Ce cessez-le-feu est néanmoins partiel car il exclut les puissants groupes jihadistes Etat islamique (EI) et Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) qui contrôlent de larges pans du territoire et sont visés par les offensives de l'armée aidée par les raids russes ainsi que par les frappes de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
Dans ce conflit dévastateur qui dure depuis près de cinq ans, la Russie et l'Iran soutiennent le régime de Bachar al-Assad alors que les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et la Turquie appuient les rebelles syriens et le cessez-le-feu devrait théoriquement s'appliquer à ces deux protagonistes.
Mais les rebelles sont très affaiblis face à la montée en puissance des groupes jihadistes et donc marginalisés dans l'équation syrienne. Le régime lui a repris du terrain après l'aide de Moscou.
Mercredi, la Russie a annoncé que M. Assad avait confirmé être "prêt à contribuer à la mise en oeuvre du cessez-le-feu", qu'il a qualifié comme "un pas important vers un règlement politique du conflit", selon un communiqué diffusé après une conversation téléphonique entre le président syrien et Vladimir Poutine.
Les deux hommes ont toutefois "souligné l'importance d'une lutte sans compromis contre l'EI, le Front al-Nosra et les autres groupes terroristes considérés comme tels par l'ONU", selon le Kremlin.
- Iraniens et Saoudiens pour la trêve -
Le président russe Poutine, qui avait parlé la veille à son homologue américain Barack Obama, s'est entretenu aussi avec le roi Salmane d'Arabie saoudite, qui finance des groupes rebelles, et avec le président iranien Hassan Rohani qui a envoyé des conseillers militaires aider le régime syrien.
Selon le Kremlin, le roi saoudien "a salué" l'accord de cessez-le-feu.
L'Iran a aussi dit soutenir l'accord.
La veille, le pouvoir en Syrie, tout en disant oui à la trêve avait affirmé qu'il poursuivrait ses "opérations militaires pour lutter contre Daech (acronyme en arabe de l'EI), Al-Nosra et les autres groupes terroristes qui leur sont liés".
Les rebelles craignent que le régime ne profite de cette exclusion pour frapper les régions où ils sont alliés avec Al-Nosra, comme dans Idleb (nord-ouest) ou Alep (nord).
Les frappes et les combats se poursuivaient mercredi sur l'ensemble des fronts, avec huit civils dont deux enfants tués dans la province d'Idleb par des frappes russes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le cessez-le-feu prévu pour vendredi à 22H00 GMT (samedi à 00H00 locale) a été accepté également par l'opposition même si celle-ci a répété ses conditions.
Sur le terrain, des rebelles et des civils ont exprimé leurs doutes sur le cessez-le-feu dans le conflit qui a fait plus de 270.000 morts et déplacé plus de la moitié de la population.
Mais pour les analystes, au-delà des problèmes de fond et d'une trêve difficilement applicable, ce qui ressort est une coordination "plus étroite" entre Russes et Américains.
- Plan B? -
La proposition de trêve, dont les modalités ont été définies par Moscou et Washington, intervient environ trois semaines après l'échec de négociations de paix à Genève et après qu'une trêve censée entrer en vigueur vendredi dernier, conformément à un accord parrainé par Moscou et Washington, a été ignorée.
Vu l'échec des tentatives précédentes, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a admis mardi au Sénat qu'un éventuel "plan B" pour la Syrie était examiné en cas d'échec du processus diplomatique.
"Nous allons savoir dans un mois ou deux si ce processus de transition est vraiment sérieux", a relaté M. Kerry. "Si ce n'est pas le cas (...) des options d'un plan B sont évidemment examinées", a-t-il insisté, mais sans donner de précisions.
Des informations sur cet hypothétique "plan B", qui mettrait davantage l'accent sur l'option militaire, ont circulé début février entre des diplomates et dans la presse.
"Nous partons du principe qu'il y a eu tellement d'efforts consentis pour arriver à ce communiqué conjoint (avec les Etats-Unis), qu'il est nécessaire de le mettre en oeuvre dès maintenant et de ne pas travailler sur des plans B", a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe.
Intervenue dans le conflit il y a une dizaine de jours en bombardant une importante milice kurde syrienne près de sa frontière, la Turquie a elle estimé que cette milice "terroriste" devrait être exclue de l'accord de cessez-le-feu, tout comme l'EI et Al-Nosra et a émis des doutes sur la viabilité de la trêve.
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