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[Enquête] Seine-Maritime. Changer son rapport face à l'alcool

Santé. Le mois de janvier, avec Dry January, est l'occasion de s'intéresser à ses pratiques face à l'alcool. Il est difficile de se sortir d'une dépendance, mais des associations aident les malades. Diminuer sa consommation de quelques verres peut déjà avoir des effets bénéfiques sur sa santé.

[Enquête] Seine-Maritime. Changer son rapport face à l'alcool
Les Alcooliques anonymes organisent des réunions toute la semaine dans l'agglomération rouennaise.

Une bonne résolution pour certains, un défi pour d'autres voire un changement de comportement total. Le mois de janvier marque la nouvelle édition du Dry January, une idée importée de nos voisins d'outre-Manche visant à arrêter la consommation d'alcool après des excès pendant les fêtes de fin d'année.

Le parallèle entre tabac et alcool

Une initiative qui rappelle celle du Mois sans tabac, mais qui ne comprend pas les mêmes enjeux selon Alexandre Baguet, chef du service d'addictologie au CHU de Rouen : "Une faible dose d'alcool entraîne un faible risque pour la santé, ce qui n'est pas le cas pour le tabac." Le rapport entre la cigarette et l'alcool n'est ainsi pas le même "puisqu'il n'y a pas de faible dose de tabac sans toxicité". Alexandre Baguet rappelle ainsi ce conseil : "Deux verres d'alcool par jour et pas tous les jours." Mais prudence, puisqu'il s'agit là de verres de bistrot, et que les doses à la maison "ne sont pas toujours les mêmes". Le signe qui doit alerter, c'est l'accoutumance aux effets de l'alcool. "Si on s'aperçoit qu'au troisième verre, on ne ressent plus les effets que l'on ressentait avant, c'est là qu'il faut se questionner", alerte le Dr Baguet. Le risque étant de vouloir consommer plus d'alcool pour ressentir les mêmes effets sur le stress, la fatigue ou la désinhibition par exemple.

"Beaucoup de jeunes se sont
intéressés aux Alcooliques
anonymes lors du confinement avec des réunions en visio."

Face à l'alcool, "le plus grand danger, c'est soi-même", tient ainsi à rappeler Philippe, l'une des figures des Alcooliques anonymes à Rouen, abstinent depuis 26 ans. Il a vu "de nombreux jeunes" s'intéresser à l'association lors du premier confinement "grâce aux réunions organisées en visio", même s'il est difficile depuis de les faire participer aux réunions physiques. L'occasion d'expliquer qu'il y a "une frontière entre le plaisir et le besoin", comme le confirme Alexandre Baguet : "Quand quelqu'un prend un apéritif tous les soirs en rentrant du travail, est-ce encore pour se faire plaisir ou est-ce devenu une habitude ?"

"Il faut se rendre compte si l'on boit trop et se dire alors qu'il est nécessaire de lever le pied", poursuit le chef du service d'addictologie. La problématique est différente pour les malades alcooliques, qui "bien souvent ne doivent plus consommer du tout, même si certains arrivent à reprendre une consommation raisonnable". Pour autant, les témoignages et les parcours de vie des abstinents (lire ci-dessous) montrent qu'il suffit parfois de peu de choses pour devenir dépendant à l'alcool. "Quand quelqu'un se lève le matin et a les mains qui tremblent, qu'il ne peut calmer cela qu'en se servant un verre, c'est souvent là que viennent les inquiétudes", indique Philippe. Quand la consommation ne peut plus être maîtrisée par soi-même, il est alors nécessaire de se faire accompagner par les médecins puis entourer par sa famille ou des bénévoles d'association comme les Alcooliques anonymes.

"Diminuer sa consommation de deux verres peut déjà changer les choses"

Rouen. "Diminuer sa consommation de deux verres peut déjà changer les choses"
Alexandre Baguet est le chef du service d'addictologie au CHU de Rouen.

Alexandre Baguet, chef du service d'addictologie au CHU de Rouen, revient sur le Dry January et les conseils à donner pour réduire sa consommation d'alcool.

À la tête du service d'addictologie au CHU de Rouen, Alexandre Baguet donne quelques conseils pour mieux comprendre la consommation d'alcool de chacun.

Pourquoi faut-il s'intéresser
à sa consommation d'alcool ?

"Le fait de moins consommer de l'alcool, et pas forcément ne plus consommer du tout, a un impact réel sur sa santé. Il est donc intéressant de s'interroger sur ses pratiques. Diminuer sa consommation de quelques verres a déjà des conséquences bénéfiques sur la santé."

Comment le rapport à l'alcool évolue-t-il avec le temps ?

"Nous avons plus tendance à avoir des consommations ponctuelles et massives lorsque nous sommes jeunes, quand nous faisons la fête. Plus nous gagnons en maturité, moins nous faisons la fête, mais plus la consommation d'alcool se fait au quotidien. Mais dans les deux cas, il y a des conséquences pour sa santé et un impact."

Pourquoi n'est-il pas forcément nécessaire de bannir l'alcool comme le tabac ?

"De faibles consommations d'alcool ont de faibles conséquences négatives pour la santé. Donc, pour la plupart d'entre nous, il n'est pas nécessaire de viser forcément le zéro alcool, à part quelques situations comme la grossesse ou des personnes atteintes de maladie. Pour autant, il est faux de dire que de faibles doses d'alcool apportent des bénéfices pour la santé comme cela est parfois dit."

