Accueilli par Alexis Pitzalis, le gérant de la salle, je me retrouve au milieu des 500 m2 de hangar qui servent de champ de bataille à EVA, pour Esports virtual arenas. D'énormes QR Code tapissent le sol et les murs de la pièce afin de matérialiser le décor virtuel et de géolocaliser les joueurs à l'aide de caméras fixées sur le casque de réalité virtuelle. Normalement, l'expérience se vit à plusieurs mais, pour l'occasion, j'ai eu l'opportunité de me lancer en solo. De quoi profiter d'un cours particulier avec Alexis Pitzalis.
Une fois le casque enfilé sur la tête et l'ordinateur embarqué sur le dos, on entre dans une autre dimension. Le pull qui recouvre mes bras s'est transformé en armure ultramoderne digne d'un costume d'Iron Man. Un coup d'œil sur mon bras gauche et je peux voir mon niveau de santé dans le jeu et le temps qu'il me reste. Mon fusil d'assaut que je croyais en plastique est devenu une arme super sophistiquée qui affiche le nombre de munitions. Me voici donc transformé en soldat du futur, prêt à conquérir des planètes. Après une petite balade dans la jungle de la planète Silva, nous partons ensuite dans le monde des zombies.
Une dizaine d'univers à découvrir
Nous voilà plongés dans le noir, face à des hordes de morts-vivants qui se ruent sur nous comme la misère sur le monde. "Il y a déjà eu quelques pleurs", sourit le gérant qui m'accompagne dans cette chasse infernale. Je termine par une exploration, plus paisible, dans le monde de la neige qui rappelle étrangement le début de Star Wars, l'Empire contre Attaque. L'expérience globale est très concluante et s'achève sans mal de mer ni migraine, moi qui suis pourtant sujet aux vertiges. Et l'envie d'y revenir, pour une "vraie partie" multijoueur est bien présente.
Alexis Pitzalis et son père Valery, qui gère l'enseigne à ses côtés, ont eu le coup de cœur pour EVA après leur découverte de la franchise en 2019 sur une vidéo de la Paris Games Week. "C'est des gars de Paris, ce sont les seuls qui savent faire ça", confirme le gérant qui a gardé son appétence pour les jeux vidéo. "Mon papa aussi, puisque même à 60 ans, il continue de faire des soirées jeux vidéo avec ses copains." EVA compte dix univers à découvrir. "Tous les six mois, on a des nouveautés conséquentes." Très prisée également par les entreprises qui cherchent à renforcer la communication entre leurs équipes, l'expérience de réalité virtuelle semble trouver son public à Mont-Saint-Aignan. "On a une trentaine d'abonnés et de plus en plus de gens qui viennent régulièrement."
Différentes expériences de VR sont proposées à Rouen.
Compétitives, ludiques ou pédagogiques, les expériences de réalité virtuelle sont variées à Rouen.
À Rouen, la réalité virtuelle se décline de différentes manières, entre escape game, jeu d'arcade ou simple balade contemplative.
Quelques adresses sont devenues des incontournables de la discipline. Parmi les initiés, le bar Les Explorateurs, sur le quai du Havre à Rouen, spécialisé dans la réalité virtuelle (VR) depuis son ouverture en décembre 2018. "On a commencé par un ou deux scénarios d'escape game et beaucoup de jeux d'arcade en réalité virtuelle", explique Florent Delannoy.
En sortie de Covid, l'établissement a changé légèrement sa formule en accentuant le côté débit de boissons tout en renforçant son offre d'escape game, avec désormais 18 scénarios d'une durée moyenne d'une heure. Certains sont inspirés de grandes licences de jeux vidéo, tels que Prince of Persia ou Assassin's Creed. Des jeux développés par l'éditeur français Ubisoft, mondialement connus, et redéployés spécialement pour la réalité virtuelle. L'éditeur français a également développé des scénarios basés sur des faits réels. "Leur dernier, Notre-Dame brûle, propose d'incarner des pompiers afin de récupérer une relique et éteindre les flammes dans le clocher de Notre-Dame." Le petit bar rouennais travaille aussi avec un studio ukrainien Arvi VR qui propose d'autres classiques de la pop culture, Alice aux Pays des Merveilles ou Cyberpunk pour ne citer qu'eux. "Avec la VR, on n'est plus sur de simples jeux d'arcades, il y a de plus en plus de jeux avec de vrais scénarios hyper bien construits", constate le gérant des Explorateurs.
Un escape game sélectionné
au festival de Venise
Parmi les scénarios les plus léchés, on retrouve notamment "Éclipse", proposé par la société LU6D, anciennement Brainscape, située rue Alsace-Lorraine à Rouen, pionnière de l'escape game en Normandie. Le jeu, toujours en réalité virtuelle, a même été présenté en compétition officielle du festival international du film de Venise en 2018 et a reçu de nombreux prix lors d'autres évènements pour la beauté de ses images et de son écriture. "C'est une très belle expérience en VR avec des énigmes façon escape game dans un univers futuriste", explique Martin Fondard, co-gérant de l'établissement qui planche désormais sur un nouveau scénario du même éditeur BackLight intitulé "Ascenders".
"On sera sur quelque chose de très fantastique, limite onirique", promet Martin Fondard sans vouloir en dire plus. LU6D utilise peu ou prou la même technologie que Eva (lire par ailleurs), à savoir les casques HTC Vive Pro et l'ordinateur embarqué sur le dos afin de se mouvoir dans une petite pièce de 15 m2. "On a aussi des capteurs au niveau des chevilles pour reproduire le plus fidèlement les mouvements du corps", poursuit Martin Fondard. L'établissement propose par ailleurs cinq autres scénarios d'escape game avec des figures locales telles que Jeanne d'Arc ou Arsène Lupin.
Unique en son genre, Eva a créé son propre circuit compétitif entre toutes les salles franchisées en France.
EVA va bien au-delà du simple loisir, la franchise a monté sa propre ligue compétitive entre les huit salles ouvertes en France qui s'affrontent lors d'un premier tour de compétition afin d'envoyer en finale leur meilleure équipe.
Bien sûr, Rouen a ses représentants, parmi lesquels l'Esport Club de Rouen de Caudebec-lès-Elbeuf, mais aussi des joueurs du Havre et de Vernon.
17 000 de cashprize
Une cagnotte de 17 000 € est à remporter à l'occasion de la grande finale organisée en région parisienne à la fin de l'année. Tout se fait à distance, entre les salles, lors de matchs diffusés et commentés sur Internet.
Un prochain match transatlantique
"La Ligue a été créée comme ça, on peut avoir du Paris contre Marseille par exemple", explique Alexis Pitzalis. Une salle vient d'ailleurs d'ouvrir aux États-Unis : "Le match transatlantique, c'est le prochain événement Eva qui fera bouger les choses", espère le gérant. À Rouen, l'objectif est de faire une compétition par an, "cela permet de nouer des liens avec la communauté et de voir du beau jeu".
Alexis Pitzalis, lui, a renoncé à l'esport. "Je suis trop vieux… À haut niveau, il y a une vraie dimension sportive."
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