Caen. Protection des enfants : une formation inédite dans le diocèse du Calvados

C'est le témoignage bouleversant d'un prêtre vendéen victime d'abus sexuels, en janvier dernier, devant une soixantaine de prêtres du Calvados, qui a convaincu l'évêque du diocèse de Bayeux-Lisieux, Monseigneur Boulanger, d'organiser une journée inédite de formation. Mardi 21 mai, une centaine de personnes se sont ainsi retrouvées pour aborder le sujet de la bientraitance des enfants.

Tous peuvent donner l'alerte

Prêtres, diacres, catéchistes, directeurs d'établissements scolaires privés, animateurs de groupes de jeunes ou membres des services du diocèse étaient rassemblés pour écouter divers intervenants, notamment Ségolène Moog, déléguée des évêques de France pour la lutte contre la pédophilie.

Plusieurs axes ont été abordés durant cette journée. "Une gendarme nous a rappelé que nous sommes tous des signalants possibles, indique Pascale Clerval, déléguée épiscopale qui a piloté la journée, si un enfant se confie sur un mal-être, nous ne sommes pas des enquêteurs, mais nous pouvons alerter les gendarmes ou la justice sur une situation, sans forcément prévenir la famille".

Cette journée d'échange a également été l'occasion d'aborder le thème de la pédophilie. Depuis 2016, il existe au sein du diocèse une cellule d'accueil et d'écoute pour les victimes, que coordonne Marie-Noëlle Bouchaert, aux côtés d'autres laïcs (avocat, psychologue, médecin, accompagnateur spirituel). "En trois ans nous avons reçu une douzaine de témoignages, essentiellement de personnes majeures pour des faits qui remontent de 30 à 50 ans". Un cas, à l'automne 2017, avait été signalé à la justice par l'évêque. Ce dernier reçoit parfois les victimes, à leur demande. "C'est important pour elles de pouvoir être entendue par l'église" souligne Marie-Noëlle Bouchaert, qui rappelle que les membres de la cellules sont libres de signaler eux mêmes des faits au procureur, y compris si l'évêque ne le souhaite pas.

"Ce sont des sujets dont on parlait encore très peu il y a cinq ans", reconnaît de son côté Monseigneur Boulanger, selon qui l'église évolue sur ces questions, "grâce au pape François, en particulier". "Nous prenons l'engagement qu'un enfant ne soit jamais seul avec un adulte, dans les camps, les pèlerinages..." poursuit l'évêque, qui demande aux prêtres de son diocèse de ne confesser un enfant qu'avec la porte ouverte ou dans une pièce visible. "Dieu est venu parmi nous pour nous montrer que nous ne sommes pas en dehors de la justice des hommes".

Pratique. La cellule est joignable par email à ecoute.victimes14@bayeuxlisieux.catholique.fr ou par téléphone au 07 57 40 65 56