Une fois par mois, douze femmes prennent place dans une salle d'Hérouville-Saint-Clair pour faire de l'escrime. Il ne s'agit pas de cours mais bien d'une thérapie. "Le but de ces ateliers est de permettre à ces femmes de libérer une colère énorme qu'elles ont pu emmagasiner à cause du traumatisme", détaille Véronique Coutance, sexologue et trésorière de l'association stop aux violences sexuelles 14, qui organise ces ateliers. Cette idée est née en 2013 à Paris. "La Présidente de l'association a entendu l'histoire d'un groupe de jeunes déscolarisés qui a fait un parcours en escrime thérapie qui avait très bien marché, poursuit Véronique Coutance. En observant les bénéfices, elle, qui était médecin et côtoyait des victimes de violences sexuelles, s'est dit que cette thérapie pourrait être appliquée à ces personnes victimes."
"Ce n'est pas un cours de self-défense"
Arrivés dans le Calvados en 2019, ces ateliers voient passer des femmes "avec de très lourds parcours". Ici, le but n'est pas de "leur apprendre à se défendre, ce n'est pas un cours de self-défense ou de rechercher une performance sportive, la plupart de ces femmes d'ailleurs n'ont jamais fait d'escrime. Cette activité est un médiateur pour cette thérapie psycho-corporelle", précise Hélène Kozaczyk, avocate et Présidente de l'association. Alors comment l'escrime fonctionne comme thérapie ? "C'est un sport extrêmement adapté à la libération de l'énergie meurtrière car c'est un sport qui amène vite à essoufflement et qui permet de travailler dans l'instinct, sans réfléchir constamment", explique Véronique Coutance, qui a un rôle de thérapeute au sein des séances, accompagnée de six autres intervenants. Comme chaque année, la dizaine de femmes inscrites s'est engagée pour les 10 séances de quatre heures organisées de septembre à juin : "C'est une formation très engageante. Ces femmes sont importantes pour le groupe et le groupe est important pour elles." A chaque séance, un thème est proposé. Lors du premier atelier, ce sont les limites : "Je ne connais pas une seule femme victime de violences sexuelles qui a de bonnes limites, soit elle ne laisse personne approcher, soit elle se laisse marcher dessus. Sauf qu'en escrime ça pose problème puisque c'est l'art de la juste distance." Des ateliers qui font écho à leur situation dans la vie.
Souvent anxieuse avant la première séance, la majeure partie de ces femmes a changé de vie avec cette thérapie : "A la fin on a des rayons de soleil en face de nous, sourit la thérapeute. Elles ont changé de parcours de vie et réglé la majorité de leurs problèmes."
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