L'enceinte aéroportuaire de Kandahar, qui n'a qu'une seule piste, abrite également une base aérienne militaire, essentielle pour le ravitaillement des forces afghanes qui affrontent depuis plusieurs semaines les talibans dans les faubourgs de la ville de 650.000 habitants.
Vers 01H00 "la nuit dernière, trois roquettes ont été tirées contre l'aéroport et deux ont endommagé la piste", a déclaré à l'AFP le patron de l'aéroport de Kandahar, Massoud Pashtun, "tous les vols de et vers l'aéroport sont suspendus".
Il a précisé que les travaux de réparation de la piste étaient en cours.
Les talibans, qui mènent depuis trois mois une offensive tous azimuts à travers l'Afghanistan, se sont rapprochés ces dernières semaines de Kandahar, berceau de leur mouvement, atteignant les limites de la deuxième ville du pays en termes de population (650.000 habitants).
Des milliers d'habitants ont fui ces dernières semaines les affrontements pour se réfugier en ville.
A la faveur de cette offensive lancée parallèlement à l'entame de retrait définitif des troupes internationales du pays, désormais quasiment achevé, les talibans se sont emparés de vastes portions rurales du territoire.
Les forces afghanes, qui n'ont jusqu'ici opposé qu'une faible résistance à l'avancée des talibans, ne contrôlent plus pour l'essentiel que les principaux grands axes et les capitales provinciales, dont certaines sont encerclées.
Mais les insurgés menacent désormais sérieusement plusieurs de ces villes: outre Kandahar, ils se sont rapprochés également de Hérat, la troisième la plus peuplée du pays (600.000 habitants) dans l'Ouest, et de Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand (Sud), voisine de celle de Kandahar.
La chute de Kandahar, dont les talibans avaient fait l'épicentre de leur régime quand ils gouvernaient l'Afghanistan (1996-2001), imposant leur version ultrarigoriste de la loi islamique, serait un désastre pour les autorités afghanes et pour le moral de leurs forces, déjà sérieusement entamé.
Et elle renforcerait les interrogations déjà grandes sur la capacité de l'armée afghane d'empêcher les talibans de s'emparer par la force du pouvoir en Afghanistan.
Combats en ville
A Hérat, "les combats se sont poursuivis la nuit dernière dans (...) les faubourgs de la ville. Des raids aériens ont stoppé l'avance des talibans", a affirmé dimanche matin à l'AFP Jailani Farhad, porte-parole du gouverneur de la province d'Hérat.
Après une accalmie dans la matinée, les combats avaient repris samedi après-midi pour le troisième jour consécutif dans les districts d'Injil, qui enserre la ville, et de Guzara, à une dizaine de km au sud d'Hérat, notamment à proximité de l'aéroport.
Jeudi et vendredi, les insurgés s'étaient déjà approchés des limites de la ville, autour de laquelle s'étaient déployés forces afghanes et miliciens d'Ismail Khan, puissant chef de guerre local antitaliban, vétéran de la guerre contre l'occupation soviétique (1979-1989).
Vendredi, les bureaux à Hérat de la Mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) avaient été attaqués notamment à coups de lance-roquette par des "éléments antigouvernementaux", entraînant la mort d'un policier afghan gardant les locaux, avait indiqué la mission onusienne, mettant implicitement en cause les talibans.
Les talibans se sont récemment emparés de plusieurs districts de la province d'Hérat, ainsi que de deux postes-frontière qui y sont situés, celui d'Islam Qala, principal point de passage avec l'Iran, et celui de Torghundi avec le Turkménistan.
Abdullah Abdullah, ancien vice-président et chef du Haut Conseil pour la réconciliation nationale, a affirmé samedi dans un tweet que les talibans avaient exécuté un officier supérieur de l'armée afghane après l'avoir capturé près de Hérat.
A Lashkar Gah (200.000 habitants environ), "il y a des combats à l'intérieur de la ville et nous avons demandé le déploiement de forces spéciales dans la ville", a déclaré à l'AFP Ataullah Afghan, chef du conseil provincial du Helmand.
Samedi, un petit hôpital privé d'une dizaine de lits de la ville, dans lequel des talibans avaient trouvé refuge, a été largement détruit au cours de combats.
"Mes enfants et moi n'avons pas dormi de la nuit. La ville est dans un état déplorable. Je ne sais pas ce qu'il va se passer", a témoigné à l'AFP Halim Karimi, un habitant de la ville.
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