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[Enquête] Caen. Le centre-ville s'élargit

Commerce. Les commerçants peinent à trouver des locaux pour s'installer dans le centre-ville de Caen. Certains font le choix de s'excentrer et y trouvent de nombreux avantages.

[Enquête] Caen. Le centre-ville s'élargit
Les locaux disponibles en centre-ville se font rares à Caen.

"J'aurais préféré être en centre-ville", confie Will Bethus, torréfacteur qui va ouvrir mi-mai sa boutique Les Cerises du café, rue de Vaucelles à Caen. Son cas n'est pas isolé. Désormais, nombreux sont les commerçants qui peinent à s'installer dans ce secteur prisé. "Il n'y a pratiquement plus de place, beaucoup de petits locaux ont trouvé preneur, c'est un signe de bonne santé du territoire", souligne Sylvie Orcier, commerçante et présidente de l'association Les Vitrines de Caen. Le taux de vacance des locaux commerciaux dans l'hypercentre est de 5,2 % et, dans le centre-ville étendu, de 7 %. Cela correspond à 106 cellules vacantes sur 1 514. "Ces taux englobent les locaux vides pour lesquels un projet est en cours." Ce qui explique notamment que ces chiffres soient si bas, alors que "des personnes ont l'impression qu'il y a de nombreux emplacements vides". Ce manque de place, Sylvie Orcier l'a remarqué depuis "6,8 mois. Nous avons des demandes de porteurs de projets qui ne trouvent pas de locaux dans le centre, c'est-à-dire de la place Fontette à la rue Neuve Saint-Jean".

Emplacement 1bis et 2

Cela s'explique notamment parce que les franchises ne s'installent que dans l'hypercentre, comme dans la rue Saint-Pierre, la rue de Strasbourg ou encore la rue de Bras. "C'est saturé, confirme Sylvie Orcier. Désormais, les porteurs de projets qui veulent ouvrir un concept store n'hésitent pas à aller sur les rues adjacentes, c'est ce qu'on appelle les emplacements 1bis et 2, mais même ces rues-là commencent à saturer." Le turn-over est faible et les futurs gérants de magasins "arrivent tous sur le marché en même temps en raison des confinements et de la Covid-19 qui avaient un peu ralenti les choses". Exemple avec Will Bethus, qui a créé sa société dans l'idée d'ouvrir un magasin, mais "c'était en pleine période Covid, je trouvais cela risqué. Pour garder mon projet en tête, j'ai fait le choix, dans un premier temps, de travailler sur les marchés". Du côté des surfaces, difficile aussi d'obtenir ce que l'on souhaite. Les franchises recherchent des locaux allant de 100 m2 à beaucoup plus, un type de bien "impossible à trouver en ce moment". "Par exemple, j'ai eu deux demandes de magasins de bricolage qui voulaient entre 600 et 800 m2 en rez-de-chaussée, on n'a pas ce genre de surface en centre-ville. C'est dommage, mais ceux qui en cherchent des petites arrivent à trouver. Pour les plus grandes, c'est impossible dans le centre", ajoute Catherine Pradal-Chazarenc, maire adjointe au commerce.

Tiphaine Lelimouzin et Céline Barbot en sont les exemples parfaits. Les deux jeunes femmes viennent de trouver un local pour vendre des articles vintage, dans la rue Écuyère, un emplacement 1bis dans le jargon. "On voulait de la surface mais on a revu notre plan", explique Tiphaine. "Le secteur est essentiel, quitte à avoir plus petit", poursuit Céline. Pour trouver, il a fallu "être très réactives". Les deux jeunes femmes le concèdent, "c'est très cher en centre-ville". Pour ce local de 37 m2 dans la rue Écuyère, elles vont débourser 45 000 € de droit au bail et 900 €/mois de loyer.

"Plus de demandes que d'offres"

Caen. "Plus de demandes que d'offres"
Erwan David, gérant de l'agence immobilière Arthur Loyd à Caen.

Dans l'hypercentre de Caen, le marché des locaux commerciaux est tendu. Analyse avec Erwan David, gérant de l'agence immobilière Arthur Loyd à Caen.

Comment se porte le marché au niveau des locaux commerciaux ?

"Il y a plus de demandes que d'offres dans l'hypercentre, donc le marché est tendu. Cela peut s'expliquer par le fait qu'avec la Covid-19, c'était imprudent de se lancer ces dernières années. Désormais, les demandes s'accumulent."

Quelles rues coûtent le plus cher ?

"En termes de coût d'occupation, c'est-à-dire avec le droit au bail lissé additionné au loyer, les rues Saint-Pierre, de Strasbourg, du Moulin, de Bras, Froide, ou encore Belivet disposent de locaux commerciaux entre 400 et 800 euros du m2 HT par an. À l'inverse, sur l'Avenue du 6-Juin ou la rue de Vaucelles, où on atteindra un prix plancher, ce sera autour de 100-150 euros du m2. "

Est-ce pour ces raisons que certains commerçants s'installent hors de l'hypercentre ?

"Il y a avant tout différents types de commerces. Les Mass market, c'est-à-dire les magasins tout public, les franchises s'installent sur des emplacements numéro 1. Avec ces emplacements, il y a une garantie de fonctionnement, c'est-à-dire un chiffre d'affaires atteint plus vite et plus fort. Il y a ensuite les magasins de destination, qui sont ceux chez qui on se rend volontairement, parce qu'on recherche un produit. Ces derniers peuvent s'installer rue Demolombe ou Avenue du 6-Juin par exemple. Ces commerces n'ont pas grand intérêt à s'installer en hypercentre puisqu'il faut que le chiffre d'affaires et la marge soient importants pour couvrir les dépenses."

