Polémique. L'Opéra de Rouen et l'Orchestre régional de Normandie en grève

Ils sont musiciens à Caen et à Rouen et sont en grève mardi 14 juin. Ils font partie de l'Orchestre régional de Normandie basé près de Caen, composé d'environ 17 musiciens, et de l'Opéra de Rouen Normandie qui compte, lui, 40 musiciens, deux grands ensembles qui sillonnent la région. La fusion de ces deux orchestres, envisagée par la collectivité régionale pour la saison 2023-2024, n'est pas du goût de ces artistes. Avec ce rapprochement, la Région viserait l'obtention du prestigieux label "Orchestre national en région" décerné par le ministère de la Culture, au nombre de six en France aujourd'hui.

Mais selon Nicolas Musset, l'un des contrebassistes de l'Opéra de Rouen, cette fusion ne prendrait pas en considération le maillage des scènes en Normandie. "On va nous demander d'avoir des plus gros effectifs, or les salles n'ont pas été construites pour accueillir 60, 70 ou 80 musiciens. Il y en a peut-être quatre ou cinq susceptibles de nous accueillir, c'est tout !", explique le musicien.

C'est surtout en solidarité avec leurs collègues caennais que les musiciens rouennais ont décidé de se mobiliser ce mardi 14 juin. Selon eux, ce rapprochement va mécaniquement engendrer la baisse des représentations, des suppressions de postes et la disparition, à terme, de l'Orchestre régional de Normandie. Jérôme Laborde est joueur de hautbois à l'Opéra de Rouen. "L'idée avec cette fusion, c'est de rapatrier les postes de Caen, au gré des départs à la retraite, vers Rouen et, à terme, d'assécher l'Orchestre régional de Normandie [Caen]", craint le hautboïste. "Un orchestre qui disparaît à Caen, c'est un appauvrissement conséquent en termes de concert", poursuit-il. Des postes de musiciens à Rouen pourraient être aussi menacés. "À Rouen, nous travaillons à 40 permanents, plus un pôle d'une quinzaine de musiciens réguliers. L'idée serait de remplacer ces musiciens par ceux de l'Orchestre régional de Normandie."

Pas de fusion-absorption selon la Région

"Il ne s'agit pas d'une fusion-absorption", répond Catherine Morin-Desailly, sénatrice et conseillère régionale de Normandie. "Choisir la permanence artistique, c'est un choix fort", insiste l'élue. "Nous sommes la seule Région qui finance à ce point les orchestres permanents", soit près de 80 % de financement de la Région pour chacun des deux orchestres, selon l'élue. La Région assure également que l'ensemble des 300 interventions assurées annuellement par chacun des orchestres sera maintenu. Dans sa lettre adressée aux salariés de l'Opéra de Rouen le 10 juin, le président de la Région, Hervé Morin, a rappelé le maintien du bi-site, c'est-à-dire Caen et Rouen après la fusion des deux structures, ainsi que la pérennisation de l'emploi.

Le 27 juin prochain, la Région a donné rendez-vous aux principaux concernés pour présenter une étude sur la mise en place du rapprochement des deux orchestres pour la saison 2023-2024. Malgré tout, les musiciens caennais et rouennais se donnent rendez-vous mardi 14 juin à 19 heures, sur le parvis du Théâtre des Arts de Rouen pour faire entre leur voix.