![[Enquête] Caen. Le groupe Hamelin, roi du cahier](https://medias.tendanceouest.com/photos/1200/401632/)
En ces mois d'été, la chaleur se fait ressentir dans l'usine Hamelin de Caen. "Lorsqu'il faisait 39 degrés à l'extérieur, c'était compliqué", confie Martial Ardant, directeur général France du groupe Hamelin. Dans cette usine de plus de 30 000 m2 installée au bord du périphérique nord de la ville, 200 millions d'articles de bureau sortent chaque année. Les machines tournent, non pas à plein régime, le pic d'activités étant passé, mais assez pour continuer la production. "Ce que nous produisons actuellement est destiné à réapprovisionner les stocks pour la rentrée." Au fond de l'usine, où le bruit des machines en production ne se fait quasi plus entendre, se trouvent les rouleaux de papiers. "On achète différentes bobines de papier. Les grammages varient de 60 à 90 grammes. On a aussi plusieurs qualités de papier. Pour la marque Oxford, il est extrêmement blanc et lisse. Ce papier vient des quatre coins de l'Europe et de forêts gérées durablement." Les cahiers sont les produits phares de l'usine de Caen. Ils représentent 60 % de la production. Pour les fabriquer, "il y a plusieurs types de machines, dont celles qui font des cahiers piqûres ou celles qui font les cahiers à spirale. Elles marchent toutes quasiment de la même manière". Au total, 25 machines sont présentes dans l'établissement. Pour la conception, une bobine de papier est amenée par un véhicule, ensuite les carreaux sont imprimés, la couverture vient s'insérer puis, en fin de chaîne, les cahiers sortent et sont empaquetés, le tout "en quelques secondes".
60 000 palettes stockées
Une fois dans les cartons, ils sont mis sur palettes avant "d'être emmenés via camion dans notre entrepôt à Mondeville". Là-bas, une soixantaine de personnes réceptionnent les quelque 60 000 palettes stockées avant d'être envoyées chez les clients. Avant de concevoir les cahiers, les couvertures sont créées sur une autre machine de l'usine. "Là, on les pellicule", explique René Marquet, qui travaille dans l'entreprise depuis 40 ans. En temps normal, René Marquet n'est pas à ce poste-ci. Il travaille un peu plus loin, à l'imprimerie. "On développe en interne notre design, on choisit les couleurs et on imprime nos couvertures, tout est fait en interne", ajoute Martial Ardent. "Il faut respecter les compositions, mettre des valeurs spécifiques pour avoir le bon résultat", précise l'imprimeur. De nombreux postes existent au sein de l'entreprise et coopèrent. "Nous avons des équipes de réception et de caristes au début de la chaîne. Des imprimeurs pour la partie impression", détaille le directeur général. Ensuite, dans la partie transformation, on trouve un conducteur de ligne en charge de "faire fonctionner la machine", un aide conducteur de ligne et un papetier "qui conditionne les produits". Sans oublier toutes les fonctions supports : la maintenance, la cellule approvisionnement, les méthodes ou la logistique. Anthony Hardy est le responsable logistique : "Nous devons notamment alimenter les lignes et chercher les fournitures pour les chaînes de production." Un maillon essentiel de la chaîne où travaillent une vingtaine de personnes.
Découvrez le groupe Hamelin en chiffres.
400 millions d'euros
C'est le chiffre d'affaires du groupe Hamelin sur une année. Le groupe est leader sur le secteur de la papeterie.
Trois
C'est le nombre de sites présents en France. Le premier à Caen est spécialisé dans la conception de cahiers. Le deuxième est également dans le Calvados, à Argences. Cette usine fabrique des produits de classements comme les classeurs, chemises, protège-documents, etc.
Enfin, le dernier site du groupe est à Angoulême (Charente), où sont produits les agendas.
100 millions
Chaque année, près de 100 millions de cahiers sortent de l'usine de Caen. C'est le marché le plus important. Au total, 200 millions d'articles en tous genres sont fabriqués sur ce site.
Deux
C'est le nombre de cahiers de la marque Oxford vendus chaque seconde.
1864
La société Hamelin a été créée en 1864, dans le centre de Caen. Elle s'est ensuite installée au niveau du périphérique dix ans plus tard. Il s'agissait au début de la fabrication de registres comptables. En 1917, la marque Oxford est créée.
300
Jusqu'à 300 personnes sont présentes sur le site de Caen lors des pics d'activités qui ont lieu de décembre à juin.
Quel a été l'impact de la crise du papier sur l'entreprise Hamelin ?
