Le docteur Aymar Lecoeur est médecin biologiste au laboratoire des Carmes, à Caen.
Les autorités ont mis en place une priorisation pour les tests de la Covid-19. Qu'est-ce que cela change ?
"L'objectif est de retrouver des délais de rendu de résultats de 24 heures. Pour cela, nous devions limiter le nombre de tests car, début septembre, il a explosé, avec des personnes qui voulaient juste savoir, qui revenaient de voyage, etc. Or nous sommes dans une phase de l'épidémie où l'accroissement de la positivité est important. Il faut donc tester en priorité les patients symptomatiques et les cas contacts des gens positifs. Il y a aussi les gens qui doivent se faire opérer, bénéficier d'une chimiothérapie ou d'une hospitalisation de jour. Ils doivent présenter un test négatif dans les 72 heures."
Vous faites face à d'autres problèmes ?
"Les capacités des laboratoires ne sont pas multipliables à la même vitesse que le virus se multiplie. Effectuer une analyse plusieurs millions de fois par jour dans le monde, c'est inédit dans l'histoire de l'humanité. Cela pose des problèmes d'approvisionnement de réactifs. Chez Biocarmes, nous sommes par exemple en mesure de réaliser de façon automatisée 900 tests par jour et 500 avec la technique manuelle, soit 1 500 tests journaliers. Mais nous n'atteignons pas ce chiffre car nos fournisseurs ne nous livrent pas autant de réactifs."
Vous allez recevoir une machine prochainement…
"En octobre, nous devrions recevoir un second automate pour doubler notre capacité, mais je pense que ce sera largement insuffisant par rapport aux besoins de tests que l'on va rencontrer dans les mois de novembre ou décembre. Il manque une coordination à l'échelle nationale et régionale en termes d'approvisionnement. Il devrait y avoir plus de coopération entre les établissements publics et privés pour mettre en synergie nos moyens communs."
Avez-vous le personnel suffisant ?
"Nous recherchons des infirmières, des techniciens, des coursiers et des secrétaires. C'est critique. On a fait appel à des étudiants, notamment en médecine. Sans eux, ce serait impossible. Dans notre groupement, on traite habituellement 2 500 à 2 800 patients par jour. Actuellement, c'est près du double."
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