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Rouen. Cohabitation intergénérationnelle… Une solution bon marché

Seniors. La vie partagée entre séniors et étudiants a du bon. Pour une cohabitation intergénérationnelle gagnant-gagnant, des solutions sont proposées en Seine-Maritime. Notre dossier.

Rouen. Cohabitation intergénérationnelle… Une solution bon marché
Gabin Maximin envisage déjà une troisième année au domicile de Louise Deschamps. 

C'est une question qui obsède les étudiants à l'approche de la rentrée, comment pouvoir se loger pour pas cher ? Une préoccupation particulièrement d'actualité cette année, alors que le mois d'août a connu un rebond de l'inflation. Dans ces conditions, les étudiants cherchent des solutions à moindre coût. L'une d'elles réside dans la cohabitation intergénérationnelle entre étudiants et séniors. Un concept qui séduit de plus en plus. En Seine-Maritime, l'association Partageons un Havre met en relation ces deux publics et facilite les rencontres. C'est ce qu'il s'est passé pour Gabin Maximin, étudiant en licence de mathématique à Saint-Étienne-du-Rouvray, et Louise Deschamps, retraitée de 95 ans vivant seule à Rouen.

Une passion commune

Les deux viennent de signer pour une nouvelle année ensemble, au domicile de Mme Deschamps, après une première expérience réussie l'an passé. "C'est bête à dire mais lorsqu'on s'est rencontrés, on s'est compris toute suite, explique Louise. Je crois beaucoup aux atomes crochus." Étudiant boursier, Gabin, originaire d'un petit village de l'Eure à plus d'une heure de Rouen, s'était vu refuser son dossier à plusieurs reprises par le Crous. "Finalement, ils m'ont trouvé une chambre à 300 euros sans les charges ni la caution. De l'autre côté, il y avait ce logement avec Louise, une personne très sympathique qui connaît Rouen. Le choix était vite fait", explique l'étudiant, qui débourse seulement 150 euros avec cette cohabitation. Il profite de tout un étage de la maison en contrepartie d'"une attitude solidaire", d'après la convention qu'il a signée avec sa logeuse. Quelques courses, le dîner le soir et des petits services, "on ne fait pas que se cantonner à ce qui est écrit, sinon on ne ferait pas grand-chose", précise Gabin, qui aime partager des moments avec sa bailleuse, tous les deux étant férus de lecture. "Il lui arrive même de m'écrire des poèmes", confie, espiègle, Louise.

"Il fait un peu partie de la famille maintenant"

Pas question en revanche de faire la bringue chez Mme Deschamps, Gabin a dû mettre de côté la vie festive étudiante, une contrainte qui n'en est pas forcément une pour l'étudiant normand. "Je suis quelqu'un d'assez casanier, qui ne fait pas tant la fête, cela ne me dérange pas." Si lui se sent décloisonné avec cette cohabitation en maison et jardin, pour Louise, "cela fait un peu de jeunesse dans la maison" et de la présence, elle qui a du mal à se déplacer aujourd'hui. Pour autant, le jeune Gabin ne se substitue pas aux aides à domicile que Mme Deschamps continue d'employer. Cela ne l'empêche pas de donner quelques coups de main de temps en temps, "une histoire de bon sens", explique-t-il.

"Il fait un peu partie de la famille maintenant", sourit Louise. "C'est un peu comme ma grand-mère de cœur", répond l'étudiant. Le courant passe bien. Si bien que les deux amis envisagent déjà une troisième année ensemble, voire plus. "Tant que c'est arrangeant pour nous deux, je n'y vois pas d'inconvénients", déclare Gabin.

Un concept bien encadré

Rouen. Un concept bien encadré
La cohabitation intergénérationnelle permet de lutter contre l'isolement des séniors.

Le principe de cohabitation intergénérationnelle solidaire est défini de manière très précise par la loi, bien qu'elle soit encadrée juridiquement depuis peu de temps.

Historique

Né en Espagne, le principe de cohabitation intergénérationnelle solidaire est arrivé en France après la canicule en 2003. Mais si elle existe depuis longtemps, elle n'est encadrée juridiquement que depuis novembre 2018, date de l'adoption de la loi Elan.

Ce que dit la loi

Selon les textes, elle permet ainsi "à des personnes de soixante ans et plus de louer ou de sous-louer à des personnes de moins de trente ans une partie du logement dont elles sont propriétaires ou locataires dans le respect des conditions fixées par le contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire", et moyennant une contrepartie financière modeste par le jeune au sénior.

L'aspect solidaire

Au-delà des termes de location ou de sous-location, il s'agit surtout de faire "cohabiter" les deux publics, c'est-à-dire qu'il ne suffit pas de mettre un logement à disposition mais bien de partager un habitat de manière solidaire.

La contrepartie

Cet engagement concerne surtout le jeune qui est incité à réaliser des "menus services" ou du moins d'avoir une attitude solidaire. Dans la majorité des situations, cela correspond à des temps de présence bienveillante ou de partage de repas de manière occasionnelle. Ces services sont réalisés "sans but lucratif pour aucune des parties", d'après Cohabilis, le spécialiste de la cohabitation intergénérationnelle en France.

