Il dort dans sa tranchée, mange ce qu'il peut et se lave depuis des semaines avec une casserole d'eau: avec une quinzaine d'autres rebelles prorusses, Pavel tient le dernier barrage avant l'aéroport de Donetsk, où d'intenses combats avec l'armée ukrainienne font rage quotidiennement.
Leur barrage de fortune est installé entre une voie de chemin de fer et un quartier d'habitation désormais désert après des semaines de bombardements.
Pavel est là depuis un mois. Il confie avoir laissé femme et enfants en Russie, "impressionné par les images de la télévision russe" montrant "des anciens combattants et des personnes âgées passées à tabac", dit-il, dans l'est de l'Ukraine.
Depuis qu'il a rejoint en tant que volontaire les miliciens prorusses de la république autoproclamée de Donetsk (DNR), il dort sur un vieux matelas, dans un trou boueux creusé au milieu d'une tranchée jaunâtre. "On tient à trois là-dedans", explique-t-il, affirmant s'y sentir "en sécurité".
Pour se laver, cet ancien jockey russe de 27 ans à la fine barbe rousse fait chauffer de l'eau dans une casserole et s'isole dans une des maisons abandonnées.
Même traitement pour ses collègues, dont les plus chanceux passent cependant leurs nuits dans l'une des rares bâtisses jusqu'à présent épargnées par les roquettes: un deux-pièces crasseux et humide aux allures de squat.
Que mangent-ils ? "Du caviar rouge (des oeufs de saumon, ndlr) !", répond un rebelle coiffée d'une chapka, déclenchant l'hilarité. Puis il montre sa nourriture quotidienne : "du miel, du pain" et des conserves livrées "par le commandement". Le tout tient dans un vieux frigo hors d'usage au milieu de la cuisine.
Une fois par semaine, deux miliciens font, par roulement, un saut en ville pour reprendre des forces.
- Drapeau russe -
Ils disent être là pour contrôler des véhicules, mais il y en a peu, et venir en aide aux habitants, mais il n'y en a plus.
En réalité, ils passent leurs journées, quand les bombardements s'interrompent, à discuter autour d'un braséro, enchaînant les cigarettes et les tasses de café qui réchauffent leurs doigts noircis.
Quand l'envie leur prend, ils patrouillent dans les rues désertes, au milieu des petits pavillons, en majorité détruits, et enjambent, leur kalachnikov en bandoulière, des amas informes de débris, faits de branches d'arbres tombés, de lignes électriques et de fils barbelés.
Partout où ils passent, des chiens errants aboient. Certains glissent leur museau sous des portails abîmés, d'autres les suivent quelques mètres.
Des tirs se font brusquement entendre, dont l'écho s'estompe mollement au milieu des ruelles. Réaction tout sourire d'un rebelle boutonneux : "Ca ? C'est normal !".
Pavel s'arrête au bout d'un chemin, entre un bâtiment en tôle criblé d'impacts de balles et un trou d'obus de deux mètres de diamètre. Il désigne l'aéroport : "C'est la +dead zone+. On s'arrête là." Le terrain est miné. Les forces ukrainiennes, à 500 mètres, tirent au mortier.
Sous la bruine du Donbass, au milieu des ruines, une jeune femme rousse marche un pain à la main, suivie par un berger allemand et un chat.
Liliana, une ancienne chauffeuse de trolleybus de 30 ans, est venue nourrir ses deux chiens et distribuer ce qui lui reste aux autres animaux abandonnés. Elle vit maintenant dans un camp de réfugiés et vient ici tous les jours, dès qu'elle "n'entend plus les bombes".
Pavel et ses amis ne la remarquent pas, pressés de regagner leur camp, de peur que des roquettes ne recommencent à tomber dans la zone.
Un drapeau flotte là-bas. Pas celui de la DNR, mais, avec son aigle à deux têtes sur fond blanc, bleu et rouge, celui de la Russie.
Donetsk (Ukraine) (AFP). Ukraine: tranchées, ruines et débrouille sur le dernier barrage avant l'aéroport de Donetsk
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Publié le 13/11/2014 à 17h02 - Par Agence France Presse
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