Entre portée documentaire et recherche esthétique, ceette exposition met en valeur le travail photographique mené par Evelyn Hofer de 1953 à 1975 et expose des œuvres tout à fait inédites en France.
À la conquête de l'Amérique
Née en Allemagne, l'artiste fuit son pays à l'arrivée au pouvoir d'Hitler et part seule à la conquête de New-York, où elle arrive en 1946 alors qu'elle n'a que 24 ans. Précédemment initiée à la photographie en Suisse, elle rencontre à New-York le directeur artistique du Harper's Bazaar, Alexey Brodovitch, qui va l'introduire dans le monde du journalisme de mode. L'exposition présente d'ailleurs un exemplaire du Vogue du 15 novembre 1950 pour lequel elle réalise une photo de couverture : "C'est son intronisation dans la photo de mode, explique Camille Kerzerho, chargée des publics au centre photographique, mais très vite elle choisit de s'orienter vers le photoreportage, notamment pour le magazine Life." En 1974, elle réalise ainsi une série de portraits de couples mixtes qui viennent d'échanger leur consentement à la mairie de New York pour cet hebdomadaire emblématique, ainsi qu'un photoreportage en prison, tous deux visibles dans l'exposition.
Entre les murs et au-delà
"Le deuxième tournant dans sa carrière, c'est la rencontre avec l'écrivaine Mary McCarthy qui lui propose une collaboration pour illustrer son livre sur Florence en 1960. La photographe commence alors à concentrer son regard sur le bâti et cette commande va vraiment orienter sa production." En 1965, elle est sollicitée par l'écrivain V.S. Pritchett pour concevoir un livre sur New-York. "L'exposition est centrée autour de ce livre dont plusieurs exemplaires sont visibles en vitrine. Elle y dresse un état des lieux d'un New-York en pleine mutation urbanistique et sociétale, puisque secoué par les émeutes raciales", précise Camille Kerzerho. Ses photographies montrent des bâtiments qui seront bientôt détruits et ses portraits s'attachent à asseoir les personnages dans leur environnement urbain pour faire résonner le cadre paysager et l'humain.
Une pratique en marge
"Dans sa façon de faire des portraits, elle se démarque complètement de ses contemporains : autant William Klein mise sur l'instantanéité, autant les poses et le cadrage d'Evelyn Hofer sont toujours longuement réfléchis." Evelyn travaille majoritairement avec une chambre photographique. Or, ce matériel oblige les modèles à prendre le temps de choisir leur pose. Mais l'artiste s'est aussi distinguée par sa pratique précoce de la photographie couleur : "On découvre des photographies en couleurs dès 1953. Elle témoigne de son attachement pour la peinture et tire partie des langages visuels urbains bigarrés pour concevoir des plans sans aucune profondeur."
Pratique. Jusqu'au 11 juin au Centre Photographique Rouen Normandie. Gratuit. centrephotographique.com
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