L'aviation russe a mené mercredi ses premiers bombardements en Syrie à la demande du président Bachar al-Assad, une intervention militaire qui a immédiatement suscité des doutes parmi les Occidentaux concernant les cibles réellement visées, Etat islamique ou rebelles.
Ces bombardements sont intervenus quelques heures avant que la Russie ne présente à l'ONU un projet de résolution visant à "coordonner toutes les forces qui font face à l'Etat islamique et aux autres structures terroristes".
Mais il n'aura pas fallu longtemps pour que la France, puis les Etats-Unis, émettent des doutes et des réserves sur le choix des cibles choisies par l'armée russe.
Il y a "des indications selon lesquelles les frappes russes n'ont pas visé Daech", acronyme arabe du groupe Etat islamique, a déclaré à New York le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, ajoutant qu'il "faudrait vérifier quels étaient les objectifs" des avions russes.
"Ce n'est pas sur Daech qu'ils (les Russes) ont frappé, c'est sans doute sur les groupes d'opposition, ce qui confirme qu'ils sont davantage dans le soutien au régime de Bachar al-Assad que dans la lutte contre Daech", a également affirmé une source diplomatique française sous couvert d'anonymat.
Même accusation à Washington d'un responsable américain de la Défense: "nous n'avons pas vu de frappes contre le groupe Etat islamique, nous avons vu des frappes contre l'opposition syrienne".
Le secrétaire d'Etat John Kerry a affirmé que Washington était disposé à accueillir favorablement les bombardements russes s'ils visaient "réellement" l'EI, tout en considérant que l'organisation jihadiste ne pouvait être vaincue si Bachar al-Assad restait au pouvoir.
Pour sa part, l'aviation russe affirme avoir procédé à des "frappes de précision", détruisant notamment des "équipements militaires", des moyens de communication et des "stocks d'armes et de munitions" de l'EI.
La télévision officielle syrienne a confirmé que les frappes russes avaient eu lieu dans les provinces de Hama (nord-ouest) et Homs (centre), tandis que l'armée syrienne a mené un raid dans la région de Lattaquié (nord-ouest).
"Les Russes ont choisi ces régions parce que ce sont des régions où le régime de Bachar a subi des défaites", a expliqué à l'AFP le politologue libanais Zyad Majed.
"Daech n'a aucune présence à Lattaquié et Hama, et a une présence limitée à Homs. Manifestement, les Russes ciblent plus Jaish al-Fatah (une coalition d'islamistes, ndlr) et des zones de l'Armée syrienne libre que Daech", a-t-il ajouté.
- Moscou, au centre du jeu -
L'accélération de l'engagement de Moscou s'inscrit sur fond de bras de fer entre le président américain Barack Obama et son homologue russe sur le sort à réserver à Bachar al-Assad, "tyran" pour l'un et rempart contre l'EI pour l'autre.
La Russie intervient aussi loin de son territoire pour la première fois depuis 36 ans: En 1979, il s'agissait pour les troupes soviétiques d'envahir l'Afghanistan. Elle rappelle ainsi qu'elle est un soutien indéfectible au président syrien, toujours au pouvoir après plus de quatre ans d'une guerre qui a fait plus de 240.000 morts.
"Le seul moyen de lutter efficacement contre le terrorisme international -- en Syrie comme sur les territoires voisins -- () est de prendre de vitesse, de lutter et de détruire les combattants et les terroristes sur les territoires qu'ils contrôlent et ne pas attendre qu'il arrivent chez nous", a résumé mercredi Vladimir Poutine.
- Assad et l'opposition -
L'homme fort du Kremlin a parallèlement appelé Bachar al-Assad au "compromis" avec l'opposition tolérée par le régime.
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