Même ceux qui ne connaissent pas les Naive New Beaters les ont déjà entendus. Dans le jingle de "L'Oeil du 20h" sur France 2, dans un jeu vidéo estampillé NBA, dans une publicité pour une chaîne hôtelière ou une voiture. "On n'a aucun complexe à travailler avec une marque, sauf si ça va à l'encontre de nos convictions", confie à l'AFP Eurobelix, un des membres du trio électro. "C'est une partie non négligeable de notre écosystème".
"Dans les années 1990, il y avait 50% de refus d'artistes d'associer leur musique à une publicité, aujourd'hui je dirais 20%", décrypte pour l'AFP Charles-Henri de Pierrefeu, chez Universal. Olivier Lefebvre, chez Tbwa/Else, agence-interface, rapporte à l'AFP un refus de Brian May, guitariste-cofondateur de Queen "car il n'avait pas besoin d'argent: ça nous a obligé à transformer la contrainte en créativité et on a trouvé autre chose qui marche mieux".
"Mais en règle générale, les artistes sont devenus pragmatiques, les fans n'y trouvent pas grand chose à redire, c'est entré dans les mœurs, et depuis la crise du disque, c'est un coup de pouce, ça huile les rouages", ajoute Charles-Henri de Pierrefeu, mémoire du secteur.
"Cercle vertueux"
Un exemple de gros budget? Entre "1,5 et 2 millions d'euros, une campagne mondiale, une marque de luxe, tous médias, étalée sur deux ans", somme à répartir, pour schématiser, entre auteurs et producteurs.
Même souvenir en haut de l'échelle - "entre 500.000 et 1 million d'euros par type de droits" - pour Aurélien Viot, chez Because. "Pour un standard en France, c'est entre 100.000 et 150.000 euros, tout compris", avance encore Charles-Henri de Pierrefeu. "Pour un jeune groupe en démarrage, le tarif global c'est entre 30.000 et 50.000. Aujourd'hui, la hiérarchie a un peu changé, une musique dans une très bonne série peut être plus bénéfique que la pub pour un cercle vertueux".
Netflix est un gros consommateur. Lionel Liminana - cerveau, barbe et guitare de groupes rock comme les Liminanas ou encore L'Epée - a co-composé la B.O. du long-métrage "The Last Days Of American Crime", sorti récemment sur la plateforme. Pour celui qui a "toujours rêvé de faire de la musique de film", comme il le glisse à l'AFP, se sont enchaînés "coup de fil de la maison de disque", "lecture du comics d'origine dans le train" et rencontre avec le réalisateur Olivier Megaton, "devenu un ami".
"Bibliothèques sonores"
Quels sont donc les circuits de la synchro? Quand Charles-Henri de Pierrefeu a commencé au début des années 1990, il était "un peu seul". Mais depuis les années 2000, toutes les maisons de disques et tous les labels s'y sont mis.
Avec, en gros, trois branches: le catalogue -morceaux déjà commercialisés-, la librairie musicale -titres non commercialisés- et la composition originale. Aurélien Viot s'est, entre autres, attaché à développer le deuxième service chez Because. "Je demande à tous nos artistes de faire des morceaux, qui entrent dans une base de données accessible aux clients. Auparavant, c'était jugé comme de la +musique au mètre+, de la +musique d'ascenseur+, mais depuis quelques années, il y a de la qualité", détaille-t-il à l'AFP.
"Maintenant, les bibliothèques sonores sont bien faites et pas chères", acquiesce auprès de l'AFP Pierre Colleu, de Bpc Studio, spécialisé dans la musique de film, qui subit cette concurrence.
Octave Noire, artiste électro, a ainsi eu la bonne surprise de voir une "musique faite il y a 7-8 ans", comme il le narre à l'AFP, repérée récemment via une grille de recherche pour la série "Miracle Workers" sur Netflix. En 2019, la synchronisation représentait en France un chiffre d'affaires de 23 millions d'euros, avec une progression de 4,5%.
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