"Dès demain midi et pour 15 jours au moins, nos déplacements seront très fortement réduits." Les mots sont signés Emmanuel Macron qui, le 16 mars 2020 à 20 heures, annonçait sans encore l'appeler comme ça le premier confinement lié à l'épidémie de Covid-19. Personne ne se doutait à l'époque qu'un an plus tard, les restrictions liées au virus continueraient à rythmer notre quotidien. Mais déjà, certains saisissaient l'importance de cette mesure. Les archives départementales de Seine-Maritime lançaient dès le 5 avril une collecte d'un nouveau genre pour documenter la période. "L'initiative venait des archives départementales des Vosges, avec le #Mémoiredeconfinements. On s'est rattachés à ce mouvement", détaille Isabelle Villeroy, responsable des archives privées. L'appel était lancé : photos, dessins, témoignages, correspondances… Les Seinomarins étaient sollicités pour conserver une trace de la période. "La démarche était inédite car on s'est retrouvés acteurs, à solliciter des documents, alors que d'habitude, c'est nous qui les récoltons", explique Virginie Jourdain, responsable de la médiation culturelle. Un an plus tard, plus de 200 documents de 65 contributeurs ont été reçus au format numérique.
Des contributions artistiques
Des contributions très riches qui ont surpris les professionnels par leur caractère souvent artistique et teinté d'espoir, représentatif d'un premier confinement où l'on espérait que la situation ne durerait pas : dessins d'enfants, photographies, collages, patchworks, lithographies, street art, font partie de la collecte. Et aussi de nombreux poèmes, parfois inspirés, comme celui de Maria Eugénia Araujo Jarmela, intitulé L'inconnu de Chine.
Tu injectes ton venin dans nos veines,
Tu nous infectes sans la moindre gêne.
Tu vises, tu tires et tu nous touches.
Tu vides en nous, toutes tes cartouches.
D'autres témoignages sont plus terre à terre, comme cette lettre d'enfant à son "papounet". "J'aime bien le changement mais là il faut pas abuser non plus : cours une semaine sur deux […], ne plus allez chez mamie dormir ni mangez [sic], […] Alors du coup moi en ce moment, je ne suis pas très bien…", écrit-elle avant de terminer par ce délicieux post-scriptum : "On se voit ce soir pour manger les lasagnes divines de maman !"
Isabelle Villeroy travaille désormais à un système d'indexation de ces précieuses archives. "Plus tard, dans X années, cela servira à des chercheurs ou à des étudiants qui voudront travailler sur cette période." Et il est encore possible de contribuer pour compléter l'ensemble. "Ce qui nous manque, c'est le témoignage des gens en première ligne : soignants, caissiers, éboueurs… On prend toujours", conclut Virginie Jourdain.
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