"Je me cachais sous les couvertures avec la lampe torche pour lire après le couvre-feu familial." Les premiers souvenirs, livre en main, de Florence Coquin remontent à l'enfance. Ce côté espiègle se retrouve toujours au-dessus de son masque, au coin de ses yeux, lorsqu'elle sourit en cherchant encore plus loin d'où lui vient son amour des mots. On le retrouve dans son expression soignée et sa diction impeccable. "Quand je dormais dans la chambre de mes parents, dans mon lit à barreau, je racontais des histoires à mes poupées", se souvient-elle, songeuse. Sa carrière d'écrivain pouvait déjà sembler évidente.
Lever les freins
Mais la suite fut une succession d'actes manqués. D'abord, lorsqu'elle choisit d'abandonner ses études après le bac. Un petit job en tant que documentaliste dans un collège lui a amené ses premières joies professionnelles, quand elle tentait avec la modestie qui la caractérise toujours de "transmettre son amour des livres". Mais le chemin vers le métier de documentaliste lui paraît alors compliqué. Elle trouve un travail dans une administration publique, qu'elle ne quittera plus, même si ça n'a jamais été une vocation. "J'ai toujours tiré quelque chose de ce que j'ai fait professionnellement", affirme-t-elle malgré tout, en repensant avec envie à ces dix années comme formatrice. L'écriture n'est jamais loin. Lors de déplacements professionnels, au restaurant de l'hôtel, elle écrit dans son calepin, légèrement indiscrète, ce qu'elle voit autour d'elle. "Je me demandais pourquoi ce couple se disputait, comment ces personnes se connaissaient…", explique-t-elle. Et puis, viennent les deuils et la perte de sens. Sa mère. Un frère. "On est plus que 50 %, comme les Beatles", dira-t-elle à l'époque, comme pour chasser sa mélancolie avec son humour noir à la Desproges. C'est en écrivant l'éloge funèbre de son frère, que le besoin de s'exprimer par la plume se fait sentir. Elle passe un bilan de compétences qui fait office de déclic. C'est sa vocation, trop longtemps laissée de côté. Florence s'écoute enfin et se lance à son compte comme écrivain public. Surtout pour proposer des récits de vie. Des sortes de minibiographies qui se conçoivent comme des cadeaux familiaux. "Je suis très attachée aux choses qui demeurent", explique la mère de famille qui s'épanouit pleinement à 55 ans. Quitte à écrire son propre roman ? Reste encore des freins à lever. Difficile quand on a Zola comme idole et l'humilité en porte-étendard de se juger à la hauteur. Mais là encore, patience, comme le veut sa devise. "Il n'est jamais trop tard" pour faire ce que l'on aime.
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