"Jean-Marc Reiser a reconnu son implication exclusive dans le décès de la jeune étudiante, décès survenu dans son appartement le jour de la disparition de cette dernière", a indiqué le parquet de Strasbourg dans un communiqué, à la suite d'informations de BFMTV.
La procureure de la République Yolande Renzi précise que M. Reiser a "admis avoir démembré le corps afin d'en faciliter le transport, puis l'avoir dissimulé en forêt".
M. Reiser, mis en examen pour enlèvement, séquestration et assassinat, clamait son innocence jusqu'ici et dénonçait un "échafaudage de suppositions" en dépit de plusieurs éléments accablants.
Mais ces derniers mois, ses avocats avaient menacé de ne plus le défendre s'il ne faisait pas "évoluer" sa position.
Et alors que la juge Eliette Roux avait bouclé son instruction début décembre, M. Reiser avait lui-même sollicité une nouvelle audition, au cours de laquelle il est donc passé aux aveux.
"Rage"
Interrogé pendant environ deux heures par la magistrate, il a évoqué une "entreprise de séduction" de sa part "qui a mal tourné", a relaté l'un de ses avocats, Me Pierre Giuriato. Son client aurait ainsi essayé de "prendre la main" de la jeune femme qui aurait alors "repoussé cette avance".
M. Reiser, qui assure n'avoir pas cherché à agresser sexuellement Sophie Le Tan, explique alors être "entré dans une phase de frustration, de colère, de rage (...) Quelque chose a explosé en lui qui s'est matérialisé par des coups violents" porté à la jeune femme, a ajouté l'avocat.
M. Reiser, notamment mis en examen pour assassinat, qualification qui implique la préméditation et est passible de la réclusion à perpétuité, soutient au contraire ne pas avoir voulu tuer Sophie, a insisté Me Giuriato, selon lequel les aveux de son client s'inscrivent dans des "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", des faits moins sévèrement réprimées pénalement.
Jean-Marc Reiser, 60 ans, avait été arrêté en septembre 2018, quelques jours après la disparition de Sophie Le Tan, le jour de son 20e anniversaire.
Celle-ci n'avait plus donné signe de vie après s'être rendue à Schiltigheim, au nord de Strasbourg, pour visiter un appartement. M. Reiser, qui avait posté l'annonce immobilière, est rapidement devenu l'unique suspect.
Le squelette incomplet de la jeune femme avait été découvert plus d'un an plus tard, fin octobre 2019, dans une forêt vosgienne, à Rosheim (Bas-Rhin), une zone où M. Reiser se rendait régulièrement.
Malgré les dénégations du sexagénaire, plusieurs éléments de preuves semblaient établir son implication, notamment la présence du sang de Sophie Le Tan dans son appartement ainsi que sur le manche d'une scie lui appartenant.
"Ces aveux ne changent rien au dossier, il y avait mille preuves de sa culpabilité", a réagi auprès de l'AFP Me Gérard Welzer, avocat de la famille Le Tan. "Cela permettra peut-être d'éviter des longueurs inutiles de procédures. On espère que le procès pourra avoir lieu avant la fin 2021".
"encore un effort de sincérité"
Dans son communiqué, le parquet a annoncé que l'information judiciaire "se poursuit au vu de ces nouveaux éléments".
Selon une source proche du dossier, il est ainsi "possible" que M. Reiser soit de nouveau entendu.
Par ailleurs, plus de 30 ans après la disparition inexpliquée d'une représentante de commerce de 23 ans, Françoise Hohmann, en septembre 1987, le parquet de Strasbourg avait rouvert le dossier en février dernier avec en ligne de mire toujours Jean-Marc Reiser, acquitté faute de preuves en 2001 par la cour d'assises du Bas-Rhin dans cette vieille affaire.
"La famille Hohmann souhaite ardemment que Jean-Marc Reiser, à le supposer impliqué dans la disparition de Françoise Hohmann, fasse encore un effort de sincérité", ont annoncé ses avocats, Marlène Correia, François Saint-Pierre et Thierry Moser.
M. Reiser avait en revanche déjà été condamné en 2001 par les assises du Doubs à 15 ans de réclusion pour des viols en 1995 et 1996, peine confirmée en appel en 2003.
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