En ce moment : Paris-Seychelles - JULIEN DORE Ecouter la radio

En ce moment
abonnement

Cherbourg-en-Cotentin. Capitaine de flottille, Sophie, la reine… mer

Artisanat. Élevée au biberon d'eau de mer : Sophie Leroy, capitaine de l'Armement cherbourgeois, le pied marin et une volonté de faire.

Cherbourg-en-Cotentin. Capitaine de flottille, Sophie, la reine… mer
Sophie Leroy devant la maquette de l'un de ses chaluts, le Mariebelise, dont le nom est issu notamment de la contraction des deux prénoms de ses enfants, Benjamin et Elise. L'Armement cherbourgeois de la famille Leroy compte aujourd'hui cinq chaluts reconnaissables par leurs coques rouges. - Philippe Bertin

C'est une histoire de pêche et de famille, l'un ne va pas sans l'autre. Et au milieu, voguent cinq beaux chaluts qui font la fierté et le quotidien de Sophie Leroy, quarante-sept ans, patronne avec son mari David, quarante-neuf ans, de la flottille de pêche de l'Armement cherbourgeois.

Elle comme lui sont tombés dans la marmite d'eau de mer quand ils étaient petits : les grands-parents du couple étaient déjà à la manœuvre à la criée sur le port et à bord des bateaux de pêche. Ils ont suivi le cap familial. A-t-elle jamais pensé un jour faire autre chose ? Sophie, la capitaine du navire amiral de la famille qui compte aujourd'hui une soixantaine de salariés répond d'un sourire : "J'ai bien essayé un an de comptabilité, mais je me suis vite aperçue que ce n'était pas pour moi."

Pour elle, c'est la mer, avec ce caractère qu'on lui connaît sur les quais de Cherbourg. Dans ce monde d'hommes et parfois rude, pour ne pas dire brut de pomme, être une femme était autrefois, dit-elle, un avantage. "Parce qu'on me respectait, même quand j'avais à pousser des gueulantes. Aujourd'hui, c'est différent. Les choses et les mentalités ont changé, les comportements aussi."

Elle dit cela en mesurant le chemin parcouru depuis qu'avec David, son mari, ils se sont lancé main dans la main dans l'aventure de la pêche en Manche, avec leur tout premier bateau, le Marie-Catherine acheté en 1998 aux enchères, à l'enveloppe, pour quelque sept millions de francs de l'époque. "On nous a traités de fous, on nous a dit qu'on n'y arriverait jamais." Ils ont prouvé le contraire : l'Armement cherbourgeois, vingt-quatre ans plus tard, compte cinq bateaux pour quelque 750 tonnes de poissons pêchés par an et par embarcation, soit aujourd'hui un chiffre d'affaires de 8 millions d'euros.

Une vie de famille qui marche sur l'eau

La flottille familiale, reconnaissable par ses bateaux aux coques rouges, approvisionne 60 % des apports de poissons de Cherbourg, toutes espèces confondues, maquereaux, dorades, thons, plies, merlans, bars, seiches, aiglefins, etc. Sophie tient à une vraie saisonnalité : l'hiver la pêche se fait en Manche ouest, et aux beaux jours en Manche est. Tout le poisson récupéré à bord des chaluts débarque à la criée, revendue en direct chaque jour aux mareyeurs et poissonniers du Cotentin et d'ailleurs. Une campagne de pêche par bateau s'étale sur six jours. L'activité serait idéale si elle n'était pas encombrée, dit Sophie, de contraintes réglementaires européennes de plus en plus lourdes. Les quotas de pêche en font partie, et c'est parfois à contre-courant selon elle. "Aujourd'hui, il n'y a jamais eu autant de poissons et pourtant, on doit en remettre à la mer à chaque sortie. Cela devient complètement aberrant. Nos pêches sont établies par Bruxelles sur des quotas en complet décalage avec la réalité des ressources."

Une chose est sûre : la flottille du couple ne sera pas reprise par leurs deux enfants. Sophie ne l'envisage pas une seule seconde : "Je veux avoir une vie de famille sereine. Céder son entreprise à ses enfants peut s'avérer délicat et problématique." Bon sang ne saurait pourtant mentir : le garçon et la fille de la fratrie marchent aussi sur l'eau : Benjamin, 24 ans, navigue à bord des Abeille, les remorqueurs en haute mer, et Elise, 21 ans, travaille dans l'assurance maritime au Havre. "Je suis très fière d'eux", dit Sophie.

Reine mer et heureuse de l'être.

À l'eau, la terre !

