Le football, c'est bien sûr la Coupe du monde au Qatar, c'est le Ballon d'or, les jets privés… et les marabouts. Mais ce sont surtout des centaines de bénévoles qui œuvrent à longueur d'année sur les terrains de nos communes avec l'ambition de permettre à des gamins de faire du sport, de partager les moments de bonheur des victoires, de se soutenir en cas de défaites. Bref, de partager ensemble des moments de vie qui resteront inoubliables.
"On essaie de développer au quotidien la pratique du football, des petits jusqu'aux seniors garçons, le foot en marchant, le foot partagé, le futsal, explique Frédéric Orthiz, directeur du district de l'Orne qui est à la tête d'une équipe de six salariés dont un alternant, mais on a surtout beaucoup de bénévoles, d'élus, de gens dans les commissions, qui font tourner la boutique." Depuis la pandémie de Covid-19, la tendance dans l'Orne est à une déperdition du nombre des licenciés "dans le football traditionnel en compétition, on perd des seniors masculins".
Les comportements ont changé
"La plupart des gens veulent jouer au foot avec qui ils veulent, avec leurs règles, lorsqu'ils en ont envie et ne plus s'imposer de contraintes d'entraînements ou d'horaires de déplacements pour aller disputer des matchs de championnat, constate le directeur. c'est à nous de nous adapter, il faut sortir du cadre rigide qui consiste à dire que le football c'est le samedi à 15 heures, après trois entraînements obligatoires chaque semaine. On doit compenser avec de nouvelles pratiques comme le foot loisir ou le foot en marchant." C'est aussi la création d'un championnat à sept chez les U15, qui a très bien mobilisé, "le but c'est que les gens pratiquent du foot". Une autre raison qui compense le départ de footballeurs, c'est l'arrivée de plus en plus de féminines dans le football, "avec cette année un très bon championnat senior en interdistrict normand, mais aussi avec une D1 et une D2 ornaise à deux groupes ".
"J'ai du mal à imaginer que le football puisse passer sport numéro deux
en France"
La ruralité ne semble pas problématique, "il y a un vrai travail de concertation en bonne intelligence dans des ententes, notamment entre équipes de jeunes de communes voisines, c'est important pour ne pas perdre la vie des villages ou bien souvent il ne reste guère que la boulangerie et le club de foot. Le football a aussi cette vocation de rassembler les gens".
La saison actuelle est la dernière avant une restructuration des championnats "il y avait trop de clubs en Ligue, il faut redonner de la valeur à l'échelon départemental, avoir des derbys à enjeux, plutôt que d'être dans l'anonymat d'un championnat qui contraint à faire des centaines de kilomètres, chaque week-end". Quant à la Coupe du monde en décembre, Frédéric Ortiz craint que contrairement à ce qui se passait d'habitude, elle ne ramène aucun enfant vers le football, "car depuis la rentrée de septembre ils sont déjà engagés dans d'autres activités sportives ou culturelles".
Les infrastructures sportives sont mises à la disposition des clubs par les collectivités. Exemple à Flers, où un nouveau terrain de foot synthétique est en cours de construction.
Les infrastructures sont réalisées par les communes, comme à Flers, où un terrain synthétique de foot à onze est en cours de construction sur le site du Hazé. Il n'y aura plus besoin d'arroser, de fertiliser, ni de tondre le gazon. Ce terrain est très attendu par les quatre cent soixante footballeurs flériens, car il pourra être utilisé par temps même pluvieux sans risque d'un excessif piétinement de la pelouse sur laquelle plusieurs matchs pourront s'enchaîner durant la même journée.
Quatre mois de travaux
Les travaux ont débuté fin août, vingt centimètres sous la future pelouse, avec la pose d'un drainage, de graviers, d'une couche de souplesse en liège et du gazon synthétique. Une main courante entourera le terrain. Tout devrait être achevé pour la fin de cette année et ce nouveau terrain permettra alors de disputer y compris des compétitions officielles, évitant reports de matchs et autres désagréments de calendriers même par mauvais temps. Ce chantier inclut aussi un éclairage à base de projecteurs de type Led, dont la puissance s'adapte à la luminosité ambiante et de la remise aux normes d'une tribune de deux cent cinquante places, pour un coût total d'environ 1,2 million d'euros, le prix de l'indépendance face aux caprices de la météo ! Heureusement pour le budget municipal, l'Europe, l'État, la Région, l'Agence nationale du sport, la Ligue de football de Normandie subventionnent le chantier pour environ huit cent mille euros.
La section foot Élite du collège de Gacé permet aux ados de vivre leur passion tout en suivant une scolarité normale.
"En 1978, on manquait d'infrastructures pour permettre aux jeunes Ornais de s'entraîner dans de bonnes conditions", explique Antoine Jumel, professeur d'EPS au collège de Gacé, responsable de la section football Élite depuis vingt ans. "À l'initiative d'Albert Debotté qui était gestionnaire du collège mais aussi conseiller départemental, la section foot a vu le jour." L'internat a accueilli les meilleurs jeunes Ornais pour qu'ils s'entraînent tous les jours. Plus de quarante ans après, c'est toujours le cas, afin de "permettre aux jeunes d'avoir un entraînement quotidien sur le temps scolaire, digne d'un centre de formation qui n'existe dans aucun club ornais ".
