Ils sont les plus efficaces contre la Covid-19, mais aussi les plus complexes à conserver. Les vaccins à ARN messager Pfizer BioNTech et Moderna doivent rester congelés à -80 °C pour le premier et -20 °C pour le second. Un seul établissement de santé pivot par département est capable de respecter ces conditions. À Rouen, c'est la pharmacie du CHU qui s'occupe de centraliser la réception de ces vaccins (en grande majorité des vaccins Pfizer) et de les conserver dans ses super-congélateurs. "On reçoit toutes les semaines, par Santé publique France, un envoi de vaccin dans une coolbox : une grande boîte avec du polystyrène et de la carboglace qui permettent de conserver le vaccin à -80 °C", explique le docteur Aude Coquart, adjointe du chef de pôle pharmacie au CHU de Rouen. Les doses passent ensuite directement au supercongélateur à -70 °C. Au CHU, elle n'a qu'une collègue pharmacienne pour l'aider à gérer la réception, la conservation, le reconditionnement et l'envoi des doses vers les différents centres de Seine-Maritime. L'Agence régionale de santé fournit chaque semaine un tableau aux deux pharmaciennes, avec la répartition des doses. Elles préparent ensuite chaque soir les commandes : deux heures à passer dans une chambre froide à 4 °C. "Les flacons sont à -70 °C. Comme on n'a pas le matériel adapté, on met des couches et des couches de gants d'examen classiques pour éviter de se brûler", explique Camille Baronnet, précisant avoir perdu un peu de sensibilité au bout des doigts. "Avec 1 000 flacons sortis par jour en moyenne, ça brûle vite !" Et avec l'accélération de la campagne (230 000 doses reçues par semaine en mai contre 30 000 la semaine dernière), leur tâche ne va pas s'alléger. Un troisième pharmacien dédié doit justement être recruté.
Jusqu'à la septième dose
Une fois les conditionnements prêts, des transporteurs amènent le précieux liquide dans des glacières jusque dans les différents centres. Dans le nouveau vaccinodrome de Rouen, au Kindarena, 400 doses arrivent ainsi chaque jour au petit matin. Deux préparateurs spécialistes remplissent ensuite à l'avance les seringues pour les infirmières. "On en fait 196 le matin et 196 l'après-midi", explique Maxence, étudiant en 5e année de pharmacie. À force d'habitude, sept doses peuvent être extraites des flacons Pfizer qui étaient conçus pour cinq au départ. "C'est possible grâce à la dextérité des manipulateurs qui ne font que ça. Et puis, on bénéficie de meilleures seringues et d'aiguilles qui minimisent le volume mort", explique le professeur Rémi Varin, chef du pôle pharmacie du CHU. Une logistique qui tourne rond, pour l'instant en tout cas, en attendant une arrivée plus massive de doses et une montée en charge des vaccinodromes.
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