Alors que le procès du féminicide de Julie Douib vient de s'ouvrir à Bastia (Haute-Corse), les cas de femmes battues, voire tuées par leur conjoint en France, font hélas trop souvent la une de l'actualité. Citons dans l'Orne l'assassinat par son ami, en janvier 2021, de Laura Tavarès, à Alençon.
Les demandes et directives de la Chancellerie pour tenter de combattre ce phénomène sont nombreuses, mais visiblement les moyens sont insuffisants. Malgré tout, lundi 14 juin, le procureur de la République d'Alençon François Coudert a lancé un Comité pénal des violences intrafamiliales. Celui-ci regroupe police, gendarmerie, service de probation, services sociaux et structures d'accueil des femmes victimes de violences.
Déposer plainte
Il s'agit d'assurer un meilleur suivi des situations à risque de violences conjugales sur le ressort de son tribunal, mais aussi "de prévenir des situations criminelles pour l'avenir" et surtout "de cibler les cas de violence où la femme n'ose pas déposer plainte, ou dépose seulement une main courante, ou ne se voit pas encore comme victime des violences conjugales et a besoin d'être aidée par son entourage ou par des associations", explique François Coudert. "Il y a une part qui échappe à la justice et j'aimerais que nous arrivions à faire émerger davantage cette partie immergée de l'iceberg des violences conjugales. Je ne dis pas qu'on y arrivera, mais c'est sur ces situations que j'aimerais que nous arrivions à progresser. Il nous appartient, grâce à des échanges réguliers et en profondeur auprès de ces situations, de décrypter les signes avant-coureurs, pour en prévenir les effets les plus redoutables."
Pas assez de moyens humains
Ce Comité pénal des violences intrafamiliales va se réunir, idéalement toutes les semaines, même si le procureur d'Alençon déplore un manque de moyens humains pour le faire fonctionner. "Concrètement, il conviendrait d'avoir des moyens supplémentaires, les parquets ont une mission centrale en matière de violences conjugales, de prévention, mais aussi de lutte active contre ces violences conjugales, et pour autant leurs effectifs n'ont pas du tout été renforcés. Oui ou non, est-ce qu'il s'agit d'une cause nationale ? Si oui, il faut effectivement y consacrer davantage de moyens. Je crée ce comité, mais il faudrait beaucoup plus", explique-t-il. François Coudert estime que le nouveau Comité pénal des violences intrafamiliales pourra se réunir au moins une fois, mensuellement.
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