Pointu, précis, passionné. À 64 ans, François Casaÿs est une référence dans le petit milieu de l'enregistrement. Il est installé dans le quartier de la Croix de Pierre à Rouen, à la tête de son propre studio depuis 1987. Les cheveux longs grisonnants, la vapoteuse vissée au poing, c'est avec le calme des hommes de l'ombre qu'il se plaît à revenir sur son très riche parcours. "J'ai fait de l'orgue au conservatoire de Rouen et j'ai très vite dérivé sur les synthés." Dans les années 70, ces nouveaux instruments sont une petite révolution. Mais il faut une main experte pour être capable d'en tirer un son, de les programmer. Ce sera sa spécialité. En parallèle, il a son propre groupe de new wave, Blue Sound, avec lequel il a enregistré un 33 tours. "À l'époque, c'était pas mal", lance-t-il, un brin nostalgique.
Avec l'orgue, avec les synthés, "c'était déjà le son qui m'intéressait". Il prend alors la direction de l'école Louis Lumière, puis se fait la main dans différents studios. Après un passage de cinq ans chez Radio France, qui lui a beaucoup appris pour "les prises de son en jazz ou en classique", il se lance à son compte en 1987 et crée Accès Digital. Sa réputation d'excellent technicien n'étant plus à faire, le succès est quasi immédiat. Et le bouche-à-oreille se charge du reste dans ce petit milieu où tout le monde se connaît. Vincent Delerm ou Booba sont notamment passés chez lui. Mais ce ne sont jamais les noms que François Casaÿs cite en premier, le passionné revendiquant de se "spécialiser dans les musiques un peu underground qui se vendent à 10 exemplaires". Avec l'expérience, il privilégie le contact direct avec les groupes, même si le rythme a bien changé au fil des ans. "Avant, il fallait 20 jours d'enregistrement, maintenant c'est beaucoup plus court !", explique-t-il. Et pour cause, les groupes vendent moins de disques et ont donc moins de budget pour le passage en studio.
Bientôt la retraite ?
Pas de quoi en faire un partisan du "c'était mieux avant". C'est même tout l'inverse. Le passionné s'est toujours adapté, a été l'un des premiers à passer de l'analogique au numérique et est toujours resté à la pointe à force de travail. "C'est sept jours sur sept, 70 heures par semaine", explique-t-il, toujours posé. Et si les groupes ont besoin d'un coup de pouce, l'ingé son se fait producteur, comme pour le groupe rouennais Huit Nuits. Une seule chose pourrait le combler désormais : envisager une retraite en ayant passé le flambeau. Mais François Casaÿs n'a pas encore trouvé son successeur. Il n'est donc pas près de quitter sa console, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
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