"Métier formidable, statut fort minable", est-il écrit sur le mur du couloir menant dans la salle de naissance de l'hôpital. Ce jeudi 7 octobre, comme partout en France, 18 sages-femmes de la maternité d'Alençon ont fait grève pour montrer leur mécontentement face au manque de moyens dans leur profession. "Ce n'est pas parce que nous ne sommes pas assez nombreux que nous ne devons pas être entendus", lâche Jessica Proust. Sage-femme depuis dix ans, elle a vu ses conditions de travail se détériorer au fil des années. "Le manque d'effectif nous conduit parfois à arriver avec quelques minutes de retard au moment des accouchements", se désole-t-elle.
Dans les couloirs, entre deux ou trois actes médicaux, les sages-femmes passent à côté des affiches qui sont accrochées aux murs. "Faut pas pousser", "Sage-femme = cinq années d'études", "Responsabilité 100 %, reconnaissance 0 %", "Marre d'être sages".
Dans les couloirs de la maternité, les sages-femmes ont affiché plusieurs phrases pour montrer leur mécontentement.
"Cigogne, pas pigeon !"
Sur sa blouse rose, deux bouts de sparadrap sur lesquels il est écrit : "Cigogne, pas pigeon !". Avec ses cinq ans d'études derrière elle, Jessica Proust sait combien il est difficile de rentrer dans le secteur médical. "Nous avons beaucoup de mal à recruter. Cette semaine, il y a eu deux arrêts de travail, nous avons dû prendre des intérims." A 33 ans, elle juge son salaire "insuffisant" vis-à-vis de ses années de travail à la faculté. "On nous a donné énormément de compétences, comme le droit de prescription, et derrière, ça ne suit pas. Nous avons peur que ça fasse fuir les étudiants", déclare-t-elle avant d'ajouter qu'elle est à bout.
Selon le ministère des Solidarités et de la Santé, le salaire mensuel brut d'une sage-femme à l'hôpital est d'environ 1 980 € en début de carrière.
Ecoutez ici les sages-femmes d'Alençon :
Aujourd'hui, Guillaume Renard arrive à saturation. Celui qui a décroché son poste de sage-femme en même temps que Jessica Proust, sent qu'il n'y a eu "aucune évolution" ces dix dernières années. "Nous avons aujourd'hui les mêmes revendications qu'au moment où j'ai commencé à travailler ! Que ce soit au sujet des effectifs, du statut ou du salaire."
Depuis quelque temps, la maternité a diminué le nombre de personnel présent lors des gardes de nuit. L'équipe et passée de deux sages-femmes à une. "On fait autant de travail qu'il y a six ans, mais avec une personne en moins."
Une baisse d'effectif anticipée
Dans un rapport de l'Ordre des sages-femmes publié le 25 août 2016, on prévoyait déjà cette baisse d'effectif. À cause des changements démographiques, "une nécessaire réduction du rythme des croissances des sages-femmes actives à partir de 2021" a été envisagée. "L'unique moyen d'y parvenir est de diminuer raisonnablement le nombre de places ouvertes dans les écoles par le truchement du numerus clausus. Encore est-il nécessaire de rappeler qu'une telle mesure, applicable à partir de la rentrée 2017, n'aura d'impact sur le marché du travail qu'à partir de 2021-22."
Les sages-femmes appellent à une revalorisation de leur métier.
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