Objectif : haut niveau
L'emploi du temps est condensé, sans aucune heure de permanence, mais avec de l'étude à l'internat. Le week-end, Tom Carbonnier est à l'US Alençon, Saïd Liger et Hugo Trouvet sont au FC Pays d'Argentan, Florian Poret joue à la Ferté-Macé. En semaine, tous sont internes au collège Jean-Moulin, en classe de troisième foot Élite. "Je suis arrivé en sixième option foot, puis en quatrième en section sportive d'excellence pour progresser", explique Tom, dont l'objectif est d'obtenir son brevet et d'intégrer la section foot au lycée Littré d'Avranches (Manche) "pour aller encore plus loin dans le foot". Saïd vient du collège Foch à L'Aigle, il est arrivé à Gacé en quatrième, "pour progresser le plus possible et essayer de monter au haut niveau". Lui aussi ambitionne d'avoir son brevet et d'intégrer Littré. Hugo, lui aussi venu de L'Aigle, est arrivé à Gacé en quatrième "dans le but de progresser, c'est une bonne section qui a bonne réputation". Lui aussi espère avoir son brevet et être pris à Avranches. Florian, lui, était au collège Saint-Nicolas de Villaines-la-Juhel (Mayenne), avant d'intégrer la quatrième à Gacé. "Mon ambition est d'avoir mon brevet, puis d'être pris dans un pôle ou centre de football, pour devenir premier gardien."
Un emploi du temps millimétré
Le lundi et le vendredi, ils ont cours jusqu'à 17 heures, le mardi et le jeudi jusqu'à 15 h 15. Puis, c'est l'entraînement. Le mercredi est rythmé par les cours le matin et les matchs UNSS l'après-midi. Quinze heures de foot par semaine et du futsal en hiver : "Au départ, c'est physiquement compliqué, mais fil du temps on prend le rythme", expliquent les ados qui, durant les vacances, ont un programme à respecter "pour rester dans le rythme. Et s'il y a des différences de niveau entre nous, il faut tirer le groupe vers le haut". Tous soulignent la bonne ambiance à l'internat, mais la sélection est âpre : soixante candidatures, douze jeunes retenus lors de la dernière session, "sur leur potentiel, leur profil humain et mental, précise Antoine Jumel. L'idée est qu'on leur permette de vivre leur passion tout en gardant un bel équilibre de vie malgré la concurrence de la télévision et la mentalité du foot professionnel, qui n'est pas le modèle que l'on prône. Mais ces jeunes sont souvent parmi les meilleurs élèves du collège, avec un très bon état d'esprit", conclut l'enseignant. Ils n'ont pas le choix : si leurs notes sont mauvaises, les collégiens sont privés de foot et ils doivent réviser…
Son rôle est indispensable sur le terrain. Luc Lemaître vient d'être validé arbitre par le District de football de l'Orne.
Luc Lemaître, 23 ans, a été validé arbitre au mois de septembre, rattaché au club de Saint-Germain-du-Corbéis. Il a déjà arbitré huit rencontres seniors, en D2 et D3.
Pourquoi être devenu arbitre ?
Je suis fan de football depuis que j'ai douze ans, j'ai seulement joué pendant un an quand j'étais petit, mais j'ai arrêté car je n'arrivais pas à lacer tout seul mes chaussures de foot ! Quand je regardais à la télévision les matchs de mes clubs préférés, Lyon et Arsenal, je râlais contre les décisions d'arbitrage. Ça a été l'électrochoc, je me suis dit, "tu n'as qu'à t'y mettre".
Comment devient-on arbitre ?
Ça a d'abord été, en mars 2022, une formation d'un week-end pour apprendre les bases, organisée par le District pour devenir arbitre stagiaire. Puis, en septembre, une validation pratique après observation durant un match. Je pratique le tennis de table et le tennis, mais ça me permet de conserver un pied dans le foot sans subir les contraintes des séances d'entraînement, je n'ai pas le temps.
Et après quelques matchs ?
Ça me plaît, je suis un des acteurs du match, mais à la mi-temps, je me retrouve tout seul dans mon vestiaire. Ça fait grandir, ça donne de l'autorité, ça permet de faire pratiquer le football qu'on aime voir. Il faut bien réagir à tout ce qui peut arriver. Quand je prends une décision, je suis sûr de moi, sinon je ne siffle pas. J'essaie de promouvoir le jeu, de ne pas siffler immédiatement les petites fautes, de laisser jouer. Mais ça ne m'empêche pas de mettre un carton.
Ce sera la grande nouveauté de la prochaine saison de football dans l'Orne : les matchs de D1 seront retransmis en direct.
Ce sera la nouveauté de la prochaine saison de football : les matchs seront retransmis en direct. "On va mettre une caméra à la disposition des clubs", explique Mathis Charbonnier, qui travaille à ce projet au District de l'Orne. "On essaie de trouver la plus simple d'utilisation pour que chaque club puisse l'utiliser facilement." Elle sera positionnée au bord du terrain, sur un mât soutenu par un trépied, il n'y aura qu'un bouton marche/arrêt pour qu'un bénévole puisse s'en occuper sans formation particulière. L'intelligence artificielle permettra de suivre automatiquement l'action de jeu et les images transmises par la 4G pourront être suivies en direct, en streaming, sur une télé, un ordinateur ou un smartphone. Les douze clubs de foot de la future D1 de l'Orne sont concernés et le replay pourra être mis à disposition de chaque entraîneur pour débriefer le match avec ses joueurs. "Le but est que le foot amateur ressemble de plus en plus au foot professionnel, de lui donner un coup de boost, d'essayer de séduire un maximum de jeunes qui, aujourd'hui, ne regardent que le foot pro", explique Mathis.
L'ambition est aussi de remobiliser autour de chaque équipe sans avoir à faire des kilomètres tous les week-ends, avec des réunions de supporters au club-house des clubs en toute convivialité devant une télé, alors que les joueurs disputent le match à l'autre bout du département. "Et pourquoi pas imaginer un multiplexe des rencontres de D1 ornaises ?", se prend à rêver Mathis…
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