"C'est difficile de s'en sortir tout seul"

Témoignages. "C'est difficile de s'en sortir tout seul"
Les Alcooliques anonymes viennent en aide aux malades avec des réunions régulières dans l'agglomération rouennaise.

Alors que le mois de janvier marque une sensibilisation aux problèmes liés à l'alcool, rencontre avec des Rouennais qui ont pris le chemin pour se sortir de l'alcoolisme.

Depuis ses 16 ans, jusqu'à encore récemment, Maria a vécu en étant "entourée d'alcool". Âgée de 38 ans, cette Rouennaise est abstinente depuis un mois maintenant, après une rechute : "L'alcool est très sournois. Au travail, s'il m'arrive d'avoir une pensée pour l'alcool, je vais finir le soir chez l'épicier pour acheter une bouteille."

Afin de trouver une écoute attentive, elle se rend régulièrement aux réunions des Alcooliques anonymes à Rouen. "Dès que j'ai mis les pieds ici, j'ai su que c'était une maladie dont je souffrais et que je n'étais pas la seule dans cette situation-là. Il y a un effet miroir étonnant mais rassurant en écoutant le témoignage des autres", raconte Maria autour de la table comprenant une dizaine de personnes ce soir-là, lors d'une réunion dans le quartier ouest à Rouen.

Partager son expérience

Deux heures d'écoute et de partage dans la sérénité entre "les amis" comme les participants se qualifient. Maria retrouve d'ailleurs sa marraine, Marie-Jeanne, venue prendre part à la même réunion et partager elle aussi une partie de son expérience : "Il y avait dans mon entourage, une amie qui était pleine de vie comme moi, avant que je ne rencontre l'alcool. Je me suis alors dit que je pouvais redevenir comme cela." Une issue difficile à trouver qu'elle a pu concrétiser en se rendant régulièrement aux réunions : "Je voulais arrêter mais je n'arrivais pas, jusqu'à venir aux Alcooliques anonymes." Ces rendez-vous sont précieux pour accompagner de nombreux malades dans leur vie quotidienne et dans leur abstinence. "Le traitement médical est nécessaire pour se sevrer mais il faut aussi apprendre à vivre sans alcool en dehors du cabinet", souligne Philippe, figure bien connue des Alcooliques anonymes à Rouen.

"J'ai le désir d'arrêter mais 
l'alcool donne des pulsions, 
c'est quelque chose de fou !"

Abstinent depuis 26 ans, il est un ancien même s'il traverse une période difficile actuellement dans sa vie. "Le programme des Alcooliques anonymes permet de vivre tous les jours sans alcool", poursuit-il avec notamment une ligne téléphonique (09 69 39 40 20) que les malades peuvent appeler à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Lui-même arrive désormais à côtoyer la boisson sans la consommer. À l'occasion des fêtes de fin d'année, "j'avais une petite bouteille de champagne que j'ai ouverte pour quelques proches", raconte-t-il. Jusqu'au moment où, en partant, "[s]a belle-sœur [lui] glisse qu'elle voulait démarrer le dry january", rigole-t-il.

Mais d'autres ont vécu la période plus difficilement : "J'ai le désir d'arrêter mais l'alcool donne des pulsions, c'est quelque chose de fou", glisse Laurence, abstinente depuis trois jours lors de la réunion et qui a découvert les Alcooliques anonymes pendant le confinement avec des appels téléphoniques. Elle a repris la boisson lors des fêtes, "c'est encore pire d'arrêter après une rechute", indique-t-elle gardant tout de même l'envie d'en finir avec cette dépendance.

Un tiers des Normands boit de l'alcool toutes les semaines

En chiffres. Un tiers des Normands boit de l'alcool toutes les semaines
C'est le vin qui reste consommé le plus de façon hebdomadaire par les Normands, devant la bière et les autres types d'alcool.

Les autorités sanitaires ont publié les dernières statistiques sur la consommation d'alcool au sein de la population normande.

L'alcool est présent dans la vie de nombreux Normands. Selon le dernier bulletin de santé publique, paru en janvier 2020, 35,9% des adultes de 18 à 30 ans consomment de l'alcool de manière hebdomadaire dans la région (32,5% de moyenne pour la France). Sur une tranche plus large, comprenant tous les Normands de 18 à 75 ans, 7,9 % d'entre eux indiquent boire de l'alcool tous les jours. "Le nombre de Normands consommateurs quotidiens d'alcool diminue depuis une vingtaine d'années", souligne le bulletin de santé publique.

L'alcool fort en progression

Si le vin reste encore la boisson la plus consommée de façon hebdomadaire par les Normands devant la bière, les alcools forts sont de plus en plus prisés comme le whisky ou la vodka. 12,6 % des habitants de la région, âgés de 18 à 75 ans, en consomment ainsi chaque semaine, un chiffre plus fort que la moyenne nationale. La Normandie se situe, sur cet indicateur, en deuxième position, derrière les Pays de la Loire mais devant la Bretagne.

Par contre, les autorités sanitaires attirent l'attention sur la pratique des alcoolisations ponctuelles importantes (le "binge drinking") qui touche les jeunes de 17 ans. 19,1% d'entre eux consomment six verres ou plus en une seule occasion et cela au moins trois fois par mois. Des chiffres plus élevés que la moyenne nationale.

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