Le Département de Seine-Maritime a-t-il exposé ses agents à de l'amiante sur un chantier il y a sept ans ? La question est posée à la justice. Quatre agents travaillant pour le Département ont porté plainte pour mise en danger de la vie d'autrui. Ils étaient au palais de justice de Rouen mardi 15 mars, près de sept ans après les faits.
Ils font partie des quatorze ouvriers chargés d'un chantier de désarmement d'un bac maritime en vue d'un désamiantage datant de 2015.
Le chantier s'est déroulé en avril 2015, "avec nos bleus de travail qu'on rapportait à la maison", dénonce Sébastien Mille, l'un des agents sollicité sur ce chantier. Lui et trois autres collègues dénoncent une exposition à des fibres d'amiante. Le Département ne les aurait pas protégés et n'aurait pas respecté les consignes de sécurité.
"J'ai peur pour ma santé"
Arnaud Quibeuf parle "d'une information sur ce qu'était de l'amiante, mais pas plus que ça". Ce chaudronnier est sûr d'avoir été exposé à des fibres d'amiante, il exerce ce métier depuis plus de 30 ans.
À 51 ans, bientôt 52, il a peur des conséquences que peuvent avoir ce chantier et tous les précédents sur sa santé : "On a démonté toutes les pièces amiantées en 2015 à même les mains, sans plus de protection. Mais pour moi, c'est 31 ans en arrière qu'il faut remonter. À l'époque, il n'y avait pas de sujet 'amiante', on travaillait à même l'amiante pur. Aujourd'hui, on a très peur pour notre santé, on vit dans l'anxiété." L'un de ses collègues, qui a aussi travaillé sur ce chantier, "attend beaucoup de réponses" de la part de ses employeurs. Sept ans après les faits, "vont-ils reconnaître ce qui est arrivé en avril 2015 ?", s'interroge l'homme portant un gilet de la CGT.
Le syndicat du Conseil départemental a lui aussi porté plainte, en soutien aux agents : "Ils devaient être formés, ça n'a pas été le cas. Dans la crainte d'arriver au délai de prescription, on a lancé cette action en justice. On veut que l'employeur public assume ses responsabilités et protège l'ensemble de ses agents."
À la suite de nos sollicitations, le Conseil départemental n'a pas souhaité faire de commentaire sur l'affaire en elle-même, mais assure qu'il est "attentif au bon fonctionnement des instances de la collectivité sur ces sujets".
La justice se prononcera le 10 mai.
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