Après quatre ans d'austérité, les Portugais votaient dimanche, sans illusion, lors d'élections législatives qui doivent départager la coalition sortante de centre droit, placée en tête dans les sondages, et l'opposition socialiste.
Les électeurs semblaient prêts à reconduire l'alliance gouvernementale, qui a sorti le pays du gouffre financier au prix d'une sévère cure d'austérité, sans toutefois lui accorder une nouvelle majorité absolue.
"J'ai voté pour ceux qui sont au pouvoir. Aujourd'hui, le pays va un peu mieux", estime Domingos Birra, un retraité de 71 ans, en sortant d'un bureau de vote dans un quartier bourgeois de Lisbonne.
"Rien ne va changer de toute manière, l'austérité continue", a commenté, résigné, Manuel Augusto, 75 ans, qui a donné sa voix au Parti socialiste, dans un quartier populaire de la capitale.
La coalition au pouvoir depuis 2011, emmenée par le Premier ministre Pedro Passos Coelho, est créditée de 37,5% des intentions de vote contre 32,5% au Parti socialiste, dirigé par Antonio Costa l'ancien maire de Lisbonne, selon la moyenne des derniers sondages.
Inimaginable il y a quelques mois, la remontée de l'alliance entre le Parti social-démocrate (PSD, centre droit) et le CDS (droite) a pris de court les socialistes, favoris dans les sondages depuis l'automne 2012.
"La droite a récupéré une partie des voix de l'électorat du centre et a réussi à faire passer le message que le retour au pouvoir des socialistes mènerait le pays à la faillite, comme en 2011", a commenté à l'AFP le politologue Antonio Costa Pinto.
Elu en juin 2011, Pedro Passos Coelho, 51 ans, un centriste libéral, avait pris les rênes d'un pays qui était au bord du défaut de paiement.
Son prédécesseur, le socialiste José Socrates, venait de solliciter une aide de 78 milliards d'euros à l'Union Européenne et au Fonds monétaire international (FMI).
- Le spectre de la troïka -
En mai 2014, le pays s'est affranchi de la tutelle de la troïka (UE-FMI-BCE) sans demander une rallonge, autre atout de poids que fait valoir M. Passos Coelho.
Un argument entendu par une partie de l'électorat: "je crains que le PS ne se remette à dépenser comme par le passé et qu'on se retrouve dans la même situation qu'il y a quatre ans, à devoir appeler à nouveau la troïka", confie Pedro Nunes, un banquier de 35 ans.
Aujourd'hui, après une cure de rigueur sans précédent alliant hausses d'impôts et coupes dans les salaires, le pays connaît une reprise économique, certes encore fragile, et le taux de chômage est en baisse.
Le candidat socialiste Antonio Costa, 54 ans, a pris soin de se démarquer du lourd héritage de José Socrates, présentant un programme économique modéré et promettant d'éviter toute dérive des dépenses publiques.
Les déboires judiciaires très médiatisés de M. Socrates ont également pesé sur la campagne du PS. Placé en détention provisoire pour corruption et blanchiment d'argent en novembre 2014, il a été assigné à résidence début septembre.
- L'effet Syriza -
La crise grecque, suivie à la loupe par les Portugais, devrait, elle aussi, profiter à la coalition de droite, qui n'a pas hésité à assimiler le PS portugais au parti Syriza.
Mais la droite est loin d'être assurée d'un mandat clair pour pouvoir gouverner. Faute d'alliés potentiels, un éventuel gouvernement minoritaire de droite serait confronté au Parlement à une majorité de gauche, certes très divisée.
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