C'est une habitude prise au restaurant La table des matières, à Caen. Celle de servir ses clientes et clients, une fois par mois, de septembre à mars, dans le noir. Le chef Benoît Guillaumin précise l'intérêt d'une telle expérience.
En quoi consiste cette soirée
dans l'obscurité ?
Les clients viennent manger au restaurant en sachant qu'ils sont dans le noir. On leur propose de mettre un bandeau sur les yeux en plus. Ça permet d'être plongé dans l'obscurité. Dans la salle, il n'y a pas une seule lumière, mis à part un petit faisceau venant de la cuisine et celle des sorties de secours.
Et comment ça se passe côté service ?
En cuisine, on a une petite lumière mais dans la salle, non. On s'habitue à l'obscurité. On est un peu comme des chats. Je vais souvent servir et c'est assez rigolo. Lors de cette soirée, on fait plus attention aux clients, le service est plus calme, posé. Le client n'est pas forcément dans son assiette (rires), alors on prend soin de lui pour qu'il se sente bien.
Combien de menus proposez-vous ?
On propose un menu unique. Avant, bien sûr, on demande aux personnes si elles ont des intolérances. Pour les préparer, je fais comme d'habitude, je pars souvent d'une épice, d'un produit. Je fais attention à ce que ce soit facile à manger. D'ailleurs, il y a pas mal de goûts, grâce notamment aux légumes, et c'est à eux de trouver ce qu'ils mangent. À la fin, on leur donne un petit questionnaire pour savoir ce qu'ils ont retenu, compris. On prend des photos des menus avant de les servir et on les poste sur les réseaux sociaux le mardi d'après, pour que les clients puissent voir ce qu'ils ont mangé.
Quels sont les retours d'expérience ?
Les clients nous disent que ça a été une expérience plutôt amusante, qu'ils ne pensaient pas être autant désappointés que ça. C'est vrai que c'est impressionnant car, quand on ne voit pas ce qu'on mange, on se sent démunis. En tant que cuisinier, on se rend compte que la vue peut troubler les goûts. Par exemple, il y a des tomates qui n'ont pas de goût et, quand on la voit, on a le goût en tête. Là, non. Ce qui est bien avec cette expérience, c'est que les personnes se concentrent pour reconnaître le produit. Parfois ils reconnaissent, parfois non. Par exemple, la betterave est facilement reconnaissable. Mais il y a des gens qui n'aiment pas le chou ou le céleri et, quand ils en mangent dans le noir, ils apprécient. C'est aussi parce qu'on les travaille, avec des épices par exemple, ça passe mieux. Dans le noir, on réconcilie les clients avec certains produits (rires).
Pratique. Soirée "Un dîner dans l'obscurité", vendredi 24 février, à 19 heures, au restaurant La table des matières, à Caen. Dernière date de la saison : samedi 25 mars, à 19 heures. Tarif : de 26 à 40 €/personne selon le menu. Vins : de 10 à 14 €/personne. Sur réservation : 02 31 99 76 25. Le restaurant peut accueillir 70 couverts.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.