À la suite d'une résidence de deux mois et demi, durant l'été 2018, au Labo rue d'Amiens à Rouen (Seine-Maritime), Thierry Dalat expose une trentaine de ses œuvres récentes à l'espace de la Calende. Après avoir exposé de nombreuses années chez Daniel Duchoze, le peintre choisit de présenter son travail pour la première fois à la galerie de la Calende après six ans d'absence à Rouen.
Une cuisine alchimique
Sur papier marouflé ou sur panneau de bois, Thierry Dalat utilise une technique qui lui est propre à base d'acrylique ou de peinture à l'huile, de fusain, de colle peau de lapin et de sucre ou d'acide chlorhydrique. En combinant ces médiums et en travaillant par couches successives qu'il ponce ensuite, il parvient à obtenir des effets de lumière surprenants ; des paysages nébuleux, routes départementales ou plages du sud vides de toute présence humaine et des portraits paisibles et méditatifs.
"Ces derniers temps, j'ai d'avantage travaillé les portraits, précise-t-il. Je me suis essayé à des techniques nouvelles qui ont finalement nourri mes paysages marins. J'ai choisi de faire des fonds en peinture à l'huile argentée pour mieux capter la lumière."
Un enfant du pays
Né en Normandie, Thierry Dalat passe son enfance et sa jeunesse entre Le Havre et Rouen où il étudie à l'école des Beaux-arts avant de travailler quelques années à l'Opéra de Rouen à la création des décors. C'est ensuite à l'Opéra de Tours qu'il poursuit cette activité qui viendra enrichir sa propre pratique artistique : il apprend ainsi à privilégier les effets aux détails. Pour sa peinture, il voyage à Paris, à Tours, dans le sud de la France et en Champagne.
"C'est ailleurs que je comprenais le lien qui m'unissait avec le paysage normand, explique le peintre, quand je retrouvais ces effets atmosphériques comme la brume et les effets de flou. Je me suis alors rendu compte de cet attachement et de cette imprégnation." Depuis quelques années, Thierry Dalat s'est installé dans le Sud à proximité de Toulouse mais souhaite aujourd'hui partager son temps entre Toulouse et Rouen. "Pendant l'exposition, je prévois de créer cinq ou six toiles et pour cela je retournerai observer longuement la côte normande."
Une présence rémanente
Thierry Dalat a l'habitude de s'imprégner de ses sujets en les photographiant : une vaste base de données qui lui sert ensuite à travailler ses peintures. Dans cette exposition, le spectateur pourra découvrir les premières marines de Thierry Dalat : "C'est un sujet difficile auquel je n'avais pas encore osé m'atteler, et ce sont les plages du Sud qui m'ont inspiré". La figure humaine est systématiquement exclue de ces paysages marins ou routes campagnardes : "Ils nous donnent à voir un monde marqué par la présence de l'homme : poteau télégraphique, bitume, panneaux indicatifs mais la présence de l'homme y est inscrite en creux".
Dans les portraits travaillés avec un point de vue cinématographique (l'artiste cite d'ailleurs volontiers Wim Wenders et David Lynch pour le choix des cadrages serrés et des formats 16/9e), Thierry joue cependant sur le même registre : ses modèles méditatifs sont-ils vraiment présents ? "Le portrait est le fruit d'une rencontre entre le peintre et son modèle, souligne le peintre, le modèle de livre partiellement, c'est une sorte de projection et une incursion dans l'intime." Ces portraits jouent sur la dichotomie absence/présence ! Pour preuve ce portrait à la peau marbrée sur fond obscur que le peintre associe à une gisante dont la présence est quasi fantomatique.
Pratique. Jusqu'au samedi 3 novembre 2018 à l'espace de la Calende à Rouen. Entrée libre. espace-calende.fr
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