35 m de hauteur et de discorde. 34 m de diamètre et de débats. Une couleur bleue qui n'a cessé d'alimenter les discussions. En sept ans d'occupation des quais de Rouen, le grand cylindre azur du Panorama XXL n'est jamais parvenu à faire l'unanimité. Dès sa construction, le lieu qui accueille les toiles géantes de l'artiste Yadegar Asisi a mobilisé de nombreux opposants, qui n'ont pas adhéré à la théorie de l'offre culturelle "unique en France d'immersion à 360°", comme le vendait l'ancien président de la Métropole, Frédéric Sanchez, principal architecte d'un projet initié et voulu par Laurent Fabius.
Avant même de penser au fond, c'est la forme qui a divisé les Rouennais. Quand Frédéric Sanchez voyait dans cette architecture "un signal, un repère et une accroche visuelle", d'autres n'y ont vu qu'un "pot de yaourt" ou un "bidon bleu". "Déjà, l'emplacement pose problème car il casse la perspective sur l'avenue Flaubert, estime Jonas Haddad, le responsable des Républicains en Seine-Maritime. Mais en plus, il n'y a pas de parcours cohérent car il est éloigné du centre-ville et des autres musées."
Le coût de l'opération remis en cause
Maintenant que la déconstruction du site est actée et qu'un éventuel déplacement sur la rive gauche a été définitivement écarté, c'est le bilan financier de l'expérience Panorama XXL qui fait grincer quelques mâchoires. "Cette fermeture, ce n'est pas une bonne nouvelle en soi car c'est juste la preuve d'un vrai gaspillage d'argent public", regrette la conseillère municipale d'opposition, Marine Caron. Une vision que Laurence Renou, vice-présidente de la Métropole en charge de la culture, préfère nuancer : "Une offre culturelle, ça coûte toujours de l'argent. Ce n'est pas fait pour être financièrement rentable. Ça rapporte autrement, notamment pour la découverte et l'instruction."
Dans le détail, la Métropole avance une ardoise qui comptabilise 3,5 millions d'euros pour la construction du bâtiment, 2 millions d'euros pour l'achat de quatre toiles de Yadegar Asisi déjà existantes et 2,3 millions de plus pour la réalisation des deux créations originales, Rouen 1431 et La cathédrale de Monet. Pour les opposants, il faut rajouter à cela un budget de communication annuel de 100 000 € ou encore des droits d'exploitation des œuvres pour un montant de 200 000 € par an. Avec divers autres coûts, la facture totale avoisine les 10 millions d'euros.
Face à ce chiffre, les avis divergent forcément. Pour Jonas Haddad, "le coût est exorbitant pour des toiles que l'on ne peut même pas réutiliser souvent. En plus, ça ne tient pas compte des frais de démontage !" Cette opération, prévue d'ici la fin de l'année, devrait coûter 180 000 €, mais la Métropole espère la rabaisser à 120 000 € grâce à la réutilisation d'une bonne partie des matériaux. Pour voir le verre à moitié plein sur cette question financière, Laurence Renou préfère noter que le Panorama s'est "auto-financé à hauteur de 70 % grâce à la billetterie". Un bon score, selon elle, pour un équipement culturel. D'autant plus quand il est aussi clivant.
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