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[Enquête] Caen. Record de températures : quels impacts pour l'environnement ?

Météo. En ce début d'année, les températures sont 5 à 8 degrés au-dessus des normales de saison. Ce redoux peut avoir des impacts sur la faune et la flore.

[Enquête] Caen. Record de températures : quels impacts pour l'environnement ?
En ce début de mois de janvier, les pâquerettes sont déjà de sortie.

Nul besoin d'avoir un thermomètre en poche pour remarquer que les températures de ces derniers jours sont très douces pour la saison. À Caen, il a fait 5 à 8 °C au-dessus des normales. Début janvier, un record de température a même été atteint : 16,8 °C enregistrés pour le jour de la nouvelle année. Si ce redoux en plein milieu de l'hiver reste agréable et apprécié par grand nombre d'habitants, les impacts sur l'environnement ne sont pas à négliger, surtout s'ils s'inscrivent dans la durée. "Quelques jours de redoux n'ont pas réellement d'impacts sur la végétation, explique Claudine Joly, présidente du CREPAN, Comité régional d'étude pour la protection et l'aménagement de la nature. En ce moment, une grande partie de la végétation dort, donc il n'y a pas de grandes conséquences. Si ça durait tout l'hiver, ce serait problématique. Les végétaux ont besoin de grandes périodes de froid pour être bien endormis et ne pas se fatiguer inutilement. C'est comme l'Homme, qui a besoin de dormir."

"Les pâquerettes sont sorties, c'est anormal pour la saison,
elles devraient apparaître entre mai et juin"

Il est essentiel pour les plantes et végétaux d'avoir des moments de répit. "Si cette douceur dure dans le temps, des plantes vont bourgeonner trop tôt, au risque qu'il y ait une vague de froid par la suite et donc d'être gelées. Sachant que les jeunes pousses sont plus sensibles, cela peut ralentir la véritable reprise de la plante", précise Xavier Dussart, en charge des animations au Jardin des plantes de Caen, qui dispose de 7 000 végétaux différents. Pour l'instant, Xavier Dussart n'a pas remarqué de fleuraison marquante dans ce lieu de 3,5 hectares. "L'an dernier, on avait un mois d'avance dans la fleuraison, on voyait les magnolias fin mars, début avril. Ça fait maintenant plusieurs années que l'on n'a pas de véritable hiver, on n'a plus de neige et à peine deux semaines de gel tout l'hiver. C'est très limité pour le repos des plantes." A la Colline aux oiseaux, les pâquerettes sont déjà de sorties en ce début d'année "C'est anormal pour la saison, elles devraient apparaître entre mai et juin, confie Eric Mauger, agent de maîtrise en charge de la Colline aux oiseaux. Les noisetiers sont en fruits. On sent que le réchauffement est là."

L'arrivée des maladies

En l'état, pas de quoi s'alarmer, mais à long terme, ce réchauffement climatique pourra avoir de lourdes conséquences. "Le rapport du GIEC rapporte qu'en Normandie, en 2050, il n'aura plus de hêtres à cause de la chaleur et de la sécheresse, c'est très inquiétant", ajoute Claudine Joly. Sans les grandes périodes de froid et de gel notamment, "les parasites, petits prédateurs, pourraient survivre, alors qu'ils sont normalement éliminés par le gel, et ainsi favoriser les maladies". Un constat que réalise Eric Mauger, notamment dans la roseraie de la Colline aux oiseaux : "Nous sommes plus attentifs car nous savons qu'avec le redoux, les pucerons seront là assez tôt."

Redoux : quels impacts sur la faune normande ?

Caen. Redoux : quels impacts sur la faune normande ?
Xavier Dussart, en charge des animations au Jardin des plantes à Caen.

Les températures très douces pour ce mois de janvier ont des impacts sur la faune normande. Quels sont-ils ? Éléments de réponse.

Si le cycle des plantes peut être perturbé par des températures plus douces en hiver, ce n'est pas le seul. Les animaux agissent eux aussi en fonction des températures et des changements anormaux peuvent les dérégler, à l'image des abeilles. Ces insectes essentiels dans la pollinisation ont besoin de froid pour pouvoir se reposer. "Lorsqu'il y a des périodes de redoux, comme en ce moment, certaines abeilles peuvent sortir et chercher à manger. Seulement, elles ne vont pas trouver grand-chose et se fatiguer inutilement", précise Claudine Joly, présidente du CREPAN, Comité régional d'étude pour la protection et l'aménagement de la nature.

D'après elle, les abeilles peuvent sortir au-dessus de 12 degrés mais ne trouveront pas à se nourrir, "elles vont puiser dans les réserves nécessaires pour passer l'hiver", une menace donc pour la survie de la colonie. "Une période de froid est essentielle pour permettre aux animaux de se reposer."

Du côté des oiseaux, les températures au-dessus des normales de saison les impactent peu. "Les oiseaux viennent en Normandie pour se nourrir. Qu'il fasse 5 ou 15 degrés, ça ne change rien puisque le sol ne gèle pas et la nourriture est toujours disponible", explique James Jean-Baptiste, du Groupe ornithologique normand, une association d'étude et de protection des oiseaux sauvages de Normandie et leur milieu.