De nouvelles rues attractives pour les commerçants ?

Caen. De nouvelles rues attractives pour les commerçants ?
Michèle Lamotte a installé sa boutique de prêt-à-porter Avenue du 6-Juin.

Certains commerçants préfèrent s'installer hors de l'hypercentre. Certaines rues sont-elles plus attractives que d'autres ?

Face au manque de locaux disponibles dans l'hypercentre, certaines artères remportent un franc succès auprès des commerçants pour installer leurs activités. "La rue Arcisse-de-Caumont devient très attractive, plein de concept stores se sont installés, la rue Saint-Laurent aussi", indique Sylvie Orcier, présidente des Vitrines de Caen.

Création de quartiers commerciaux

Will Bethus, qui va ouvrir son affaire de torréfaction mi-mai, rue de Vaucelles, est satisfait de son emplacement. "Je suis sur un axe avec du passage, proche de la gare, d'un hôtel, du Moho, donc il y a des pôles d'activités autour." D'autres lieux changent de visage, c'est le cas du quartier Saint-Jean "Avant, les commerces étaient très portés sur l'alimentaire, désormais il y a de tout : des magasins de vêtements, de meubles, d'articles culinaires…", ajoute Sylvie Orcier. Autre exemple avenue du 6-Juin, où récemment un coiffeur et un magasin de meubles ont ouvert. "Ce qui attire, c'est quand on a plusieurs boutiques qui viennent s'installer. Si ça fait boule de neige et que d'autres magasins s'implantent, ça crée un nouveau quartier commercial."

Michèle Lamotte, gérante de la boutique de prêt-à-porter Le Dressing de Minette dans cette avenue, pense que c'est un lieu qui peut attirer car il est "très passant". Erwan David, gérant de l'agence immobilière Arthur Loyd à Caen, lui, nuance. Les rues "qui deviennent attractives l'étaient déjà avant".

S'excentrer, la solution idéale des commerçants

Caen. S'excentrer, la solution idéale des commerçants
La rue Saint-Pierre à Caen voit passer entre 37 000 et 56 000 personnes par jour.

Face au manque de place et au prix des loyers dans le centre, de nombreux commerçants font le choix de s'excentrer et ne sont pas déçus, au contraire.

Peut-être ne situez-vous pas bien la rue Sadi-Carnot. Cette dernière se trouve entre le cours du général de Gaulle et La Poste Gambetta. Hors de l'hypercentre, cette rue est passante et c'est d'ailleurs ce qui a motivé Sabine Pagnon à installer sa boutique de mariage Cymbelline ici, en 2019. "Nous avons besoin d'une belle visibilité et, à cet emplacement, c'est le cas. C'est un beau quartier avec des immeubles type haussmannien, et de nombreuses personnes passent par ici", explique la gérante, qui possède également un deuxième magasin, ouvert en 2010, place de l'Ancienne-Boucherie. Pour elle, le centre-ville n'est pas une condition sine qua non. "Nous n'avons pas besoin d'être dans l'hypercentre puisque, lorsqu'on rentre dans notre boutique, c'est pour un but précis : le mariage. Les gens ont fait une recherche avant et ne vont pas rentrer parce qu'ils ont vu la vitrine et réaliser un achat coup de cœur."

Plus de temps

Se situer en dehors du centre-ville, c'est aussi un autre moyen de commercer. "Certes il y a moins de personnes qui rentrent que si j'étais rue Saint-Pierre, mais ça me permet de prendre plus de temps avec mes clientes", insiste Michèle Lamotte, la gérante du magasin de vêtements Le dressing de Minette depuis 2018, avenue du 6-Juin. Il faut dire qu'avec les 37 000 à 56 000 personnes qui passent par jour dans la rue Saint-Pierre, les commerçants ne disposent pas d'un temps énorme avec chaque client. Une envie de temps partagée par Pascale Doinel, la gérante du magasin de prêt-à-porter et accessoires Entre cigale et fourmi, rue du Havre : "C'est une autre approche, je peux passer une heure avec mes clientes. Je propose également des expositions, les gens peuvent rentrer simplement pour regarder." Il lui fallait donc une surface importante, "que je n'aurais pas pu avoir en centre-ville en raison des prix".

Will Bethus, qui devrait ouvrir sa boutique de torréfaction Les Cerises du café, mi-mai, rue de Vaucelles, dispose d'un local de 42 m2 pour environ 800 euros par mois. À titre de comparaison, un local de 60 m2 coûte aux alentours de 2 500 € par mois de loyer dans la rue Saint-Pierre. "Je pense qu'en centre-ville, ça aurait été compliqué d'aménager le local comme je le voulais, c'est-à-dire d'installer mon torréfacteur. Ça peut-être assez coûteux et dangereux d'installer ce type d'appareil", détaille-t-il. Le torréfacteur voit aussi l'avantage de l'accessibilité : "Je défie quiconque de me dire à quel endroit c'est facile de se garer, dit-il le sourire aux lèvres. L'avantage avec cet emplacement, c'est qu'il y a le parking des Rives de l'Orne et des places gratuites un peu plus haut."

Un point fort indéniable en dehors de l'hypercentre, que soutient Pascale Doinel : "Il y a un parking juste en face de la boutique et c'est aussi accessible pour les personnes en situation de handicap." En s'installant dans une "rue de passage" plutôt qu'en centre, la commerçante a pris la décision d'ouvrir lors de la pause méridienne "car, avant de retourner au bureau, des femmes font un tour dans en magasin", et le dimanche matin, puisque le marché s'installe juste à côté, sur le port, ce jour-là.

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