Lorsqu'on interroge Martial Ardant, directeur général France du groupe Hamelin, sur l'impact qu'a eu la crise du papier sur l'entreprise, sa réponse est assez claire : "La crise n'est pas terminée", assure-t-il. "Il y a eu un déséquilibre entre l'offre et la demande à partir d'août l'année dernière, explique le directeur. Des papetiers ont fermé des unités de fabrications, ce qui a fait augmenter les prix." Avec l'e-commerce en pleine expansion, certaines entreprises ont notamment décidé de transformer leurs unités de production "pour fabriquer, non plus du papier mais du carton d'emballage, car c'est un marché qui progresse énormément".
20 à 25 % plus chers
Ce n'est pas la seule cause de cette crise du papier : "En février, la guerre en Ukraine a eu de nombreuses conséquences, notamment le déclenchement de la crise de l'énergie", poursuit-il. "La papeterie est un secteur extrêmement énergivore et les fabricants de papiers ont dû répercuter la hausse du coût de l'énergie dans leurs prix." En effet, l'entreprise Hamelin a été doublement impactée face à l'augmentation du coût de l'énergie. D'une part, les fournisseurs qui transforment le bois en bobines de papier ont besoin de beaucoup d'énergies, ils ont donc "augmenté les prix des bobines. Aujourd'hui, le prix a presque doublé".
"Nous n'avons répercuté qu'une partie des hausses dans nos prix"
D'autre part, les machines de l'entreprise Hamelin qui fabriquent les cahiers et autres fournitures ont besoin, là aussi d'énergie. "Le prix a quasiment triplé", confie Martial Ardant. Désormais, les prix des bobines notamment sont très variables, "ça change tous les mois, alors qu'avant, c'était assez stable". Du côté de la production de l'entreprise, cette crise n'a pas d'impact : "Nous arrivons toujours à nous fournir en papier, mais les délais selon les fournisseurs peuvent être un peu plus longs."
Pour faire face à cette augmentation de coût, l'entreprise a décidé d'augmenter ses prix de ventes de la rentrée, mais seulement en partie : "Nous n'avons répercuté qu'une partie des hausses dans nos prix car ils sont fixés très en amont de la rentrée. Le prix du papier a, lui, évolué de façon régulière, sans visibilité. Il était trop tard pour répercuter les hausses." Par rapport à l'an dernier, un cahier va donc être 20-25 % plus cher. "Au lieu de l'acheter 2 €, il sera à 2,50 €. Cela reste une valeur symbolique. Il faut relativiser parce qu'un cahier est utile tout au long de l'année scolaire, beaucoup de savoir sont dans ses pages. Cinquante centimes, c'est ce qu'on peut dépenser chaque jour dans un café."
La rentrée 2023
Une autre partie des hausses du coût de l'énergie sera répercutée en septembre 2023, "mais nous n'avons pas encore beaucoup de visibilité pour la prochaine rentrée". Cependant, "il semble que le prix de l'énergie va continuer d'augmenter. Nous allons continuer d'analyser l'évolution du marché".
Il n'y a pas que la rentrée de septembre qui est importante pour l'entreprise Hamelin.
S'il y a bien une période dans l'année qu'une entreprise spécialiste en fournitures scolaires et papeteries de bureau ne doit pas manquer, c'est bien celle de la rentrée de septembre. Pour que tout se passe au mieux, l'anticipation est le maître mot. "Dès le mois de septembre, on présente nos innovations à nos clients pour la rentrée de 2023", explique Martial Ardant, directeur général France du groupe Hamelin. Rien n'est laissé au hasard et tout est choisi des mois à l'avance.
Préparer la rentrée 2024
Le pic de production a lieu de décembre à juin. C'est à ce moment que sont fabriquées les fournitures destinées à être mises en rayon pour la rentrée. "On attend les commandes de nos clients pour connaître le volume à produire à chaque reprise. Habituellement, dès le mois de janvier, nous avons connaissance du nombre de cahiers à fabriquer." Durant cette période cruciale, l'entreprise fait appel à des intérimaires : "Une trentaine voire une quarantaine de personnes viennent nous aider sur le site de Caen. Il s'agit d'un marché extrêmement saisonnier."
Pour le directeur, "chaque mois est important", même s'il reconnaît que la rentrée est un moment essentiel pour l'entreprise : "Cela représente deux tiers de notre activité." En parallèle de la production, les équipes commerciales "vont sur le terrain" et les équipes marketing réfléchissent d'ores et déjà à la rentrée 2024.
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