"Le but de notre dispositif culturel est de créer des actions à connotations culturelles envers un public intergénérationnel", dresse Raouf Brahmia, à la tête du Carré Bleu depuis 2013. Ce Franco-Algérien arrivé en France il y a 30 ans est un artiste aux casquettes multiples. Mais pas question de s'enfermer dans une caste avec les gens de son monde, au contraire, il veut diffuser et partager la culture partout. Surtout là où elle se heurte à des difficultés, comme à Hérouville-Saint-Clair.
Raouf Brahmia est à la tête du Carré Bleu depuis 2013.
Film et pièce de théâtre
Chaque année, un projet phare vient ponctuer la saison de cette "troupe", composée de plusieurs dizaines d'adhérents. En décembre dernier, un film semi-professionnel, réalisé par Raouf Brahmia, sortait sur grand écran. "La chèvre des Belles Portes", réunissait plusieurs Hérouvillais amateurs, jeunes comme retraités, décidés à devenir comédien, costumier ou à apprendre la prise de son. "Cette année, pour nos dix ans, nous allons créer une pièce de théâtre en trois actes, qui s'appellera Le musée imaginaire", lâche l'artiste. Son dévouement a suscité des vocations depuis tout ce temps. Certains ont maintenant rejoint les Cours Florent, un autre est devenu acteur au Puy du Fou, d'autres intègrent des écoles pour devenir réalisateurs. "C'est bien plus qu'une fierté, pour lui. La culture permet l'insertion, et notre majorité silencieuse montre une belle image de la ville." Et si Raouf Brahmia transforme certains habitants en acteurs en herbe, il essaye aussi de leur inculquer cette passion pour l'art. "Les gens voient la culture comme un monde fermé, réservé aux riches. N'importe qui a le droit d'aller à l'opéra !", assure-t-il. Il emmène régulièrement ses adhérents dans des lieux de culture et pas seulement en Normandie. Il se souvient par exemple d'un voyage en Tunisie, pour profiter du patrimoine international présent à Carthage.
Pour renforcer encore plus les liens sociaux entre les habitants d'une ville multiculturelle, Raouf Brahmia a inventé le "projet Babel". Une règle d'or : "Tu fais quelque chose en lien avec ta langue et la culture." Exemple avec Mahboub, un afghan. "Il a écrit une chanson dans sa langue, nous l'avons apprise, puis nous avons participé à une soirée culinaire pour découvrir les plats traditionnels", se souvient le chef de projet. Le Carré Bleu est un projet d'envergure qui rend presque Raouf Brahmia prisonnier de sa propre passion. "C'est comme une deuxième famille pour moi. Chaque année je veux arrêter pour retourner à mes activités artistiques libérales, mais je replonge toujours."
Pour renforcer encore plus les liens sociaux entre les habitants d'une ville multiculturelle, Raouf Brahmia a inventé le "projet Babel"
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