"J'ai l'impression d'être plus mature auprès d'eux"

Rouen. "J'ai l'impression d'être plus mature auprès d'eux"
Léa Bihour, étudiante de 22 ans, a signé pour une année dans la résidence sénior les Mosaïques à Rouen.

À Rouen, la résidence Domitys renouvelle son dispositif "Génération Part'Âges", permettant d'accueillir gracieusement des étudiants en échange de plusieurs heures d'animation.

Pour son premier appartement, Léa Bihour, étudiante de 22 ans à Rouen, a choisi une tout autre option. Déjà habituée à côtoyer des personnes âgées à la suite d'une première expérience en Ehpad, la jeune étudiante a trouvé, cette année, un logement dans une résidence pour séniors à Rouen géré par Domitys, spécialiste de l'hébergement adaptés aux personnes âgées autonomes. Un appartement entièrement gratuit mis à disposition du groupe. C'est ce qu'on appelle la "Génération Part'Âges" à Domitys, un dispositif proposé dans toutes les résidences du groupe en France et, depuis maintenant deux ans, à Rouen pour les 138 résidents des "Mosaïques".

Quinze heures d'animation par semaine

Le logement, d'une trentaine de mètres carrés, n'est pas tout à fait gratuit : pour s'acquitter du loyer, la jeune femme doit donner 15 heures de son temps et proposer des animations aux résidents, à raison de 60 heures par mois en moyenne, ainsi qu'une présence au moins un week-end par mois. "C'est l'une de mes années les plus compliquées… Moi, je travaillais l'année dernière et ce n'est pas facile de jongler entre les deux", précise Léa Bihour. Alors, les quinze heures hebdomadaires ne lui font pas peur. "C'est jouable, déjà parce que je ne travaille pas le jeudi et il y a aussi les week-ends." C'est la seule obligation ici à Domitys. "C'est comme chez moi, mais mon loyer se paye par du travail", résume la jeune femme, qui peut disposer de son appartement comme elle le souhaite. "Ils sont chez eux comme les résidents, ils sont libres d'amener du monde sans problème", précise la directrice Linda Kayassi.

Pour Léa, il ne s'agit pas de suppléer les animateurs des maisons de retraite. Ces derniers ont toujours leur place au sein de la résidence. Les étudiants sont plus des "assistants d'animation". Les fêtes et les sorties avec les amis, Léa en profitera après son diplôme. "Il y a des priorités malheureusement, ça va être les études et pas les sorties, affirme la jeune femme qui aime ce rapport avec les personnes âgées. J'ai l'impression d'être plus mature auprès d'eux… J'adore ce contact intergénérationnel, c'est hyperstimulant."

"L'âge n'est pas un problème"

Jeux de société, origami, pliage, mosaïques, tricot, etc. Ici, les animations sont quotidiennes entre jeunes et personnes âgées. "C'est très agréable, cela permet d'ouvrir les horizons", constate Brigitte Lesselier, une des résidentes. "C'est très plaisant, ils ont un abord facile et l'âge n'est pas un problème", explique de son côté Danielle Rouaud, une autre résidente. Le programme hebdomadaire se construit avec le Kiosque animation chaque semaine, où résidents et animateurs réfléchissent aux activités qu'ils souhaitent mettre en place. "C'est de la joie, ce sont des sourires", s'exclament les deux dames. Brigitte se souvient d'ailleurs d'une journée à la plage avec les étudiants. "Nous étions partis à Dieppe avec le pique-nique sur le bord de mer, tout le monde était très content."

Des associations investies dans le logement intergénérationnel

Le Havre. Des associations investies dans le logement intergénérationnel
Partageons un Havre propose de mettre en contact des séniors et des étudiants via des conventions d'hébergement.

À Rouen et plus globalement en Seine-Maritime, deux associations se chargent de faire cohabiter séniors et étudiants.

Le concept de cohabitation intergénérationnelle n'est pas nouveau ici, en Seine-Maritime. Depuis 12 ans, l'association Partageons un Havre s'occupe de mettre en contact séniors et étudiants via des conventions d'hébergement gérées par sa fédération nationale Cohabilis. Depuis sa création, l'association a ainsi accompagné 200 personnes avec une moyenne de 30 % d'activité sur Rouen, la majorité de ses "contrats" étant signés dans le secteur du Havre.

Des loyers réduits

Chaque situation est particulière, mais les "loyers" ou plutôt les "participations aux charges", c'est-à-dire Internet, eau et électricité, varient entre 50 et 300 euros pour les étudiants. Parmi les autres acteurs de la cohabitation intergénérationnelle, on retrouve l'Udaf 76, l'Union départementale des associations familiales de Seine-Maritime.

L'association s'est intéressée au logement intergénérationnel pendant la pandémie de Covid-19. Plus jeune que son homologue havraise, l'Udaf 76 a réussi à former cinq binômes depuis le lancement du dispositif en 2020. Là encore, l'association met en place une charte et un contrat entre le sénior logeur et l'étudiant logé. Le montant des charges oscille entre 60 et 120 euros. Que ce soit pour l'Udaf ou Partageons un Havre, les contrats n'impliquent jamais d'aide à domicile pour les étudiants.

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