Le bruit est ce qui marque le plus, lorsque l'on pousse les portes de l'unité de réanimation Covid temporaire du CHU de Rouen. Celui des bips des moniteurs, que seul le personnel sait interpréter, ceux des crissements des chaussures dans les couloirs, mais aussi les rires et la vie dans les éclats de voix des soignants. Depuis sa réouverture le vendredi 12 mars, l'unité a cohabité avec le service qui l'accueillait avant de le chasser dans une autre partie de l'hôpital. Ainsi, les neuf lits ouverts au départ sont devenus 12 le lundi 22 mars. "Dans de bonnes conditions de travail, aux niveaux humain et matériel, nous pourrons aller jusqu'à 19 lits", prévoit le docteur Philippe Gouin, médecin anesthésiste et réanimateur qui chapeaute cette unité.
Des soignants toujours combatifs
Dans chaque chambre, on lutte contre la détresse respiratoire. Sur les huit personnes prises en charge le vendredi 19 mars, quatre étaient intubées. Pour les autres, les regards sont en permanence tournés vers la saturation en oxygène, dans l'espoir de ne pas passer au stade supérieur. Ici, contrairement aux unités montées dans l'urgence de la première vague, elles disposent chacun de leur propre chambre. "C'est plus confortable pour le patient, pour nous pour travailler, et en plus, ça assure une forme de respect de l'intimité", apprécie Philippe Gouin. Mais ce qui pourrait apparaître comme un détail change la donne, selon lui : "Il y a de grandes fenêtres, qui permettent de faire rentrer de la lumière et aussi de voir à l'extérieur."
Le docteur Philippe Gouin a travaillé pour que la logistique réponde au mieux aux besoins de cette unité temporaire.
Au bout du couloir, une famille attend à l'extérieur de la chambre pendant qu'un soignant prodigue des soins. À chaque fois, le processus est le même avant de passer le pas de la porte : désinfection des mains, enfilage de la blouse, réajustement de la charlotte… Depuis plusieurs mois, c'est devenu un rituel pour Antoine Ternisien. Infirmier dans un autre service, il se porte volontaire pour apporter son aide à la "réa Covid" depuis la deuxième vague. "Ça me permet de voir quelque chose de différent et de participer au combat, justifie le jeune homme. Et puis, il y a une bonne ambiance dans l'équipe, on se sert les coudes."
Dans les couloirs, les courbes des moniteurs et les alarmes sonores permettent une surveillance constante des patients.
S'il assure qu'il restera fidèle au poste jusqu'à la fin de l'épidémie, il reconnaît quelques "coups de moins bien" par moments. "Le plus difficile, ce sont les échanges avec les familles quand la situation se complique", confie-t-il. À l'image d'Antoine, le docteur Gouin assure que toute l'équipe reste aussi combative, malgré une crise qui dure dans le temps. "Par contre, c'est vrai que c'est plus compliqué de trouver de nouveaux volontaires", admet-il.
Dans son unité, il faudra pourtant continuer à se battre. Au moins jusqu'à ce que le reconfinement et la vaccination viennent soulager la pression.
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