Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir dimanche pour examiner la situation au Yémen où l'insécurité grandissante a poussé les Etats-Unis à évacuer tout leur personnel, après un attentat qui a fait 142 morts vendredi.
Le président Abd Rabbo Mansour Hadi a promis de combattre l'influence de l'Iran chiite au Yémen.
Il s'exprimait samedi au lendemain des premiers attentats revendiqués au Yémen par le groupe extrémiste sunnite Etat islamique (EI) et qui ont coûté la vie à 142 personnes dans deux mosquées de la capitale, contrôlée depuis septembre par la milice chiite des Houthis.
Le Yémen s?enfonce ainsi un peu plus dans le chaos, avec une grave crise politique, un territoire morcelé et des violences impliquant plusieurs groupes armés, dont les Houthis et le réseau sunnite Al-Qaïda.
Dans son premier discours télévisé depuis sa fuite le mois dernier à Aden (sud), le président Hadi a promis de tout faire pour que ce soit "le drapeau de la République du Yémen (qui) flotte sur les montagnes de Maran (bastion des Houthis) à Saada (nord), et non pas le drapeau iranien".
"L'école du (chiisme) duodécimain suivie en Iran ne sera pas acceptée par les Yéménites, qu'ils soient zaïdites (chiites) ou chafiites (sunnites)", a prévenu M. Hadi qui accuse Téhéran de soutenir les Houthis.
- "Extrémisme chiite, extrémisme sunnite" -
"L'extrémisme chiite, représenté par les Houthis, et l'extrémisme sunnite, représenté par Al-Qaïda, sont les deux faces d'une même pièce qui ne souhaitent ni le bien ni la stabilité du Yémen", a ajouté le président, dont l'autorité est contestée par ces deux groupes.
Face au chaos grandissant, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira dimanche après-midi en urgence à la demande de M. Hadi, ont indiqué samedi des diplomates.
Dans une lettre adressée vendredi à la présidence française du Conseil et dont l'AFP a eu copie, le président Hadi dénonce "les actes criminels des miliciens Houthis et de leurs alliés, qui menacent non seulement la paix au Yémen mais la paix et la sécurité régionale et internationale".
M. Hadi demande au Conseil "son intervention urgente de toutes les manières possibles pour mettre fin à cette agression". Il suggère que le Conseil impose des sanctions contre les fauteurs de troubles et prenne une résolution contraignante "pour dissuader les Houthis et leurs alliés et stopper leur agression (), notamment contre la ville d'Aden".
Le Conseil avait publié vendredi une déclaration dénonçant les raids aériens menés contre le palais présidentiel à Aden et l'aéroport international de la ville et soulignant que "le président Abd Rabbo Mansour Hadi représente l'autorité légitime".
Al-Qaïda est très actif dans le sud et le sud-est du Yémen, où des affrontements meurtriers (29 morts) ont opposé vendredi à Lahej des combattants du réseau extrémiste et des séparatistes sudistes d'une part aux forces de sécurité d'autre part.
Cette dégradation de la situation a poussé des militaires américains et yéménites à évacuer la base aérienne Al-Anad, dans la province de Lahej, a rapporté une source militaire yéménite.
Les militaires sur cette base sont chargés de la collecte de renseignements pour les attaques de drone contre Al-Qaïda.
Samedi soir, les Etats-Unis ont annoncé qu'ils avaient évacué tout leur personnel encore présent au Yémen.
Le président Hadi a été informé de cette décision et a reçu l'assurance que Washington "continuera à engager le peuple yéménite et la communauté internationale à soutenir fermement la transition politique au Yémen", a indiqué le porte-parole du Département d'Etat Jeff Rathke dans un communiqué.
"Nous continuerons également à surveiller activement les menaces terroristes venant du Yémen", a affirmé encore M. Rathke.
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