"Je n'ai pas de bonnes nouvelles à vous apporter. La situation se tend", a lancé d'emblée le professeur François Caron, chef du service maladies infectieuses au CHU de Rouen, devant la presse, lundi 12 octobre. Le nombre d'hospitalisations liées à l'épidémie atteint un niveau qui n'a plus été vu depuis le printemps et la première vague. Étant donné le taux d'incidence supérieur à 200 personnes atteintes pour 100 000 habitants dans l'agglomération de Rouen, les patients sont cette fois bien des locaux et non plus des patients venant de région parisienne. "Les personnes positives sont des sujets assez jeunes, de 15 à 45 ans, qui partagent des repas et disséminent le virus à d'autres qui peuvent être fragiles."
Augmentation de la capacité d'accueil
Face à ce "marathon" qui se profile, le CHU a quelques avantages. Celui d'être prêt, avec des réserves en matériel, en médicaments et en équipements de protection suffisantes. Seulement, pas question cette fois de se concentrer uniquement sur la Covid-19. Il faut mener de front la bataille contre l'épidémie en continuant les autres opérations courantes. D'où une montée en puissance progressive des moyens alloués, avec, pour l'heure, deux unités Covid en médecine et très bientôt une unité de réanimation éphémère. Avec quatre salles opératoires fermées, des déprogrammations ont tout de même déjà été prévues et devraient s'accélérer. Reste le problème du personnel, qui commence à manquer et qui est crucial en réanimation. "C'est le point critique, estime le professeur Bertrand Dureuil, chef du pôle réanimation. Les personnels sont fatigués, le marché du travail n'est pas important. C'est un vrai enjeu."
Le CHU recrute d'ailleurs et le dit haut et fort. "Nous avons besoin d'infirmiers et d'aides-soignants dans les différents services du CHU, pas forcément des personnels formés à la réanimation. On accueillera ces personnels les bras ouverts pour aider les équipes à tenir dans la durée", détaille Guillaume Laurent, le directeur général adjoint du CHU.
Seul horizon face à la situation, le vaccin. Il n'est pas annoncé, au mieux, avant le premier semestre 2021.
La situation en chiffres
Lundi 12 octobre, 99 patients atteints de la Covid-19 étaient hospitalisés au CHU de Rouen. Parmi eux, 19 se trouvaient en réanimation. Face à la situation, deux unités de médecine ont été "activées" spécialement pour l'accueil de patients Covid pour un total de 40 lits. En réanimation, la capacité normale du CHU de Rouen est de 60 lits, dont 20 restent consacrés aux urgences de tous ordres, notamment pour les accidents de la route.
De nouveaux lits en réanimation
Six nouveaux lits de réanimation ont d'ores et déjà été armés. 20 de plus doivent l'être d'ici la fin du mois d'octobre. Ces 26 lits supplémentaires nécessitent 110 temps plein supplémentaires, formés aux techniques complexes de la réanimation.
Au total, le CHU de Rouen estime qu'il pourra monter à 120 lits de réanimation, en fonction de l'évolution de la situation, à une échéance qui n'est donc pas encore fixée. Il s'agirait donc de 60 lits supplémentaires par rapport à la normale, ce qui nécessite 170 temps plein de plus pour la réanimation au sein de l'hôpital.
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