Des migrations changeantes

C'est d'ailleurs pour ce climat normand, caractérisé par des températures stables et très peu de gel, que les oiseaux viennent pour se nourrir. Si le Delta de températures était plus grand, "passant de -2 à 15 degrés par exemple, il y aurait un effet". Ce redoux expliqué entre autres par le réchauffement climatique agit d'ores et déjà sur la migration des volatiles. "S'il fait moins froid en Normandie, c'est qu'il fait encore moins froid dans le Nord. Depuis plusieurs années d'ailleurs, on a moins d'oiseaux qui viennent passer l'hiver en Normandie. C'est le cas des canards, qui préfèrent rester en Hollande car c'est moins loin et les mêmes conditions de nourriture existent." Le spécialiste tient à préciser que "les espèces que nous avons autour de nous ont une ancienneté de vie beaucoup plus forte que l'Homme. Des réchauffements et des glaciations, elles en ont connu génétiquement, donc ça ne change pas grand-chose pour elles. C'est juste une question de répartition."

La Normandie est riche d'animaux sauvages. Hérisson, chauve-souris ou muscardin, un petit rongeur, sont présents sur ces terres. Pour Laeticia Saine, coordinatrice au Groupe mammalogique Normand, association en charge de la protection des mammifères sauvages, "les animaux comme les hérissons hibernent en hiver mais se réveillent ponctuellement pour manger. Le redoux leur permet de se lever plus facilement."

Ces températures plus élevées qu'à l'accoutumée vont avant tout influencer la végétation "qui n'aura pas eu des cycles normaux" et donc impacter la nourriture potentielle de ces mammifères.

Un hiver extrêmement doux à Caen

Caen. Un hiver extrêmement doux à Caen
En ce début janvier, le thermomètre a affiché plusieurs fois 12 °C, signe d'un hiver particulièrement doux.

Un record de température (16,8 °C) a été atteint le 1er janvier 2022 à Caen. Isabelle Laurent, prévisionniste à Météo France Cherbourg, nous donne quelques détails.

Début janvier, le thermomètre a affiché des températures extrêmement douces, au-delà
des normales de saison…

Oui, de 5 à 8 °C au-dessus de la normale. Habituellement, il fait 8 degrés à cette période-là, on a atteint jusqu'à 16,8 °C le 1er janvier. Le précédent record s'était produit en 1993, avec 16,1 °C. Du 27 décembre au 3 janvier, on a eu huit jours consécutifs avec plus de 12,9 °C au thermomètre. C'est la deuxième fois que cela arrive depuis le début des mesures à Caen,
en 1945.

D'où ça vient ? Comment expliquer un tel phénomène ?

On était dans un flux d'Ouest perturbé avec une masse d'air très douce. Ça s'est déjà produit dans le passé, en 1953 mais aussi en 2015. Le réchauffement climatique y joue aussi. Les températures minimales ont tendance à être plus élevées d'année en année. Les moyennes augmentent, mais ça n'empêche pas d'avoir des périodes de froid, bien qu'en décembre 2021, on n'a eu que trois jours de gel. Par exemple, la normale pour décembre à Caen est de 3 °C, elle a atteint 5 °C en décembre 2021. Depuis 1945, c'est le septième mois de décembre le plus chaud en température minimale moyenne.

À quoi faut-il s'attendre pour le reste du mois de janvier ?

C'est difficile de prévoir sur un si long terme. On a une tendance anticyclonique à partir de ce mercredi 12 janvier. On pourrait retrouver des valeurs de saison.

Les agriculteurs marchent sur des œufs face à la météo

Hiver doux. Les agriculteurs marchent sur des œufs face à la météo
À La petite ferme des "Béliers", Marianne Siméon produit des légumes, fruits et céréales. Les températures douces de l'hiver impactent sa production. - La petite ferme des "Béliers"

Les températures douces de l'hiver 2021-2022 impactent aussi la saisonnalité des fruits et légumes. Marianne Siméon est maraîchère biologique à Grainville-Langannerie, au sud de Caen.

Entre ses choux, mâches, carottes et quelques radis d'hiver, Marianne Siméon perd parfois un peu les pédales.

Des légumes infectés par le redoux

Les températures records atteintes en ce début du mois de janvier impactent terriblement sa production. "Les températures montent très haut sous tunnel. J'ai eu plus de 25 °C cet hiver, c'est rare, regrette l'agricultrice. Des maladies et champignons se sont développés sur mes salades alors que d'habitude, je n'en ai jamais. C'est de la perte." 

Dans son jardin de La petite ferme des "Béliers" à Grainville-Langannerie, au sud de Caen, elle sème tout un tas de légumes, fruits et céréales en agriculture biologique. Elle joue la carte de la diversité pour ne pas être trop impactée par ce réchauffement climatique. "C'est inquiétant car on ne sait plus quelle variété planter. Ce qui pousse en décembre/janvier, ce n'est pas la même chose qu'en avril/mai, ajoute-t-elle. On n'est pas à l'abri d'un coup de gel qui pourrait ralentir la production." De là à s'y perdre dans les saisons. Alors, pour réduire au minimum les risques, Marianne Siméon prévoit des protections supplémentaires. "J'utilise des protections thermiques quand il fait froid, mais je dois les enlever quand il fait plus doux pour aérer les légumes. Je me questionne aussi beaucoup sur la pluviométrie l'été", dit-elle en se remémorant le mauvais souvenir de l'été 2021. Selon elle, la clé de la réussite, c'est l'anticipation.

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