avant et cinq en arrière".

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