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L'histoire des Juifs cachés au zoo de Varsovie portée à l'écran

Le directeur du zoo de Varsovie et sa femme avaient toujours du cyanure sur eux sous l'occupation nazie: le danger d'être pris était permanent et ils voulaient emporter leur secret avec eux.

L'histoire des Juifs cachés au zoo de Varsovie portée à l'écran
Teresa Zabinaka, fille de Jan et Antonina Zabinski dans la villa de ses parents transformée en musée, le 21 mars 2017 - Janek SKARZYNSKI [AFP]

Pendant la guerre, Jan Zabinski, engagé dans la résistance polonaise, et sa femme Antonina ont caché près de 300 Juifs et résistants sur le terrain du zoo, au nez et à la barbe des nazis qui occupaient la Pologne.

Le scénario de "La femme du gardien de zoo", un film hollywoodien qui sort en salle cette semaine en Pologne avant une distribution internationale, s'appuie sur ces faits réels.

La villa du directeur, dont la cave sans fenêtre était reliée par un tunnel secret au terrain du zoo, a servi de refuge clandestin en majorité à des Juifs échappés du ghetto de Varsovie, de 1940 à 1944, jusqu'à l'insurrection de Varsovie organisée par la résistance polonaise contre les nazis.

Les hôtes y ont transité quelques heures, quelques jours, plusieurs mois, et certains y sont même restés plusieurs années. "Une trentaine de personnes vivait parfois là en même temps", souligne Olga Zbonikowska, employée par la Panda Foundation qui gère la villa aujourd'hui.

Moshe Tirosh avait cinq ans à l'époque. "Je me rappelle comment je restais accroupi sous un banc en béton à la cave et gardais la main sur la bouche de ma soeur pour l'empêcher de pleurer", se souvient cet octogénaire, installé depuis 1957 en Israël.

"Parce qu'elle criait sans arrêt, jour et nuit. Quand quelqu'un claquait une porte au rez-de-chaussée, un frisson de peur me traversait. Et s'ils nous trouvaient?", confie-t-il à l'AFP par téléphone.

Un air d'opérette

Cet ancien homme d'affaires, sept fois grand-père, n'arrive toujours pas à croire ce à quoi il a survécu. "J'ai vu des corps d'enfants dans la rue. Des choses affreuses... Je me rappelle que je me demandais pourquoi tout le monde voulait nous tuer. Je n'arrivais pas à comprendre..."

Les nazis n'ont jamais découvert leur cachette et tous les hôtes clandestins du zoo s'en sont sortis vivants - sauf deux, arrêtés hors du périmètre du zoo.

Le couple Zabinski estimait que la meilleure cachette était un endroit bien en vue, comme le zoo: ils disaient que "c'est sous le lampadaire qu'il fait toujours le plus sombre" (un dicton polonais), raconte leur fille Teresa.

"Mon père a su qu'il ne viendrait jamais à l'idée aux Allemands qu'autant de gens pouvaient se cacher dans un endroit pareil, avec des fenêtres ouvertes et sans rideaux", explique à l'AFP la dame de 73 ans.

Le risque était grand. Aider les Juifs, même en leur offrant un verre d'eau, était puni de mort en Pologne occupée.

Quand les Allemands s'approchaient de la maison, Antonina sonnait l'alarme en jouant au piano un air d'opérette. Ses invités clandestins s'échappaient alors par le tunnel, qui menait sur le terrain du zoo, ou bien s'entassaient à l'étage dans un placard à double fond, par exemple.

Certains se sont cachés dans des enclos d'animaux vides. D'autres ont surtout vécu au sous-sol de la villa.

Ils se cachaient aussi de la bonne, vue comme une informatrice potentielle pour les nazis. Quand un jour celle-ci est tombée sur Antonina en compagnie d'un avocat juif, ce dernier a joué sans ciller un médecin faisant une visite à domicile.

"Le plus difficile, c'était de lui expliquer l'énorme consommation de nourriture", a raconté Antonina dans ses mémoires publiés en 1968 en Pologne.

La famille prétendait avoir un appétit d'ogre. "Je n'arrive pas à croire qu'ils mangent tout cela! Je n'ai jamais vu une chose pareille", murmurait la bonne en recevant une énième commande de plats de résistance...

'Les écureuils'

Cette abondance relative de nourriture a fait le bonheur de la famille Tirosh, après deux années de ghetto marquées par la faim, le typhus et le danger, frôlé de très près, d'être déporté au camp de la mort de Treblinka.

Pour s'enfuir, cette famille a acheté le silence de gardes. Tirosh et sa soeur ont été lancés dans des sacs par-dessus le mur du ghetto, que leurs parents ont escaladé.

A leur arrivée au zoo en pleine nuit, le calme et la sympathie d'Antonina les a rassurés, "elle était extraordinaire", raconte Moshe Tirosh.

Avant que la famille ne parte pour une autre cachette, Antonina a cherché à changer leur apparence en éclaircissant leurs cheveux pour qu'ils "aient l'air moins juifs": "Elle s'est enfermée dans la salle de bains avec nous et a teint nos cheveux. Elle a frotté et frotté et quand nous sommes finalement sortis, son fils Rysiek a crié: +Maman, qu'as-tu fait ?! C'est la couleur des écureuils+"

La famille a alors été appelée "les écureuils". Les autres avaient elles aussi des surnoms d'animaux: l'étourneau, les hamsters, les faisans...

Arche de Noé

C'est ainsi que la villa a été surnommée l'Arche de Noé des temps modernes. Et que les mémoires d'Antonina, réédités ce mois-ci (uniquement en polonais), ont été intitulés "Les gens et les animaux".

L'écrivaine américaine Diane Ackerman y a largement puisé pour écrire son propre livre paru en 2007, "La femme du gardien de zoo", dont s'inspire le film, réalisé par Niki Caro et où jouent l'Américaine Jessica Chastain et l'Allemand Daniel Brühl.

La villa a été transformée en musée, on peut y visiter la cave et le tunnel secret qui a sauvé tant de vies.

L'Institut Yad Vashem de Jérusalem a accordé aux Zabinski le titre de Justes parmi les nations du monde, décerné à ceux qui ont sauvé des Juifs pendant l'Holocauste.

Quant au zoo, il existe toujours. Quelque 5.500 animaux y vivent.

En 1944, Jan a reçu une balle dans le cou lors de l'insurrection de Varsovie puis été emprisonné dans un camp en Allemagne. Sa femme Antonina s'est démenée après la guerre pour réunir des fonds afin de reconstruire le zoo, et beaucoup de Varsoviens ont contribué, financièrement ou physiquement.

Le zoo a rouvert en 1949. Antonina est morte en 1971 et Jan en 1974.

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