Cherbourg-en-Cotentin. À l'eau, la terre !
Chalut armement cherbourgeois - Philippe Bertin

À terre comme en mer, l'Armement cherbourgeois, c'est une belle histoire.

Les rillettes des Travailleurs

Du poisson de
l'Armement cherbourgeois

Sophie Leroy et Guillaume de Lestrange, le patron de la brasserie des Pieux Les Travailleurs de l'amer, qui tient boutique sur le port de Cherbourg, ont signé un partenariat commercial original : les rillettes vendues par les Travailleurs proviennent des poissons débarqués par les chaluts de l'Armement cherbourgeois chaque jour à la criée de Cherbourg. Plusieurs recettes sont proposées par les Travailleurs, en complément de leurs bières artisanales, notamment des rillettes aux maquereaux, merlans, dorades.

À la manœuvre

Des difficultés
pour recruter

En ces temps de post-confinement, beaucoup de navigateurs ont souhaité se reconvertir à terre après les périodes de pandémie. Résultat : l'Armement cherbourgeois fait de plus en plus appel à une main-d'œuvre étrangère. Dans un premier temps, de nombreux matelots étaient d'origine portugaise, aujourd'hui ils sont en grande majorité sénégalais. Tous métiers confondus, l'entreprise compte aujourd'hui une soixantaine de salariés.

Quelle histoire !

La saga
des Leroy

Les parents et grands-parents du couple travaillaient dans le commerce du poisson. La grand-mère de Sophie, née Lepoitevin, vendait le produit de la pêche au marché de Saint-Vaast-la-Hougue pendant la guerre. Ses parents, Jean dit Nono et Aimée, travaillaient tous deux à la criée de Cherbourg. David Leroy est aussi un enfant de la mer : son papa était patron-pêcheur. Le couple Leroy s'est connu enfant. "Mon futur mari était le copain de mon frère", dit Sophie. Tous deux sont parents de trois enfants, dont une fille Marie-Charlotte, décédée à la naissance.

Ohé du bateau

Marie-Catherine,
premier de la flottille

Le tout premier bateau de l'Armement cherbourgeois fut le Marie-Catherine, un chalut aujourd'hui immatriculé en Croatie et utilisé pour la pêche à la crevette. Sophie et David ont acheté ce bateau aux enchères, en 1998. Le Marie-Catherine avait fait pendant douze ans des campagnes de pêche au thon dans les eaux bretonnes aux côtés du Bugaled Breizh, qui a fait naufrage en 2004, dans des circonstances troublantes.

Newsletter
Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Lire les journaux
Petites Annonces
Immobilier
MAISON BREHAL
MAISON BREHAL Bréhal (50290) 400€ Découvrir
Maison meublée bail 1 an LOUVIGNY
Maison meublée bail 1 an LOUVIGNY Louvigny (14111) 2 000€ Découvrir
Bretagne, 22 - Plestin-les-Grèves St-Efflam, loue meublés...
Bretagne, 22 - Plestin-les-Grèves St-Efflam, loue meublés... Plestin-les-Grèves (22310) 0€ Découvrir
loue très beau chalet...
loue très beau chalet... La Bresse (88250) 0€ Découvrir
Automobile
Caravane GRUAU Tradition 40 CP
Caravane GRUAU Tradition 40 CP Rouen (76000) 2 500€ Découvrir
Renault Megane
Renault Megane Coutances (50200) 2 000€ Découvrir
Vends Mercedes Classe A
Vends Mercedes Classe A Argences (14370) 29 000€ Découvrir
Tiguan
Tiguan Hérouville-Saint-Clair (14200) 9 900€ Découvrir
Bonnes affaires
Lit clos breton
Lit clos breton Pleumeur-Bodou (22560) 750€ Découvrir
Armoire ancienne
Armoire ancienne Caen (14000) 0€ Découvrir
Pots de buis
Pots de buis Caen (14000) 0€ Découvrir
Vide maison
Vide maison Cauvicourt (14190) 0€ Découvrir
L'application mobile de Tendance Ouest
Inscrivez vous à la newsletter
La météo avec Tendance Ouest
Les pronostics avec Tendance Ouest
Votre horoscope du lundi 6 mai
Les jeux de Tendance Ouest
L'emploi avec Tendance Ouest
Films et horaires dans vos cinémas en Normandie
L'agenda des sorties de Tendance Ouest
Les concerts avec Tendance Ouest
Les replays de Tendance Ouest
Cherbourg-en-Cotentin. Capitaine de flottille, Sophie, la reine… mer