Emilie Lefebvre, 34 ans, qui a grandi à Randonnai, dirige depuis bientôt sept années l'entreprise SAPL à Gauville, près de L'Aigle. Cette maman de trois jeunes garçons se souvient qu'elle a pris la présidence de la SAPL trois semaines avant la naissance de son troisième enfant !
Une saga familiale
Bernard, son arrière-grand-père, a créé un atelier d'armurier en 1924, à Évreux, dans l'Eure. Son grand-père, aussi armurier, s'est installé rue des Emangeards à L'Aigle et son père, lui, s'est installé lorsqu'il a inventé la "Gomme-Cogne", une munition qui ne tue pas, un projectile en caoutchouc, qui a la force du coup de poing de Mohamed Ali ! Il a alors créé SAPL pour pouvoir fabriquer et commercialiser son invention, mais tout en continuant à produire la gamme imaginée par le grand-père : des modérateurs de son (les fameux "silencieux" du cinéma), des plaques anti-recul, et plein d'accessoires liés au tir et à la chasse. La jeune cheffe d'entreprise l'admet : "Je sors clairement des cases. Cette profession, c'est un milieu d'hommes mûrs. Quand j'ai repris SAPL, j'avais 27 ans, une jeune femme, ça dénote. Dans les rencontres professionnelles, on me demandait de servir les cafés, mais non : j'expliquais que j'étais là pour les mêmes raisons que ces messieurs." Comme entraînement au monde des hommes plus âgés, Emilie a commencé à 15 ans à piloter à l'aéro-club de L'Aigle : "Mon rêve était de devenir pilote de chasse. J'ai passé les sélections, on était 30, ils en prenaient 5, j'ai fini septième. Pour moi, il n'y avait pas de plan B." Emilie part alors à New York pour suivre des cours dans une école de commerce et parfaire son anglais. Reprendre l'entreprise n'était pas une évidence : "J'y avais fait un stage d'une ou deux semaines lorsque j'étais au lycée. Comme je parlais anglais, je faisais les traductions sur les salons professionnels et petit à petit j'ai commencé à y présenter les produits. Pour autant, quand mon père - j'avais 19 ans - m'a demandé : 'tu veux reprendre la SAPL ?', j'ai dit non. Et puis vers 26 ans, j'ai fini par dire oui." C'est le berceau familial qui est à Gauville. "Mon père avait une vingtaine d'années lorsqu'il a voulu s'installer. À 200 m de sa maison il y avait une vieille grange qui s'écroulait. Il s'est endetté, l'a retapée et aujourd'hui encore, c'est le bâtiment qui nous abrite." Au moment de la reprise, SAPL était en difficulté. Mais aujourd'hui, l'entreprise va de mieux en mieux et se développe. "Pendant longtemps, on a été une dizaine, mais on vient d'embaucher sept personnes en moins d'un an. Romuald, 18 ans, est tourneur-fraiseur. Jacky, 56 ans, fabrique des boucliers de maintien de l'ordre. Sandrine remplace le cartouchier historique de l'entreprise."
Un souffle nouveau
Emilie a dû s'attaquer à tout : le modèle de production devenu obsolète, faire des investissements, la recherche, relancer le commerce en France et à l'export, développer de nouveaux domaines d'activité stratégique. C'est aussi un site internet et le lancement de l'armurerie Bernard Lefebvre. "On vient de développer une nouvelle arme qui s'appelle Adamentium, nom breveté par SAPL. C'est le métal qui recouvre les os de Wolverine dans X-Men. Des États-Unis, ça appartient maintenant à la France ! Cette carabine est développée en Normandie avec l'entreprise MF-Tech d'Argentan, qui réalise les canons en enroulement filamentaire de carbone", détaille Emilie Lefebvre. Ce nouveau souffle permet de poursuivre l'aventure.
Imaginer l'avenir de SAPL
SAPL à Gauville innove et crée la carabine Adamantium.
Recherche
Pour créer un produit, il faut partir des envies de chacun. Émilie Lefebvre explique : "il faut s'amuser dans ce qu'on fait, le faire sérieusement mais sans se prendre au sérieux. La carabine en carbone, c'est moi qui la voulais absolument. Gauthier, mon armurier, est champion de France de tir à la carabine. C'est une passion. Il sait ce qui existe, mais aussi ce qui manque, ce qui peut être développé… On a plein de projets. On réfléchit par gamme de produits, on essaie d'avoir une cohérence." C'est ainsi qu'est née chez SAPL à Gauville dans l'Orne, la nouvelle carabine Adamantium.
L'Adamantium
Elle a été très particulière à développer, on a été très vite. "On a eu l'idée en septembre 2020. On a commencé les prototypes. En décembre elle était terminée. On l'a fait breveter. En janvier 2021 on a lancé une campagne pour la présenter au public. Puis ce sont les salons. Désormais, on a les pièces de série et on peut la vendre aux armuriers et aux particuliers. Cela devrait bientôt être facilité avec une boutique en ligne qui va permettre de développer la vente directe", détaille la cheffe d'entreprise.
Caractéristiques
Son canon est en enroulement filamentaire de carbone. Adamantium est la plus légère de sa catégorie, un kilo de moins que son ancêtre en métal. La rigidité du carbone lui permet de passer de cinquante à cent mètres de précision. Autre nouveauté, on peut aussi la personnaliser, ce qui n'a jamais été possible jusqu'à présent avec les autres carabines présentes sur le marché : jusqu'à 5 combinaisons de couleurs pour le canon, le boalt-driver, ainsi que pour le bouchon obturateur. La carabine 22 long rifles possède un corps silencieux en polymère qui génère 35 dB de bruit en moins, donc plus besoin de casque antibruit.
Une armurerie
SAPL vient de créer l'armurerie Bernard Lefebvre. Nouveauté pour entretenir, rénover et réparer les armes y compris très anciennes des tireurs, chasseurs, et faire des créations remarquables sur mesure pour tout particulier qui a envie de créer une arme qui n'existe pas encore. Par exemple des armes de collection avec un bois spécifique, avec des gravures, avec tel calibre, "on est capable de le faire", conclut fièrement la jeune cheffe d'entreprise, "ça fait honneur à mon arrière-grand-père".
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